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Privatisation partielle de la SONABEL : Les palabres ont commencé

Publié le lundi 24 mai 2004 à 08h53min

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Quel type de privatisation de la SONABEL (Société nationale
d’électricité du Burkina) le gouvernement envisage-t-il et quelles
sont les mesures d’accompagnement prévues pour que cette
cession aux privés n’entraîne pas des licenciements, une
hausse des prix et l’arrêt de fonctionnement de certains centres
déficitaires ?

C’est la préoccupation du député Idrissa
Ouédraogo de l’ADF/RDA (opposition). Il a interpelé le ministre
des Mines, des Carrières et de l’Energie, Kader Cissé, devant
l’Assemblée nationale à Ouagadougou, vendredi 21 mai 2004.

C’est devant une Assemblée à moitié vide (52 députés sur 111)
que le ministre Kader Cissé est venu expliquer aux députés les
grands axes de la privatisation partielle de la SONABEL. "La
privatisation de la SONABEL n’est pas une action isolée, mais
entre dans un cadre global de réforme du secteur de l’énergie
dont l’objectif est la rationalisation du fonctionnement du
sous-secteur de l’électricité en vue de l’accroissement de
l’accès de l’électricité aux populations et à terme, la réduction de
ses coûts".

Le ministre en charge de l’énergie s’est voulu
rassurant sur le bien-fondé du désengagement partiel de l’Etat
de la SONABEL. Il a notamment insisté sur la poursuite
d’interconnexions avec des pays voisins afin de disposer d’une
énergie moins coûteuse que la production thermique locale et
l’élaboration et la mise en oeuvre d’un plan d’accroissement de
l’accès des zones rurales à l’électricité.
Pour cela, le gouvernement a retenu de reformer, au plan de la
structure, le sous-secteur de l’électricité en deux segments.

Pour la gestion du premier segment, la SONABEL sera
transformée en société fermière avec l’ouverture de son capital
de façon majoritaire à un partenaire stratégique ainsi qu’aux
partenaires privés nationaux et au personnel de l’entreprise.
"Cette option a pour avantage la préservation de tous les
emplois du personnel de la SONABEL", soutient Kader Cissé.

Il parle également de la création d’une société de patrimoine
détenue à 100% par l’Etat qui sera donc chargé de la gestion
des biens et des investissements. En clair, les barrages, les
centrales, les machines restent la propriété de l’Etat. Pour le
second segment constitué de l’électrification rurale, sa gestion
sera au regard de son caractère déficitaire, assurée par l’Etat,
les organisations non gouvernementales (ONG), le secteur privé
burkinabè et les collectivités locales.

Pour les députés qui
s’inquiètent d’une réduction des effectifs, le ministre a tenté de
les rassurer en soutenant que "le maintien du personnel sera
un critère déterminant de sélection des repreneurs". Dans sa
question orale, le député Idrissa Ouédraogo a également voulu
savoir le lien qui existe entre l’emprunt d’Etat de 10 milliards
cédés à la SONABEL et la privatisation de l’entreprise.
"Il n’y a aucun lien entre l’emprunt d’Etat et la privatisation de la
SONABEL", répond Kader Cissé qui, auparavant, avait précisé
que cet argent a servi à renforcer les capacités de production de
la SONABEL. Pour le ministre, on est encore qu’au début d’un
long processus et le gouvernement a pris toutes les mesures
pour ne pas tomber dans les erreurs du passé. L’exposé du
ministre a très peu convaincu les députés.

Tous ceux qui sont
intervenus, du pouvoir comme de l’opposition, (une quinzaine)
sont restés très sceptiques quant à la baisse des coûts et le
maintien des effectifs. Ils soutiennent plutôt que privatisation a
toujours rimé avec licenciement et cherté des prestations.
Pour le ministre, la mise en place de l’organe de régulation du
secteur de l’énergie dès cette année permettra de maîtriser les
risques liés à des dérives tarifaires.

Les différentes mesures
annoncées ont laissé de marbre certains députés. "C’est une
nouvelle formule pour mieux piller l’Etat", martèle Cyrile
Goungounga de l’ADF/RDA avant d’ajouter que le personnel
sera désorganisé et qu’on aura des prix scandaleux.

Soumane Touré du PAI (opposition) trouve insultant qu’après
quarante ans d’indépendance, on ne soit pas à mesure de gérer
une entreprise. Il parle de forme d’esclavage moderne et pense
surtout qu’avec la privatisation, l’électricité ne peut pas être
moins chère que maintenant. "Cessez de nous endormir !". Le
président de séance, Marc Yao (CDP, pouvoir) a mis fin aux
discussions après trois heures de débats.

Adama SAVADOGO

Le Pays

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