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Cuba-Etats-Unis : Vers le dégel ?

Publié le lundi 30 juillet 2007 à 07h40min

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Le désir de rapprochement du régime cubain avec Washington se fait de plus en plus persistant, notamment avec la dernière sortie de Raul Castro, président par intérim depuis un an dans l’île, suite à la dégradation soudaine de l’état de santé de son frère aîné, Fidel Castro. Pour la troisième fois consécutive en l’espace d’une année, le régime cubain sous l’ère Raul, a réaffirmé sa volonté de dialogue avec Washington.

Même si dans son offre du 26 juillet dernier à l’occasion de la fête nationale du pays, le leader cubain écarte d’emblée l’actuel régime américain de George W. Bush, jugé "rétrograde et fondamentaliste", pour s’adresser, dans l’attente d’un dialogue civilisé, au futur président américain qui sera élu courant novembre prochain, il demeure que cette nouvelle attitude des autorités cubaines sonne comme une volonté d’améliorer les relations tendues avec Washington. Mais, en renvoyant les autorités cubaines à leurs propres populations, réclamant qu’elles dialoguent d’abord entre elles, le régime Bush montre son mépris vis-à-vis des autorités de l’île.

Cependant, depuis le virage à gauche de Castro, après le déferlement de ses partisans des collines de la Siera Maestra en 1958 pour renverser, avec la bénédiction américaine, le régime dictateur de Batista, et la vive tension qui a longtemps caractérisé les rapports entre les deux pays, l’appel du pied de Raul Castro s’annonce comme une première. Déjà, certains y voient le début d’un possible dégel dans les relations entre les deux rives de la Floride.

Reste que les habitués des traditionnels discours guerriers et hyper hostiles aux Etats-Unis, les Cubains castristes, auront du mal à s’accommoder d’une telle donne.

Quels seront les termes d’un éventuel rapprochement entre Américains et Cubains ? Quelle concession chaque camp sera-t-il prêt à faire ? Le communisme cubain survivra-t-il à Castro ? L’embargo américain aura-t-il finalement raison du dernier bastion du socialisme ? Ce sont là autant de questions auxquelles il faudra trouver réponse en cas de rapprochement effectif.

Après tant d’années de résistance, après avoir bravé, voire banalisé cet embargo américain, le peuple cubain est, selon toute apparence, sur le point de plier l’échine. Mais pouvait-il en être autrement face à un monde de plus en plus globalisant où le rouleau compresseur du capitalisme tourne à plein régime et lamine tout sur son passage ? Cuba pouvait-elle continuer indéfiniment à faire cavalier seul dans cette voie parsemée d’embûches ? Assurément non, surtout pas dans cette ère qu’on pourrait baptiser d’"ère des ouvertures", où de vieilles pointures du communisme comme la Chine, la Russie et autres ont pratiquement fini d’opérer leur mue pour s’adapter à "l’air du temps". En tous les cas, l’inimitié ne saurait être éternelle et il faudra bien un jour y tourner le dos.

Cela étant, Fidel Castro n’aura pas vécu pour rien. Son combat n’aura pas été vain. D’autant que le Lider Maximo et son peuple auront montré à la face du monde tout le poids dévastateur de l’unilatéralsisme et de l’impérialisme américains. Il aura dignement joué sa partition, même si la nouvelle donne politique internationale appelle de nouvelles approches au regard des "changements structurels" qui s’imposent à Cuba.

Il est clair que Fidel Castro et son peuple auront su dire non aux Américains jusqu’au bout. Ces derniers ayant, sans succès, usé de toutes sortes de manèges et de pièges pour pousser le Lider Maximo hors de la scène.

Mais s’il y a une catégorie de personnes qui se réjouiraient de la fin du système castriste, hormis les Américains et beaucoup de leurs alliés, ce sont certainement les Cubains de Floride. Ces exilés anti castristes qui ont dû quitter l’île sous la répression du "commandante" et qui s’impatientent depuis des décennies de l’autre côté de la rive de voir la fin du "règne", synonyme de la fin de leur exil.

Mais il faudra encore attendre que le régime Bush s’en aille en novembre, comme le prévoit Raul Castro. En revanche, parmi ceux qui ne seront guère enchantés par ce revirement de situation à Cuba, figure sans aucun doute le président vénézuélien Hugo Chavez. Ce sera certainement un coup dur pour l’ami et l’allié de Castro, porte-flambeau de l’anti-unilatéralisme américain dans la région, qui jure de continuer l’oeuvre de Castro même après sa mort.

Le Pays

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