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Situation alimentaire dans le Sahel : timide installation de la saison hivernale

Publié le mercredi 8 août 2007 à 06h20min

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1. Réalités pluviométriques de ce début de
campagne agricole 2007/2008

De bonnes prévisions pluviométriques sont
annoncées pour le Sahel. Les prévisions
saisonnières et climatologiques mises à jour par
ACMAD (African Center of Meteorological
Applications for Development) confirment qu’une
bonne partie des pays sahéliens connaîtra une
situation pluviométrique normale à légèrement
excédentaire.

Au-delà de ces prévisions saisonnières, la réalité
indique un démarrage difficile de la campagne
agricole 2007/2008 dans l’ensemble du Sahel
avec notamment une pluviométrie irrégulière.

a. Dans certains pays comme le Burkina Faso,
le Mali, le Niger et le Tchad, des
précipitations irrégulières et insuffisantes ont
été observées jusqu’à la 3e décade de juin
2007, ralentissant le rythme des semis en
humide.

b. Dans d’autres pays comme la Guinée-Bissau,
la Gambie, la Mauritanie ou le Sénégal, la
situation n’est guère meilleure et les mêmes
retards de semis sont observés. Au Mali par
exemple, à la date du 20 juin 2007, seulement
16% des semis prévus pour le mil ont été
réalisés, contre 38,63% à la même période en
2006.

Pour le coton, ces pourcentages sont
respectivement de 32,78% en 2007 contre
70,15% en 2006. La situation était
particulièrement critique pour le coton, pour
lequel la période optimale de semis est celle
d’avant le 20 juillet.

Concernant le bétail, les pâturages sont en cours
de régénération ainsi que la reconstitution des
réserves d’eau.

Au regard de cette situation d’ensemble marquée
par des resemis et des stress hydriques à certains
endroits, les possibilités de récupération des
cultures affectées par les faibles pluies dépendront
des conditions pluviométriques des mois d’aoûtseptembre,
comme cela a été le cas pendant
l’hivernage 2006.

Au Niger par exemple, 57% des villages avaient semé à
la fin juin 2007. Une situation légèrement moins bonne
(46%) avait été observée à la même période en 2006.
Cela laisse croire que tout est encore possible dans le
Sahel, en dépit de cette installation difficile de la saison
hivernale.

2. Quelle incidence sur la situation alimentaire
pendant la période de soudure ?

L’analyse de la situation alimentaire faite par les
différentes sources d’information indique que celle-ci
demeure globalement satisfaisante en dépit des poches
d’insécurité alimentaire dans certaines localités.

a. Dans certains pays comme la Guinée-
Bissau, le Niger ou la Mauritanie, ces
poches d’insécurité alimentaire sont
essentiellement dues à des problèmes
d’accès aux aliments.. En Guinée-Bissau par
exemple, le commerce de noix de cajou,
principale source de revenus pour les
populations rurales, connaît toujours des
problèmes. Un contexte présentant des
risques d’aggravation des difficultés d’accès
des populations vulnérables aux ressources
alimentaires.

b. Dans d’autres pays comme le Tchad par
exemple, la situation de conflit constitue un
élément déterminant, avec plus de 140.000
personnes déplacées (IDPs), dont une bonne
partie n’a pas accès à la terre et aux intrants
pour la présente campagne agricole.
Mais la situation alimentaire reste globalement
satisfaisante avec un bon approvisionnement des
marchés. Les prix connaissent des hausses pour
certains produits. Une situation normale en cette
période de soudure, à laquelle s’ajoute la prudence des
producteurs pour la mise sur le marché des anciens
stocks en raison du démarrage tardif de la saison
hivernale.

En conclusion, aucune action d’urgence alimentaire
n’est envisagée en dépit de ce démarrage difficile de la
saison hivernale. Tout laisse croire à une période
d’accalmie générale même si des poches d’insécurité
alimentaire existent bien dans la plupart des pays.

3. Comment renforcer une telle situation ?

Comme cela a été souligné dans la NISA du mois de
juin 2007 (http://www.foodsecurity.
net//medias/File/NISA_10_Juin_2007_Finale.p
df), une situation alimentaire globalement
satisfaisante ne veut en aucun cas dire que la
région est à l’abri des crises alimentaires
localisées.

Par conséquent des actions appropriées sont
nécessaires :
a. Une surveillance accrue des zones à risques
dans les pays en veillant notamment aux
questions d’accès aux aliments, à travers des
actions et mesures visant à : (i) éviter des
ruptures d’approvisionnements et une
flambée des prix des principaux produits
vivriers ; (ii) améliorer les revenus des
populations vulnérables pour leur permettre
d’accéder aux vivres - Cas par exemple de la
Guinée-Bissau où les problèmes liés à la
commercialisation de la noix de cajou
risquent d’affecter négativement les revenus
des populations rurales.

b. Une vigilance accrue également sur les
questions de malnutrition en cette période de
soudure, pour lesquelles tous les pays
sahéliens sont interpellés.

Réseau de Prévention des Crises Alimentaire (RPCA)
Food Crises Prevention Network (FCPN) (www.food-security.net)

Note 11 - Juillet 2007
Note Information Sécurité Alimentaire - NISA

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