LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

La pétanque : Un jeu de désœuvrés ou de "gourous" ?

Publié le vendredi 17 août 2007 à 06h36min

PARTAGER :                          

La pétanque ou le jeu de boules requiert désormais une attention réelle dans les quartiers de Ouagadougou. A travers une organisation singulière, l’équipe du secteur n° 16 lève le voile sur les préjugés de ce sport.

"Ceux qui pensent que les joueurs de pétanque sont des voyous ou des désœuvrés se trompent", défend Abdoul Salam Nikiéma, supporter assidu du Pétanque club du secteur n° 16 de Ouagadougou.

Sur un terrain non limité, l’ambiance est plutôt à son comble ce soir du 14 août 2007. Il était 17h 45 lorsque nous arrivons presqu’ à la surprise de tous. Dans la foule nous entendons : "qui sont ces gens ?" Très vite il a fallu décliner notre identité pour rassurer les uns et les autres. Ce qui fut fait. Environ une centaine de joueurs et de supporters étaient au rendez-vous. Non pas qu’il s’agissait d’un jour de compétition mais d’une simple séance d’entraînement.

Des vieux comme des jeunes, issues de diverses catégories socioprofessionnelles autour de la boule ferreuse, parlent le même langage : on joue à la pétanque. Abdoul Salam, soixante ans, raconte son quotidien et son intérêt pour ce jeu : "tous les jours, nous jouons, sauf en cas d’empêchement. On commence habituellement à 16 heures pour finir à 18 h et les week-end on débute à 15 h.

Depuis 20 ans, je supporte et joue à la pétanque. Je suis respecté ici plus que chez moi. Si j’ai un baptême par exemple, les gens se concertent et cotisent pour me soutenir. En retour, s’ils ont des problèmes, ils me consultent et je leur prodigue des conseils. Ils en font autant pour moi si je leur en demande. Vraiment la pétanque est bien pour moi".

Autant de raisons qui font que chacun peut y trouver son compte. D’ailleurs, nous explique Abdoul Salam, "il y a des fonctionnaires, des gendarmes, des militaires, etc., parmi nous. Ce sont des gens qui ont décidé de ne pas fréquenter les lieux sombres. C’est un choix sportif après tout !" Ce qui n’est pas toujours l’avis des populations riveraines.

Pour certains, les joueurs de pétanque sont des voyous, des désouvrés, des gens qui n’ont rien à faire ou au contraire des gens nantis. Dominique Ouédraogo, commerçant au secteur n°16 explique pourquoi, il n’adhère pas à un club de pétanque : "C’est un jeu de gourous c’est-à-dire des gens qui sont aisés. Aussi, je trouve que certains (les désœuvrés : NDLR) sont en train de se torturer. Ils ne sont pas relaxes quand ils jouent. On constate souvent sur le terrain que la tension monte. Je pense qu’on doit annuler ces genres de jeu parce qu’on doit trouver mieux à faire".

Un avis rejeté par Abdoul Salam qui pense que la pétanque a juste besoin d’une réelle valorisation.
"L’exemple de certaines mairies est à suivre". A-t-il souligné. Ainsi, malgré les difficultés et les préjugés que les clubs subissent, il égrène quelques raisons de continuer : "Nous jouons souvent des compétitions comme la Coupe du maire et le championnat national.

Des joueurs de la gare et de la cité AN II viennent jouer avec nous ici. L’ambiance est parfaite. Certains ont des licences comme au football. C’est à l’approche des compétitions que chacun rejoint son club d’origine". Au cas où les clubs n’arrivent pas à payer leur cotisation, les joueurs comprennent et se prennent en charge. On se cotise souvent 500 F à 1000 F pour fonctionner.

Apparemment, la débrouillardise est la règle. Toutefois, nous avons compté parmi les joueurs qui se sont présentés à notre équipe de reportage, des fonctionnaires au nombre desquels Benjamin Moné, agent de bureau à l’ambassade d’Allemagne, André Wangrawa en service à la mairie de Boulmiougou, Hubert Tiraogo, maréchal des Logis. Par ailleurs, le président du club, Alexandre Songzabré, absent à la séance d’entraînement, est un banquier de profession. C’est peut-être ce qui fait dire à certains que la pétanque est un jeu de gourous. En plus, un lot de trois boules coûte près de 100 000 F CFA, a indiqué M. Moné.

Amidou KABRE
(Stagiaire)


A propos de la pétanque

Saviez-vous l’origine de la pétanque ? Eh bien ! Tout commence avec un handicapé. D’après ce qui est raconté, c’est un monsieur qui aimait venir jouer avec ses amis aux boules. Un jour, il prit une et la jeta, mais contrairement aux autres, il ne pouvait pas prendre un élan de sorte à effectuer un pas avant de lancer. Il devait alors rester les "pieds tanqués" qui veut dire "les pieds sans bouger" en Patois marseillais. De là, naquit le jeu de pétanque ! C’était en début des années 1900.

Mais comment ça se joue pratiquement ? Très simple ! La pétanque se joue partout et vous pouvez jouer seul, en tête-à-tête avec un adversaire, ou bien constituer une équipe de deux ("doublettes") ou de trois joueurs ("triplettes"). En triplettes, vous disposez de deux boules chacun, de même que vos adversaires. En doublette et en tête-à-tête, vous aurez droit à trois boules. L’essentiel est que de part et d’autre, dans chacune des équipes, il y ait le même nombre de boules.

Lorsque chaque équipe a lancé sa première boule, celle qui n’a pas le point joue une de ses boules pour tenter de le reprendre. Après avoir lancé toutes les boules, on compte les points. L’équipe dont la boule est plus proche de cochonnet (le but) remporte la partie. C’est la fin d’une première partie et on peut reprendre autant de fois, si le nombre de buts requis pour gagner le jeu n’est pas atteint.
A. K.

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina/Reprise de la Ligue1 : Quatre chocs à l’affiche