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Côte d’Ivoire : Attiser la flamme de la paix

Publié le mardi 31 juillet 2007 à 08h06min

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Guillaume Soro et Laurent Gbagbo

Plusieurs chefs d’Etat africains ont assisté hier 30 juillet à Bouaké, au centre de la Côte d’Ivoire, à une cérémonie symbolique de désarmement baptisée "Flamme de la paix". Invités par le président ivoirien Laurent Gbagbo pour qui c’était la première visite en zone rebelle depuis le début de la crise en 2002, ses illustres hôtes ont sans aucun doute mesuré la volonté du peuple ivoirien à tourner définitivement le dos à la guerre.

Du reste, la ruée de milliers de jeunes Ivoiriens - venus des quatre coins de la Côte d’Ivoire - vers le point de ralliement que constituait Bouaké, était suffisamment révélatrice de leur désir longtemps resté inassouvi, de voir se refermer définitivement voire s’arracher, cette page sombre de l’histoire de leur pays. Une histoire qui rappellera tout de même qu’à un certain moment, populations du nord et celles du sud se sont retrouvées au centre de la Côte d’Ivoire pour entonner à l’unisson le couplet de la réunification !

On aura donc compris que le pays de Félix Houphouët Boigny avait sérieusement mal à sa partition. Un mal dont les inflammations continuent d’être douloureusement ressenties par les populations quelle que soit leurs appartenances ethnique, linguistique et géographique.

Car, à la persistance de la crise économique qui sévit en ce moment en Eburnie, s’est ajoutée une réelle dégradation des conditions de vie des Ivoiriens, due notamment à la difficulté pour eux de circuler librement d’une zone à l’autre. C’est tant mieux donc si l’heure paraît être à la réconciliation des coeurs, si les Ivoiriens veulent se donner la main et s’ils sont animés de réelles intentions de regarder à l’avenir dans la même direction. C’est tant mieux aussi s’ils ont suffisamment tiré les leçons du passé pour s’inscrire dans l’unique trajectoire du bien.

Toujours est-il que le 30 juillet 2007, ils ont, d’une même main et dans une ambiance festive, allumé la flamme de la paix, de la Fraternité et de l’unité. Un symbole qui vient s’ajouter à de précédents symboles de réconciliation entre le nord et le sud ivoiriens. Si l’acte constitue en soi un pas dans la bonne direction, la "Flamme de la paix" ne doit toutefois pas faire oublier aux Ivoiriens en quête de réconciliation et de paix véritables, son caractère purement symbolique. Autrement dit, ils devraient toujours garder à l’esprit que la cérémonie du 30 juillet 2007 n’a traduit qu’une volonté réaffirmée d’aller à une paix définitive. Ce qui n’est pas à confondre avec une paix retrouvée.

La "Flamme de la paix" doit donc être entretenue voire attisée. Elle doit être celle qui brille dans les ténèbres maléfiques. Elle doit être celle qui guide le chemin dans le fourré des pièges qui menacent d’assombrir le ciel ivoirien. Elle doit contribuer à lever les obstacles civils et militaires à l’unité et la fraternisation. Enfin, elle doit dissiper les craintes de violences, afin que plus jamais la Côte d’Ivoire ne soit si près du précipice, à l’image de la tentative d’assassinat manqué contre le Premier ministre ivoirien en juin dernier, qui a failli la plonger dans le chaos.

Il reste évident que le train de la réconciliation ne se mettra pas à l’abri d’un déraillement si le chemin menant à la paix est uniquement pavé de symboles. Après les symboles, il faudra nécessairement passer aux actes et à ce propos, l’une des meilleures garanties d’une paix durable en Côte d’Ivoire réside dans le désarmement et l’organisation effective des élections, comme le prévoit l’accord de Ouagadougou. Encore faut-il que les ennemis d’hier qui acceptent aujourd’hui de s’asseoir autour d’une même table, travaillent dans un climat de confiance réciproque. Car, tant que subsistera la suspicion, toutes les cérémonies organisées jusque-là courent le risque de ne rester qu’au stade élémentaire des symboles.

L’attentat manqué contre Guillaume Soro a causé un certain retard dans le chronogramme de l’accord de Ouagadougou. Ses conséquences peuvent quelque part toujours influer sur l’avancée du processus de paix. C’est pourquoi les autorités devraient faire la lumière sur cet attentat, en tirer toutes les conséquences, et veiller à ce que les résultats des enquêtes nationales et internationales soient rendus publics dans des délais raisonnables.

En tout état de cause, tous les Ivoiriens doivent enfin ouvrir les yeux et accepter de mobiliser leurs énergies pour offrir à la Côte d’Ivoire, leur patrie, ses chances de se réconcilier avec elle-même. Si tant est qu’ils aiment réellement leur pays.

Le Pays

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