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Comité central du PAI : Juge, partie et bourreau !

Publié le mardi 21 août 2007 à 08h51min

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Soumane Touré

Le PAI de Soumane Touré était en conclave le week-end dernier. Il fait en quelque sorte sa rentrée politique après une année où sa gouvernance fut des plus douteuses. Le comité central réuni à Ouagadougou a permis à son pilote, de plus en plus seul dans son navire de s’adonner à un monologue d’un autre temps. Soumane a dressé son tribunal, a fait son réquisitoire et a rendu son verdict. Edifiant !

Il y a des moments où nos hommes politiques et nos partis politiques donnent envie de se laisser aller. Mais le bon sens finit par l’emporter et instruit d’éviter les débats de caniveaux qui volent au ras des pâquerettes, déresponsabilisent des citoyens prétendant avoir le talent pour parler et agir en nos lieux et places et renvoient ceux qui les écoutent au rang de petits cons dénués de la moindre once de sens critique.

La scène politique burkinabè se confirme comme un lieu de palabres sans queue ni tête, à l’heure où la complexité du monde exige que chaque pays fasse sa mue, réinvente une nouvelle conception du jeu partisan dans lequel, bien entendu, il ne s’agit plus de ressasser ces vieilles théories éculées datant du précambrien.

Mieux encore, n’importe qui ne peut aujourd’hui se draper du manteau de leader, même à posséder un long cursus et à justifier d’un militantisme remontant à la nuit des temps. Soumane Touré revenu au-devant de la scène, après le coup de massue porté par ses ex-camarades de la direction du PAI, énième version, a donné un éclairage suranné de la situation du parti.

Pour justifier cette incapacité qu’ont les leaders de l’opposition à conserver une unité d’action, il a opté de verser dans une candeur désarmante, usant de la théorie passe-partout du bouc émissaire.

Le plaidoyer historique

Que quelqu’un en veuille au PAI, pourchassé et torturé durant toute l’histoire politique du Burkina indépendant, dira-t-il, n’est pas nouveau. A l’en croire, tous les pouvoirs qui se sont succédés ont eu pour dessein initial, la liquidation physique, matérielle et intellectuelle de ce parti, créé pour apporter la lumière sur une arène politique noircie par le néocolonialisme. La leçon d’histoire qu’il a administrée au travers d’un discours d’ouverture interminable, vite transformé en monologue dans lequel il a démontré sa maîtrise de la science politique, aura, c’est déjà ça, permis à la jeune génération de savoir que ce parti est né pour souffrir et être le souffre-douleur des autres.

Tout le monde en a pris pour son grade, le tout dans un style laissant à penser que le PAI a toujours été un danger mortel à effacer de la surface terrestre. Si cela fut vrai, à l’heure du rideau de fer, l’époque où les gens avaient une peur bleue du communisme et des groupuscules agissant dans une clandestinité de bal masqué, on peine à percevoir en quoi, ce parti réduit à sa portion congrue serait aujourd’hui une menace pour quoi que ce soit.

Mais lorsqu’on se trouve dans la galère, toutes les données sont bonnes à prendre. Il n’est donc pas étonnant que la rencontre du comité central débouche sur ce manichéisme qui pollue l’atmosphère politique. C’est parce que le PAI est l’ami du peuple, le seul à pouvoir le faire nager dans le bonheur, que les ennemis du peuple veulent l’abattre. Elle n’est pas belle la vie ! Oh que si !

Trop fort pour ...

On reconnaît au moins à Soumane Touré toute son habilité à montrer patte blanche. Son discours de père Noël pour faire un peu crédible devrait s’infléchir. Et quel moment de l’histoire pouvait mieux convenir que la période où le parti contrôlait tous les rouages de l’Etat et qui fut marqué par le licenciement massif des instituteurs grévistes du SNEAB.

Cette première année (août 1983-août 1984) de la Révolution burkinabè a fini de prouver que la victime perpétuelle pouvait se transformer aussi en bourreau méconnaissable. Pouvoir quand tu nous tiens !
Autocritique adroite mais qui s’est vite tracassé par ce refus de s’assumer dans l’affaire rocambolesque de l’invalidation des listes PAI lors des législatives de mai dernier.

La faute selon lui incombe au bureau exécutif central tout entier, se disculpant à moindres frais de par la réalité banale que le premier responsable d’une structure en est l’ordonnateur. Qui devait donner l’ordre de verser la caution au trésor public, sinon Soumane Touré ?
Ce « Ponce-Pilatisme » d’un type propre aux « politiciens » du Faso apporte la dernière pierre à la logique démonstrative de Soumane Touré. Par A + B, Blaise Compaoré est l’unique et seul responsable de tous les malheurs du parti.
Il est si occupé à vouloir son élimination qu’il en a oublié que le PAI a la peau dure.

Il est tellement fort que tout le président du Faso qu’il est, il s’échoue invariablement sur le roc irréductible. Comme faire l’apologie de Blaise Compaoré ne sied pas, à moins d’être un « coco » intéressé, il n’est indiqué que de citer un confrère laissant entendre qu’il glisse sur les critiques comme l’eau sur les plumes d’un canard.
Sinon, va-t-il vraiment perdre du temps à vouloir battre un parti déjà à terre ?

Sûr qu’avec le départ d’Alphonse Bonou et autres, Soumane Touré est en train de faire l’amère expérience de ce qu’il a infligé à Philippe Ouédraogo, il n’y a pas si longtemps. On peut comprendre qu’il en vienne à perdre tout sens analytique.

Mais la question qui vaut chère est celle de savoir si ce schisme qu’il a créé au sein de son parti chéri a été ou non inspiré par Blaise Compaoré ? Aux honnêtes citoyens de cogiter.

Souleymane KONE

L’Hebdo

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