LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Campagne agricole au centre-est et à l’est : Après la frayeur, l’heure est à l’optimisme

Publié le lundi 20 août 2007 à 07h00min

PARTAGER :                          

Le ministre délégué chargé de l’Agriculture, Issaka Maïga, accompagné de nombreux collaborateurs, a pris d’assaut du 14 au 17 août 2007 les régions du Centre-Est et de l’Est afin de constater de visu la situation de la campagne agricole 2007-2008.

En dépit de l’installation tardive des pluies dans certaines zones, la présente saison semble prometteuse, au vu des sites visités dans les deux régions.

La présence du tout nouveau ministre délégué (qui a remplacé Bonoudaba Dabiré) dans les champs des 13 régions de notre pays constitue son premier test d’envergure nationale. En effet, la mission dans le Centre-Est et dans l’Est, comme d’ailleurs partout où elle était déjà passée, a consisté à suivre le déroulement de la campagne agricole et la mise en œuvre des projets et programmes du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques (MAHRH).

Cette initiative, devenue une tradition, est également une marque d’intérêt pour les activités agricoles occupant plus de 80% de la population qui a besoin d’encouragements, d’assistance des premiers responsables de leur secteur. Plus d’une dizaine de sites ont été passés en revue par Issaka Maïga et son équipe. C’est le village de Songretenga, commune rurale de Andemtenga (province de Kourittenga), qui a été la première localité à recevoir les visiteurs. A ce niveau, le champ de Masongo (maïs blanc) de Rasmané Tougma présente une fière allure. D’une superficie de 3 hectares (ha), son propriétaire a démarré les semis le 30 juin 2007.

En utilisant ces semences améliorées, le producteur attend un rendement de 4 tonnes/ha, soit 12 T pour toute la production. Responsable d’un ménage de 16 personnes dont 8 actifs, l’homme de Songretenga, après déduction des charges d’une valeur de 1 288 548 FCFA, s’en tirera en fin de saison avec un bénéfice de 3 511 452 FCFA. Disposant aussi de 0,5 ha d’arachide, il a relevé que son souci se résume au manque de semences qui a ainsi occasionné une hausse du prix d’achat (6 kg pour 6000FCFA).

Ses camarades évoqueront, au terme de la visite du champ, d’autres préoccupations comme le manque d’eau et d’ambulance pour évacuer les cas urgents. Le ministre délégué a rassuré que l’Etat entend mettre l’accent sur les semences améliorées ; et par conséquent, celui-ci a pris la décision, a-t-il dit, d’octroyer une subvention afin de permettre aux producteurs de les obtenir à un coût plus raisonnable.

Tout en saluant les efforts fournis par Rasmané Tougma, il l’a encouragé ainsi que les autres producteurs présents à faire davantage de fosses fumières. Concernant le problème d’eau soulevé dont le besoin se fait sentir, le directeur du Centre-Est du MAHRH, Madi Ouédraogo, a indiqué qu’en collaboration avec les maires des localités, des forages seront réalisés.

Au Centre-Est comme à l’Est, la campagne s’est bien installée

Toujours dans le Kourritenga, la mission s’est rendue à Tensobtenga où elle a pu toucher du doigt une parcelle de Niébé au stade de levée. Œuvre de « Sid yiid panga », un groupement d’une vingtaine de femmes, le champ, qui a une superficie de 3 ha, a été emblavé du 25 au 29 juillet dernier, avec une production attendue de 2400 kg.

La particularité de ce site se justifie, a-t-on laissé entendre, par les semis tardifs, car les femmes sont obligées d’aller travailler sur les parcelles de leurs époux, avant de penser à leurs propres terrains. Séance tenante, Issaka Maïga a demandé au directeur régional (DR) du Centre-Est d’apporter un appui en engrais à ce groupement, car selon lui, le niébé est rentable. Le ministre délégué a également encouragé les femmes à envisager des projets de micro crédits afin de mener des activités génératrices de revenus pour améliorer leurs conditions de vie.

Dans la même journée du 14 août, les localités de Saounokou (village de Garango), de Garango, de Gnangdin (situé à 45 km de Tenkodogo sur la route de Bittou), de Sablogo (se trouvant entre Tenkodogo et Ouargaye) seront tour à tour visitées. Dans le village de Saounokou, il a été donné de voir sur la parcelle de 0,5 ha du producteur Lamine Gnégné, du macuna en association avec le mil.

Le macuna dont le rendement en biomasse attendu est de 5000 à 7000 kg/ha lutte contre les mauvaises plantes notamment la striga (1). Il est en expérimentation dans les 13 régions de notre pays. Quant au bas-fond rizicole de Garango « Zansi Guintema » d’une superficie de 20,73 ha, 244 producteurs y travaillent. Les semis ont eu lieu le 15 mai 2007. Les 28 sites rizicoles de la région ont un rendement de 1933 tonnes par an.

Une opportunité pour Issaka Maïga d’exhorter les producteurs à plus d’efforts afin de réduire au maximum les sommes astronomiques déboursées chaque année par notre pays pour importer le riz. « Nous avons les moyens de produire assez de riz chez nous. Et il revient à nos producteurs de tout faire pour que les plus de 40 milliards de FCFA que l’Etat décaisse pour importer du riz puissent rester au Burkina Faso et améliorer les conditions de vie de nos paysans », a martelé le ministre délégué.

