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Forces et faiblesses des partis politiques au Burkina

Publié le lundi 20 août 2007 à 08h02min

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En attendant la rentrée, la vie politique, économique et sociale dans notre pays est comme entrée en hibernation. Seul le service minimum est assuré, les grands dossiers de la République et les grandes manifestations semblent avoir été programmés pour plus tard, après les vacances gouvernementales qui de plus en plus s’étendent de nos jours à l’ensemble des services étatiques et même privés.

Hormis le rapport 2005 de la Cour des comptes rendu public en juillet dernier et les manifestations de la Journée internationale de la jeunesse la semaine dernière qui ont donné du relief à l’actualité et continuent de faire sensation, c’est le calme plat.

C’est dans ce contexte que l’atelier, qui s’est tenu le 14 août dernier autour du “ Fonctionnement du système de partis burkinabè, résultats d’un sondage représentatif et expériences pratiques ”, est passé presque inaperçu, malgré la pertinence et l’acuité du thème en question. Ce genre de sondage, qui a déjà été réalisé au Bénin, au Niger, au Mali et au Ghana, permet d’avoir des résultats et des conclusions crédibles tout en obtenant des études comparées sur les systèmes de formations politiques dans ces différents pays.

L’essentiel parmi les communications données à cette occasion est, à notre sens, le débat engagé sur “ Le travail des partis burkinabè dans la démocratisation du Burkina Faso, forces, faiblesses et possibilités de renforcement ” du processus. En réalité, ce qui apparaît comme un sous-thème dans cet atelier devrait, au vu du contexte actuel, faire l’objet à lui seul d’un grand forum national.

En effet sur ce sujet d’extrême importance, des approches innovantes devraient être recherchées et des solutions pertinentes trouvées en lieu et place des récriminations et des accusations peu convaincantes ressassées jusque-là, notamment par l’opposition politique nationale, au lendemain des scrutins électoraux. La démocratie étant une création permanente, le moment est propice pour porter plus haut le niveau de fonctionnement de notre processus démocratique, à la satisfaction de l’ensemble des acteurs politiques.

L’agenda politique semble cependant dominé par d’autres préoccupations, à savoir les commémorations le 4 août dernier du XXIVème anniversaire de la Révolution démocratique et populaire et du XXème anniversaire du 15 octobre 1987 qu’une partie de l’opposition, comme la majorité présidentielle préparent, chacun de son côté, avec faste. Si ces célébrations peuvent être un déclic pour des actions d’envergure à même de sonner le rassemblement au sein des deux pôles politiques, il n’y aurait rien à redire.

Si le processus démocratique en marche depuis seize ans comporte de nombreux acquis, il urge cependant de mettre sans tarder sur le tapis les contentieux qui font l’objet de contestations au niveau du système électoral.

Les questions relatives au fichier électoral, aux pièces administratives autorisant l’inscription sur les listes électorales, à la qualité de la carte électorale, aux imperfections du code électoral, aux fraudes, aux forts taux de non inscrits et d’abstentions..., devraient être évoquées et discutées dans les meilleurs délais sans attendre à la dernière minute, au moment où l’énergie devrait être mobilisée pour la campagne électorale. Quand le combat commence en nous-même, dit-on, la victoire est à moitié gagnée.

Parallèlement au perfectionnement du système électoral à revendiquer, les opposants ont intérêt à faire leur propre autocritique afin de diagnostiquer les maux qui les handicapent : l’émiettement, le manque de moyens, les querelles de leadership, le manque de visibilité, la faiblesse d’implantation sur le terrain, l’absence de stratégie de communication efficace, les programmes politiques alternatifs insuffisamment vulgarisés et attractifs... sont entre autres, les faiblesses qui minent l’opposition burkinabè et l’empêchent de se positionner en force alternative crédible.

“ S’il y avait un peuple de dieux, il se gouvernerait démocratiquement", a dit Jean Jacques Rousseau. Il n’y a pas de mode de scrutin parfait il est vrai, mais les récriminations de l’opposition par rapport aux insuffisances du processus électoral devraient être examinées avec objectivité et prises en compte par la majorité présidentielle afin de sécuriser davantage les élections à venir et donner plus de chance à tous les partis, même les formations politiques minoritaires.

Des dirigeants véritablement démocrates devraient en effet se soucier du sort des minorités et favoriser l’expression des idées plurielles de toutes les composantes de la nation et en tenir compte dans la mesure du possible. Tant il est vrai que la démocratie est non seulement la loi de la majorité, mais aussi le respect des droits des minorités. Face à un parti majoritaire qualifié de parti ultra dominant, à savoir le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) qui semble écraser tout sur son passage, l’opposition a véritablement du pain sur la planche et ne devrait pas donner l’apparence de somnoler comme on peut malheureusement le constater de nos jours.

Cependant comme le reconnaît Rousseau cité plus haut, “ le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître... ”. C’est dire que le parti majoritaire a aussi ses faiblesses qui peuvent être des forces pour l’opposition, à condition qu’elle sache les identifier, les capitaliser et les retourner à son profit, avec le temps.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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