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La jeunesse croit en l’avenir de l’Afrique

Publié le lundi 13 août 2007 à 07h28min

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Alors que le discours du nouveau président français prononcé le 26 juillet dernier à l’Université Cheikh Anta Diop à l’adresse de l’élite de la jeunesse africaine continue de faire des vagues, la problématique de la domination, du retard économique et du développement de l’Afrique revient en force au-devant de l’actualité.

Avec le style, la spontanéité et le franc-parler qu’on lui connaît, Nicolas Sarkozy qui faisait son baptême de feu sur le continent en tant que président de l’Etat français, s’est permis d’évoquer le passé africain plus que complexe en s’inspirant de théories philosophiques et anthropologiques jugées d’un autre âge.

A la suite d’autres intellectuels et analystes africains avisés et offusqués, notre compatriote, le professeur agrégé de philosophie Mahamadé Savadogo estime également dans une interview parue dans le quotidien l’Observateur Paalga, que de nombreux passages du discours de M. Sarkozy renvoient pratiquement, mot à mot, aux analyses hégéliennes sur la position de l’Afrique dans l’histoire. Il aurait par ailleurs, évité de parler de ce qui s’est passé après la colonisation, à savoir les nouvelles formes d’exploitation du continent qui se sont maintenues après les indépendances.

En avançant que l’homme africain n’est pas suffisamment entré dans l’histoire, Sarkozy aurait occulté volontairement le rôle important que l’Afrique a joué dans le passé, à la période pharaonique. En clair, l’homme aurait mis les pieds dans le plat en s’autorisant des appréciations et des prises de position sur des sujets extrêmement sensibles et susceptibles, touchant un continent, berceau de l’humanité dont l’âme, les mystères et la sagesse ont été à jamais abîmés par des prédateurs avides et cupides.

Au-delà de la polémique soulevée, le mérite de cette sortie controversée du représentant d’une ancienne puissance coloniale et dominatrice est d’avoir mis le doigt sur des questions sensibles certes, mais d’une actualité brûlante pour le continent. "L’essentiel n’est pas ce que l’on a fait de vous, mais ce que vous faites de ce que l’on a fait de vous", a dit le philosophe existentialiste français Jean-Paul Sartre.

L’esclavage, la colonisation et la néo-colonisation sont des crimes contre l’humanité certes, mais doit-on se lamenter sans fin sur le lait versé ? Est-ce en nous installant dans la rumination de notre passé et dans la contemplation de nos malheurs que nous sortirons notre continent de son retard ? Il est temps que l’Afrique unie se mette debout et prenne enfin en main son destin face à un monde impitoyable qui n’a que faire des jérémiades et qui ne jure que par la productivité, la rentabilité et la globalisation.

L’Egypte pharaonique et africaine, faut-il le rappeler, a rayonné trois millénaires durant, avant de tomber sous la domination grecque, romaine et ottomane. Rome a dominé la Gaule et la Grèce dans l’Antiquité avant d’être à son tour, envahie par les barbares et les vandales. Les puissances coloniales européennes ont asservi les Amériques au 15e siècle puis l’Asie, avant de se partager l’Afrique à la Conférence de Berlin en 1884-1885... C’est dire que l’histoire de l’humanité est faite de conquêtes, de guerres de rapine, de domination et d’asservissement.

Les peuples africains doivent enfin devenir des acteurs et non des victimes éternelles de l’évolution de l’humanité. Les intellectuels africains, en tout cas, croient que l’Afrique, ayant été le berceau de l’humanité et ayant été à la base de la première grande civilisation du temps de l’Egypte pharaonique, a un rôle à jouer dans l’avenir de l’humanité. Les économistes les plus avisés du reste ne s’y trompent pas. Pour ces derniers, l’Afrique est la dernière frontière du développement, le dernier réservoir de croissance.

Tout en effet est à construire dans nos pays : routes, ponts, ports, chemins de fer, aéroports, barrages, adduction d’eau potable, plaines agricoles, reboisement, logements, écoles, électrification, télécommunication hôpitaux... Des millions de tâches, de services et d’infrastructures non exécutés, attendent en effet de l’être, afin que notre continent rattrape enfin son retard économique qui le maintient honteusement dans la banlieue du village planétaire.