Les vastes champs et les immeubles de Maïga

A 45 km de Tenkodogo, se trouve le village de Gnangdin où un producteur pratique la culture, à grande échelle, du maïs depuis plus de 10 ans. Cheik Mahammadi Maïga, c’est son nom, possède au total pour cette campagne 25 ha de maïs, 8 ha de coton, 15 ha de sorgho rouge et blanc et 7 ha d’arachide, soit 55 ha de production.

Propriétaire d’un tracteur, d’un troupeau de bovins bien entretenus, il est aidé dans son entreprise par 60 actifs. C’est d’ailleurs sous une fine pluie que la délégation a pu découvrir « l’eldorado » de cet homme. Il est ressorti que la quasi-totalité de sa production en dehors du coton est destinée à la consommation de sa famille qui est logée dans cette petite localité sur un vaste domaine composé de plusieurs immeubles.

La dernière étape de la visite du 14 août a été Sablogo où Adama Zampligré, un ancien fonctionnaire des Nations unies fait de l’élevage intégré à l’agriculture. Homme aux multiples idées, il a dans ses projets l’élevage de crocodiles (d’ailleurs en cours) dans un enclos sécurisé.

Dans la région de l’Est, notamment à Piéla (dans la province de la Gnagna), la mission s’est intéressée au travail de Ogoblo D. Lankoandé qui dispose d’un champ d’une superficie de 6 ha en maïs, mil, sorgho, arachide.

La physionomie de son exploitation est bonne avec une très bonne levée. Et le directeur régional de l’Est, Irissa Ilboudo, de noter que ce constat plein d’espoir est général dans toute la zone, car à cette période de l’année, les gens étaient en train de semer au regard d’une mauvaise pluviométrie. A ce niveau, il sera posé au chef de la mission le problème de matériel.

Moïse Kéré, la réplique de Maïga à l’Est

A Bantambougou dans la province de la Kompienga, le producteur modèle n’est autre que Moïse Kéré, détenteur de 40, 5 ha dont 11 ha de maïs, 12 ha de sorgho, 2,5 ha de pastèques, 1 ha de niébé, 14 ha de coton. Avec seulement une charrue, une charrette, deux sarcleurs et 2 bœufs de trait, ce producteur soutenu par douze personnes (avec lesquels il est lié par des contrats), a séduit plus d’une personne de la délégation.

Comme difficultés, Moïse Kéré a relevé l’installation capricieuse des pluies qui l’a conduit à semer à plusieurs reprises. Aujourd’hui, l’heure est à l’optimisme franc. Dans cette localité aussi, les doléances n’ont pas manqué. Les habitants ont sollicité, entre autres, l’acquisition d’une école primaire pour leurs mômes.

A l’image du bas-fond de Garango, les visiteurs ont également mis le cap sur le périmètre rizicole de Nagaré, aménagé avec l’aide de la coopération taïwanaise où il a également prodigué des conseils et ses encouragements aux producteurs. Ce site de 20 ha, notons-le, a connu une irrégularité de pluies, avant d’enregistrer des fortes quantités d’eau en un temps record entraînant la destruction des semis tardifs et des diguettes. Néanmoins, l’espoir est permis avec les 84 occupants du périmètre qui attendent une production de 120 tonnes.

Dans la région de l’Est, Issaka Maïga et ses techniciens se sont aussi rendus à Tagou (Kompienga) pour se faire une idée de la production contrôlée de plusieurs espèces de poissons à travers des cages flottantes, avant de faire une halte au CPR (Centre de promotion rurale) du PK60 (situé à Fada et Pama) pour échanger avec les jeunes pensionnaires et leurs responsables.

De cette dernière excursion, on retiendra les nombreuses doléances adressées au chef de la délégation qui a tenté d’apporter un début de solutions. Tout compte fait, le ministre délégué a estimé que la campagne se présentait bien dans les deux régions visitées ; en ce qui concerne les préoccupations relevées çà et là, il a affirmé qu’elles ne sont pas insurmontables.

Cyr Payim Ouédraogo

Note : (1) Les jolies fleurs roses d’une mauvaise herbe du nom de striga ne laissent rien deviner de ses effets dévastateurs sur les cultures céréalières comme le maïs, le sorgho, le millet et le riz. Parasite par nature, la striga compense l’absence d’un système radiculaire en pénétrant dans la racine des autres végétaux pour leur enlever des éléments nutritifs essentiels et en réduire la croissance.

Des 73 millions d’hectares consacrés aux cultures céréalières en Afrique, les deux tiers seraient infestés par la striga, qui infligerait ainsi des pertes à près de 70 % aux exploitants s’adonnant à une agriculture de subsistance. La striga ferait perdre chaque année près de 4,1 millions de tonnes de céréales et beaucoup de spécialistes la considèrent comme le plus grand obstacle à la production alimentaire en Afrique, surtout dans la région du Sahel.

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique