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Partis politiques : A quand la fin du pillage ?

Publié le mardi 14 août 2007 à 08h08min

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Un meeting politique

Le rapport de la Cour des comptes a épinglé des structures publiques pour mal-gouvernance. Et comme pour bien faire et montrer que le mal est partout, la cour mettra à nu des malversations financières dans des partis politiques qui usent avec indélicatesse de l’argent du contribuable burkinabè. Certains partis politiques jouent des pieds et des mains pour ne pas justifier les subventions à eux accordées.

L’impression que l’on a après lecture du rapport de la Cour des comptes, c’est comme si des individus se regroupaient pour créer des partis politiques afin de se sucrer sur le dos du contribuable par le jeu de la subvention de l’Etat. Voilà qui donne raison à beaucoup qui pensent que certains « créateurs » de partis politiques ont des visées mercantiles.

Au gré des élections et de leurs humeurs portent-ils sur fonts baptismaux leur bébé qui souvent n’a même pas le temps de grandir qu’ils lui font un petit frère car la scission est un des sports favoris. On ne les voit, encore moins on ne les entend, que lorsque des élections se profilent à l’horizon. Chaque leader s’égosille pour se faire entendre afin de bénéficier de la subvention. C’est dire donc que ceux qui avaient des appréhensions sur la sincérité, la crédibilité de certains chefs politiques et de leur parti sont, aujourd’hui, confortés dans leur attitude.

Et pour cause, la loi n° 012- 2000 AN du 2 mai est formelle : les partis politiques doivent justifier auprès de la Cour des comptes, l’utilisation des financements dans un délai de trois mois après le jour du scrutin. Comment peut-on dénoncer la mal-gouvernance si l’on est soi-même comptable de ses pratiques ?

C’est là une interrogation à l’adresse des partis qui sont surtout de l’opposition. Mais la réalité montre que cette disposition est sciemment ignorée ou bafouée car, non contents de ne pas déposer les justifications aux dates requises par la loi, certains partis politiques utilisent des pièces non certifiées. C’est ainsi que la Cour des comptes se retrouve avec des défauts de certification de rapport financier par l’organe compétent, des rapports uniques pour les deux types de financement de l’Etat, l’inexistence de rapports financiers pour certains.

Que dire alors des subventions remises main à main aux candidats ou aux mandatés des partis politiques ? Là aussi, la loi est violée puisqu’elle dispose que la subvention doit être versée dans un compte spécialement ouvert à cet effet. Une disposition qui permettrait de suivre la gestion des fonds.

Selon notre confrère « Le Reporter », de la subvention de 200 millions répartie en 2002, seuls le GDP, le PFID, le PAREN, et le FFS, ont respecté les clauses de la loi, pendant que des partis comme le CDP, l’ADF/RDA, le PAI, le PDP/PS, et les 22 autres qui ont bénéficié des fonds publics ont violé la loi. Le hic dans tout cela c’est qu’aucune sanction n’est prévue pour punir les partis qui ne respectent pas la loi. A la lumière de tout ce qui précède, c’est dire donc que ce sont des millions que le trésor public décaisse pour l’animation de la vie politique qui prennent des destinations connues des seuls utilisateurs que sont ces leaders de partis politiques experts dans la gestion patrimoniale.

Un flou entretenu par la loi semble encourager les indélicatesses dans ce milieu politique que l’on sait pourtant grenouillant de tous genres de personnages. En effet, si l’article 16 dispose qu’en cas d’irrégularités constatées, ne sera pas renouvelée la subvention pour la prochaine campagne ou le prochain exercice, selon le cas, l’article 18, lui, évoque l’application de sanctions qui ne sont nulle part définies. N’est-ce pas là, la brèche créée qu’exploitent à souhait ceux aimant l’opacité dans la gestion à cette transparence qui dénude, oblige à la correction, chose à laquelle on s’accommode difficilement ?

C’est la loi qui donc fait défaut pour assainir le milieu politique. Une situation sur laquelle le parlement doit se pencher pour fixer des balises afin que cessent les abus qui ne font que grêver les finances publiques. Pour un pays pauvre comme le nôtre, où la mal-gouvernance ne fait que annihiler les efforts de développement, il est plus que jamais nécessaire de poser des gardes-fous pour anesthésier les prédateurs de fonds publics.o

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 14 août 2007 à 13:50, par Mousty En réponse à : > Partis politiques : A quand la fin du pillage ?

    Petite suggestion : Si le rapport de la Cour des Comptes peut être rendu public, nous serons reconnaissants au Faso.net de nous le publier. Simple devoir d’informer. Merci

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