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Gratuité des manuels et fournitures scolaires : La mesure du gouvernement fait des mécontents

Publié le vendredi 24 août 2007 à 07h23min

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La gratuité des manuels et fournitures scolaires annoncée par le gouvernement pour la rentrée scolaire 2007-2008 ne fait pas des heureux
à tous les niveaux. Des libraires estiment que cette mesure porte atteinte
à leurs activités.

Le mardi 21 août 2007, un tour dans quelques librairies a permis de prendre le pouls des préparatifs de la rentrée scolaire 2007-2008. C’est d’abord la librairie papeterie du centre, "Ouédraogo-Boureima" située du côté sud du mur du collège d’enseignement technique de Ouagadougou à Paspanga. Sur les étagères, les cahiers, les livres sont exposés et attendent des clients. Le gérant de la librairie "par terre" Ali Ouédraogo confie : "cette année est différente des autres". Les libraires n’ont pas encore effectué leur approvisionnement. C’est seulement quelques cahiers, des enveloppes et des bics qui sont vendus, a fait comprendre l’adjoint de Ali Ouédraogo. Même son de cloche aux librairies "Zida" et "Ouédraogo-Boureima" situées à proximité du CENASA. Pour Zida, il y a encore des stocks invendus. De vieux stocks sont donc exposés pour interpeller les clients. C’est ce que confirme Mamadou Ouédraogo : "nous avons fait sortir les anciens stocks, les invendus de l’année dernière, pour rappeler aux parents d’élèves que la rentrée est pour bientôt". Pour l’instant, la clientèle ne se bouscule pas. Les libraires font alors comprendre que la rentrée scolaire est encore loin (octobre 2007) et que les parents préfèrent attendre la dernière minute pour s’approvisionner. En entendant, les libraires n’ont pas le moral du fait de la gratuité de fournitures scolaires annoncée par le gouvernement burkinabè. "La distribution gratuite de fournitures scolaires, annoncée par le gouvernement nous est préjudiciable parce que nous les libraires, nous payons des impôts. Si les cahiers venaient à être distribués gratuitement aux élèves, nous serons contraints d’abandonner notre commerce. Pourtant nous sommes aussi des parents d’élèves et nous vivons de cela. Nous avons des anciens stocks que nous voulons écouler", déclare un libraire, Boukary Ouédraogo.

"On peut distribuer des fournitures gratuitement, mais en nous confiant une part du marché" propose-t-il. Ali Ouédraogo lui aussi est inquiet : "cela fait deux ans que nous n’arrivons pas à acheter et vendre les livres de CP1. Ils sont même devenus plus chers". En clair, l’annonce de la gratuité des fournitures scolaires n’est pas du goût de tout le monde. Cela fait des mécontents. Nombre de libraires se soucient donc du problème. Ouédraogo Mamadou ne s’attendait pas à une telle initiative : "Nous avons été surpris lorsque le gouvernement a décidé de distribuer gratuitement les fournitures. Nous ne pourrons plus écouler les stocks que nous avons". M. Zida est également d’avis que ce problème lui cause des soucis. Cette annonce est tombée comme un coup de massue sur leur tête. Cependant, il met un bemol "le problème se pose avec acuité. Toutefois, nous comptons sur les recettes que nous pourrons faire avec les élèves des écoles privées. C’est ceux-ci qui nous permettent d’écouler quelques livres et documents. Sinon, depuis 2001 nous connaissons des méventes".

Le mal des grossistes détaillants

Le problème des librairies n’est pas récent. Par exemple en 2005 l’Etat aurait doté certains établissements de livres. Cela n’aurait pas été le cas en 2006 et beaucoup se seraient approvisionnés en livres, surtout ceux du CP1. Les libraires ont égrené d’autres problèmes qu’ils ont rencontrés. Comme l’a expliqué Mamadou Ouédraogo : "l’un des problèmes que nous rencontrons est la concurrence avec les grossistes qui devraient être en principe nos collaborateurs. Ils vendent en détail comme nous". Pour ces gérants de librairie "par terre", les conséquences de la crise ivoirienne ont affecté les parents d’élèves qui arrivaient difficilement à s’occuper, et des enfants et des parents revenus à la faveur de "l’opération Bayiri". A la librairie Diacfa, en face du marché désaffecté Rood Woko, contrairement aux librairies "par terre", il y avait quelques clients. Mme Oumou Drabo, ancienne journaliste AIB, en fait partie. Elle confie ceci : "pour le moment, je fais le tour des librairies pour trouver les points de vente les moins chers et avec une grande gamme de fournitures disponibles. J’ai fait quelques achats. Je le fais progressivement car on ne peut pas tout acheter à la fois". La librairie Diacfa est prête pour la rentrée scolaire. Mme Alma, une gérante, souligne que la librairie s’approvisionne à l’avance. Pour relever les inquiétudes sur la faible affluence des clients, elle nous dit : "les gens préfèrent attendre la dernière minute. En octobre, nous sommes obligés d’embaucher du personnel temporairement pour satisfaire la clientèle car nous sommes débordés à ces moments". Madame Lamizana, sa collègue souligne ceci : "il y a un peu d’affluence. Depuis juin, certains parents ont commencé à acheter des fournitures".

A la librairie Diacfa, tout semble se dérouler très bien, contrairement aux librairies "par terre" qui connaissent des difficultés. Là-bas, on ne partage pas les mêmes soucis que les librairies qui vendent au détail par rapport à la gratuité des fournitures scolaires dans certains établissements. Mme Lamizana répond : "Notre employeur fait souvent des dons et cette initiative du gouvernement ne nous cause aucun souci". Néanmoins, force est de reconnaître que les différentes librairies ne sont pas logées à la même enseigne. Les libraires estiment qu’ils devraient être associés au nouveau système de gratuité en cours. Les marchands ambulants, quant à eux, ne se font pas voir en ce moment. Peut-être parce que la rentrée scolaire est encore loin ou parce que les fournitures seront gratuites.

Boukary OUEDRAOGO

Sidwaya

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