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Niger-Mali : Une rébellion, deux approches

Publié le mardi 28 août 2007 à 07h05min

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La cause des rebelles touareg nigériens est similaire à celle des touareg du nord du Mali : ils réclament tous une juste et équitable répartition des retombées des énormes ressources puisées dans leur sous-sol. A l’instar des rebelles touareg du MNJ (Mouvement des Nigériens pour la justice), ceux du Mali n’avaient pas hésité à prendre les armes pour se faire entendre du gouvernement central du Mali.

Mais une différence d’approche existe entre les deux gouvernements centraux. Alors que le pouvoir nigérien s’obstine à nier l’évidence d’une rébellion touareg dans le Nord, attribuant l’insécurité ambiante à des « bandits », celui du Mali a clairement opté pour une solution négociée à la crise.

Quoi de plus normal donc que les résultats sur le terrain soient à tous points de vue différents ! D’un côté, le spectre de la violence tend de plus en plus à s’éloigner, résultat de la détermination des autorités maliennes et du président à ne pas souffler la « Flamme de la paix » allumée à Tombouctou en mars 1996 pour pérenniser la réconciliation avec les Touareg. De l’autre côté, la crise s’enlise.

Toutefois, toutes les plaies ne sont pas pour autant complètement cicatrisées au Mali, depuis l’accord de paix de 1992 signé avec la rébellion. Si l’on en juge en tout cas par les quelques troubles sporadiques qui surviennent çà et là. Le dernier en date a pris la forme d’une prise d’otages dont l’auteur n’est autre qu’un groupe de rebelles touareg maliens qui se seraient volatilisés avec des prisonniers ... vers le Niger. Toujours est-il que l’opération aurait connu une envergure plus grande si elle avait eu pour théâtre le Niger.

Pour tout dire, on a envie de croire que le dernier cas malien constitue un acte isolé, comme bien d’autres actes précédents. Car, contrairement au Niger, au Mali, la mayonnaise du dialogue semble à ce point avoir pris que l’activisme à la dimension de ce qui se vit au Niger n’ a pratiquement pas de chance d’être soutenu par la communauté touareg elle-même.

Si donc le Mali ne se présente pas comme un terreau fertile pour ce genre de rébellion, la situation au Niger pourrait tout de même inspirer d’anciens rebelles touareg maliens qui semblent n’avoir pas totalement réussi leur reconversion. Il ne fait pas de doute que la récente prise d’otages au Mali a été encouragée par les remous actuels au Niger.

D’aucuns n’écartent d’ailleurs pas la possibilité de connexions. En tout état de cause, l’effet contagion doit être évité à tout prix. On ne sait pas jusqu’où cela peut mener. La possibilité que la crise nigérienne affecte quelques pays voisins doit être perçue par les autorités nigériennes comme une sérieuse menace, toutes choses qui devraient les pousser à rompre avec les alibis derrière lesquels elles se sont jusque-là réfugiées.

Si, en ce qui la concerne, la rébellion touareg au Niger n’est pas encore parvenue à forcer le gouvernement à reconnaître son existence et à l’amener à la table des négociations, sa voix peut être entendue avec la médiation d’un pays tiers. C’est toujours bon à prendre. Après tout, n’est-ce pas grâce à l’Algérie que le Mali s’est davantage rapproché de la paix, avec la signature de l’accord d’Alger en juillet 2006 ?

Plusieurs partis nigériens ont appelé à une médiation internationale sous l’égide de "pays amis" du Niger en vue de trouver une solution négociée au conflit touareg. Aucune piste de solution ne doit être rejetée si elle peut concourir à remettre le pays sur les rails. "Le MNJ attire l’attention des pays amis du Niger de ne pas s’immiscer dans la politique intérieure du pays, à défaut de prôner la paix", lirait-on dans un communiqué signé par le MNJ.

Quelle foi accordée à un tel communiqué ? Si tel est le cas, il y a lieu de croire que le Mouvement se trompe de combat en s’opposant à toute idée « d’ingérence ». Ingérence pour ingérence, la Libye est accusée de mettre le feu dans la case du voisin nigérien, par un soutien réel ou supposé aux rebelles touareg. D’aucuns se disent plus fondés à le croire d’autant plus qu’entre le pays de Mouammar Kadhafi et le Niger, subsisterait un vieux contentieux territorial.

Si tel est le cas, il faut espérer que la visite en Libye du Premier ministre nigérien, Seyni Oumarou, contribuera à dissiper les nuages qui pourraient exister entre les deux Etats et à ouvrir grandement les voies d’une solution durable au problème touareg qui n’a que trop duré. Même si la Libye peut se présenter comme une pièce maîtresse dans la résolution de l’équation touareg, toute médiation, d’où qu’elle vienne, vaut la peine d’être explorée. Au Niger de savoir saisir toutes les opportunités.

Le Pays

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