LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Côte d’Ivoire : La paix, otage des politiques

Publié le jeudi 2 août 2007 à 07h35min

PARTAGER :                          

La journée de la flamme de la paix, célébrée le 30 juillet 2007 à Bouaké, l’a été en l’absence du président Henri Konan Bédié et du Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara. Des absences qui suscitent des interrogations chez les observateurs de la scène politique ivoirienne.

Pour justifier son absence à Bouaké, le président Konan Bédié a indiqué qu’il n’avait pas reçu son invitation « à temps ». On veut bien croire le président Bédié, mais, la manifestation avait été tellement médiatisée qu’un attachement au formalisme apparaît en l’occurrence déplacé. Et puis, dans le feu de l’action et au regard de l’attentat du 29 juin 2007, la présidence ivoirienne avait-elle l’esprit bien en place pour respecter les commodités administratives et protocolaires ? Un débat en définitive, superficiel à l’analyse des enjeux fondamentaux de cette journée, dont le premier était la « renaissance » de la Côte d’Ivoire. Une nouvelle naissance avec le retour à Bouaké du premier garant de l’Etat, après cinq années d’absence pour les raisons que l’on sait.

Gbagbo a du reste indiqué que c’était l’Etat qui se « trouvait à Bouaké », consacrant la réunification administive et politique du pays et ouvrant la voie à la liberté d’aller et de venir des Ivoiriens. Plus de barrières psychosomatiques donc, et l’on comprend difficilement que Bédié et Ouattara n’aient pas voulu prendre part à cette catharsis collective. On subodorait néanmoins que les deux hommes feraient faux bond, au regard de l’actualité politico-médiatique récente de la Côte d’Ivoire.

Avant que la résolution 1765 du Conseil de sécurité de l’ONU ne vienne mettre fin au mandat du haut-représentant du secrétaire général des Nations unies en Côte d’Ivoire, chargé du suivi des élections, Bédié et Ouattara avaient fait du maintien du poste, une exigence « capitale ».

La suppression de ce poste a été considérée comme une « trahison » avec les rancœurs qui vont avec. Or, l’ONU a agi souverainement et, aussi bien les autorités ivoiriennes que le facilitateur ne pouvaient que prendre acte. On comprend donc difficilement ces philippiques assasines que certains acteurs de la presse ivoirienne ne cesse de leur adresser, instrumentalisées, on s’en doute, par certaines chapelles politiques.

Un jeu dangereux, expérimenté il y a une décennie et qui a conduit la Côte d’Ivoire dans sa situation d’aujourd’hui. Cette même partie de la presse qui accuse Soro d’être de connivence avec Gbagbo pour organiser des élections « tronquées » sur la base d’une identification bâclée, cultive ainsi, les démons de la division et de la haine. Il ne faut en effet, pas présager de la bonne foi de Soro, qui s’est engagé dans le combat politique justement pour faire pièce à l’exclusion.

Ce n’est pas parce qu’il a « grandi » et qu’il se retrouve dans les cercles du pouvoir, qu’il aura des vertiges au point d’oublier d’où il vient. Bien sûr, les sirènes du pouvoir sont puissantes, mais la base de Soro l’obligera à maintenir le cap. Les querelles de clocher sur fond d’egas surdimensionnés devront vite être tues, afin que les uns et les autres s’attellent à l’essentiel, la mise en œuvre de l’Accord de Ouagadougou. C’est le seul combat qui vaille pour l’heure.

Boubakar SY

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique