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Secteur privé : Les sirènes de la politisation

Publié le mardi 31 juillet 2007 à 07h41min

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Le Comité national d’éthique (CNE) n’a pas eu peur des mots. Dans son dernier rapport remis au Premier ministre, ce collège de sages a clairement indiqué que la société burkinabè manque de repères. L’éthique et la morale, qui faisaient sa force d’antan, sont en train de fondre comme neige au soleil. En réalité, le CNE n’a fait qu’enfoncer le clou, d’autres institutions républicaines ayant déjà sonné la sonnette d’alarme.

En effet, bien avant la structure que dirige le Ouidi naaba, le médiateur du Faso, la Cour des comptes, et dans une moindre mesure le Parlement, avaient dénoncé la grave dérive qui menace la morale au pays des Hommes intègres. En un mot comme en mille, le constat est le même : la société burkinabè va à vau-l’eau. Et le principal danger est l’immixtion de la politique dans tous les secteurs d’activités.

C’est vrai que la politisation de l’Administration publique n’est pas un fait nouveau, puisque son ampleur a même conduit à retirer aux pouvoirs publics certaines de leurs prérogatives au profit de la société civile, d’où une forte présence de cette dernière au sein de la CENI, l’institution en charge d’organiser les scrutins électoraux. Certains actes des hommes politiques ont conduit le pays au bord du gouffre. On croyait que les uns et les autres en avaient tiré leçon pour éviter que de pareilles situations se reproduisent.

Erreur de ‘’gaoua’’, les politiques poursuivent leur logique de conquête. Ainsi, après avoir muselé l’Administration publique, ils se lancent maintenant à la conquête du secteur privé.
En effet, ils sont nombreux, ces opérateurs économiques, qui sont des relais d’hommes politiques. Et pourtant, la politisation à outrance de leur business a conduit certains d’entre eux à mettre la clef sous le paillasson. Certains gros bonnets ont déjà payé cash leurs accointances avec le monde politique.

Et comme ils sont des nains politiques, ils sont incapables de tirer les leçons qui s’imposent. Les observateurs craignent, avec juste raison, que cette ‘’intrusion’’ ne jette un discrédit sur le monde des affaires en général, surtout avec les élections consulaires qui s’annoncent pour le 29 juillet. Tout semble indiqué que la consultation sera biaisée par des manœuvres souterraines visant à placer aux postes clefs de la Chambre de commerce des ‘’marionnettes’’ d’hommes politiques, en foulant au besoin aux pieds les textes sur les conditions d’éligibilité. Des gourous politiques seraient donc en train de tirer les ficelles dans l’ombre, mettant ainsi en péril l’activité économique du pays.

Tout le monde a conscience que le milieu des affaires ne fait pas bon ménage avec la politique politicienne. Si d’aventure les acteurs du secteur privé se laissaient entraîner dans cette galère des guerres politiques, c’est le lendemain économique du Burkina qui serait compromis, et pour cause ! Ceux des opérateurs économiques qui se sont engagés en politique n’y tireront aucun avantage pour la prospérité de leurs affaires. Tout au plus, ils transfèreront les querelles byzantines des politiques dans les sphères économiques. Toutes choses qui font planer des dangers sur la Chambre de commerce.

Dans l’immédiat, les opérateurs économiques doivent comprendre que leur avenir se joue avec les prochaines élections consulaires. La crédibilité de la Chambre de commerce dépend en partie de la bonne tenue de ces élections qui devraient permettre de responsabiliser les femmes et les hommes à même d’insuffler à l’économie burkinabè le dynamisme nécessaire à son rayonnement. A contrario, si la politique s’installe dans cette instance, il en sera fini de son indépendance et de sa capacité à être une structure de promotion du secteur privé.

Adam Igor

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 31 juillet 2007 à 16:31, par internaute anonyme En réponse à : > Secteur privé : Les sirènes de la politisation

    Vous avez dit politisation du secteur privé ? Cela est, et a toujours été ainsi sous tous les cieux : de l’Afrique à ... l’Occident ! Eh oui ! Penser que le secteur privé échappe ou peut échapper aux politiques, c’est vivre totalement dans l’utopie ! En effet, il est de notoriété publique, en tous cas dans le milieu des affaires, que certains appels d’offres de marchés, bien souvent les plus juteux pour les entreprises bénéficiares, ne peuvent être obtenus si l’on n’est pas bien introduit dans certains milieux sectaires et potilico-mafieux ! Que peut-on alors faire contre ce phénomène ? Pas tellement grand-chose ! Sauf simplement à le réduire à sa valeur minimale à travers un dispositif juridique très strict ! Sinon, il est illusoire de chercher à l’éradiquer totalement ! Car au-délà des inétrêts financiers, il est d’abord question d’un ... état d’esprit ! Hélàs, oui !

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