Comme le dit à juste titre un économiste, "le problème essentiel de la plupart des pays en développement n’est pas la pénurie des ressources naturelles et financières, mais le sous-développement des ressources humaines". Avec l’expansion sans précédent de l’enseignement scolaire et universitaire ces dernières années, avec les formations techniques et professionnelles dispensées à des jeunes de plus en plus nombreux, la qualification des ressources humaines sera une question résolue dans les prochaines années.

Le rôle des générations montantes dans l’avenir du continent est plus que jamais déterminant. Même s’ils ne sont pas toujours satisfaits du fonctionnement démocratique de leur pays et malgré les difficultés rencontrées au quotidien, une large majorité d’Africains restent confiants en l’avenir, selon une enquête rendue publique en fin juillet et rapportée par l’hebdomadaire international Jeune Afrique dans son avant- dernier numéro.

Cet espoir en un avenir meilleur pour l’Afrique est surtout le fait de la jeunesse qui, de mieux en mieux instruite et fière du passé historique à la fois glorieux et humilié du continent, transformera nos sociétés en majorité rurales et traditionnelles en des entités modernes et dignes à l’entrée du troisième millénaire. Il s’agit de construire des économies modernes et fortes qui répondent aux besoins des
populations.

A l’occasion de la Journée internationale de la jeunesse célébrée hier dimanche 12 août, hommage doit être rendu à la jeunesse burkinabè en particulier qui, sous l’instigation du ministère de la Jeunesse et de l’Emploi, fait montre ces dernières années, d’un dynamisme sans précédent de bon aloi : outre les camps-chantiers de reboisement qu’elle organise à cette période propice de l’année, elle participe à des activités sportives et culturelles, anime des associations de développement et prend des initiatives dans le domaine économique et social.

Elle est l’objet, en tout cas, d’une attention particulière dans le programme politique du président du Faso qui se propose "de susciter la participation consciente de la jeunesse burkinabè à la construction d’une nation unie et prospère".

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 13 août 2007 à 14:19 En réponse à : > La jeunesse croit en l’avenir de l’Afrique

    En s’inspirant du concept pédagogique de ce que toute expérience, positive ou pas, doit servir à générer une action positive, M. Konseibo a raison de se poser la question sur la capacité d’une " la rumination de notre passé" et d’une "contemplation de nos malheurs" à sortir le continent de son retard. Je lui dirai seulement que l’oubli ou la non prose en compte de son passé n’est pas que le fait d’une traîtrise et d’une trahison de soi, d’une négation du devoir de souvenir ; ce serait aussi refuser les principes de base de la dialectique : lier le passé au présent, pour concevoir les outils de la construction du futur. Alors, Sarkozy dont je respecte l’intelligence n’aurait certainement pas eu la même lecture des réactions à sondiscours, surtout suite aux réactions constatées à l’analyse faitedes propos "Sarkoziens", par le professeur Sawadogo, une analyse on ne peut plus consistante, claire, et intellectuellement très délctable et digeste et non pas comme les roucoulements répétitifs servis par certains intellectuels).
    Par contre, je suis d’accord avec l’auteur de l’article sur le rôle de la jeunesse dans le développement du pays ; mais je ne suis pas sûr que les facteurs cités pour ce développement sont les meilleurs : les camps chantiers et les bamboulas et autres djandjoba ne sont pas conçus avec les ingrédients d’une efficience, donc d’une pérennisation. Les formations techniques sont elles-même matière à inquiétude:leur qualité, leur relation à l’emploi, la légalité doiuteuse dans la création des établissements d’enseignement technique, la qalité dse créateurs, le pourcentage élevé de la part d’un privé compradore dans l’enseignement technique au Burkina, devraient inciter à son évaluation intégrale. Le système éducatif lui-même dans son entièreté devrait susciter une inquiétude quant son effiiciété au double sens interne et externe : au sens interne (a qualité prendra un coup parce que c’est l’observation de la durée normale dans le cycle qui importe plus Voici une bonne illustration de la politique ddes Ressources Humaines de la Banque Mondiale. Au sens externe, la relation de l’Education au marché du travail eest mnce, parce que la relation à une projection économique e tsciale du Burkina n’est pas faite ; elle n’est pas faite parce qu’il n’y a pas un projet de société clair. Alors tempérons nos enthousiasmes quant on parle de Juenesse, par ce qu’elle restera longtemps à inventer.

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