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Présidentielle 2005 : L’opposition donne un spectacle d’éternel - vaincu

Publié le lundi 17 mai 2004 à 07h50min

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La présidentielle de 2005, pour l’opposition burkinabè, surtout pour sa fraction radicale est jugée et appréciée comme une question de vie ou de mort politique. Il y a ceux qui veulent en découdre avec Blaise Compaoré à la régulière par les urnes et ceux qui affirment tout de go "J’ai affaire à Blaise Compaoré".

Duel guerrier ou duel politique ? C’est selon. L’air du temps est plus au duel guerrier, faisant ainsi glisser la politique sur le terrain de la "guerre". Et pour cela, les partisans d’une telle vision ne restent pas les bras croisés.

"Des empêchements absolus" à "la désobéissance civile" tout ce qui peut conduire à la guerre politique est privilégié.

Mais ces extrémistes ont-ils les moyens de leur ambition ? Après avoir perdu la bataille des "empêchements absolus" et celle de la révision du code électoral, l’opposition burkinabè ne sait plus où donner de la tête. Tout ou presque lui échappe. L’opinion nationale est de plus en plus critique face à ses incohérences tactiques et stratégiques. Mieux, à l’approche de l’échéance présidentielle de 2005, elle prône une union sacrée, qui se traduit sur le terrain par des déchirements et autres méchancetés dont elle seule a le secret pour se disqualifier.

A l’opposition, le consensus est un vain mot. L’union est introuvable, même celle de façade. Là où les Burkinabè attendent une opposition conquérante et offensive, ils découvrent une opposition conservatrice et défensive.

En effet, en lançant le mot d’ordre de candidats consensuels, elle a provoqué les querelles intestines qui démontrent éloquemment que face à la présidentielle de 2005, elle s’est rapprochée, pour mieux illustrer sa division. La Convention panafricaine sankariste (CPS) est dans la tourmente, l’Union pour la renaissance Mouvement sankariste (UNIR/MS) lave son linge sale devant les tribunaux, l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) a perdu tous ses repères idéologiques, le Parti pour la démocratie et le progrès/Parti socialiste (PDP/PS) observe et calcule, l’Opposition burkinabè unie (OBU) joue "solo"... Avec un tel tableau que peut-on attendre d’elle ?

L’opposition burkinabè travaille contre elle-même. Et comme le souligne l’un de ses leaders, en l’occurrence Laurent Bado : "Ce n’est pas le pouvoir qui est fort. C’est l’opposition qui est faible". Cette faiblesse est tellement criante que le pouvoir n’a pas besoin de sortir ses tripes pour remporter les batailles électorales.

En vérité l’opposition burkinabè se met en difficulté toute seule. Jamais, elle n’a cherché à se donner les moyens pour vaincre par la voie démocratique. Tout en se voulant républicaine, elle donne l’impression qu’elle ne viendra à bout du pouvoir que par des méthodes anti-démocratiques. En son sein, tous croient qu’ils peuvent être des têtes couronnées.

Et la politique étant ce qu’elle est, aucun ne veut dérouler le tapis rouge pour l’autre.

Aujourd’hui, notre opposition paie cash son long concubinage avec la société civile. En mal de stratégie et en manque de leader inconstesté, elle ne donne pas l’image d’une véritable force d’alternance politique. D’abord, elle doit faire la preuve de sa consistance et de sa cohésion en dehors du "Collectif" de Halidou Ouédraogo.

Son dernier meeting dit de "la vérité", indique que notre opposition est en panne d’idées et se laisse aller à des déclarations incendiaires.

Au lieu de faire l’union pour une candidature unique de l’opposition, elle la fait pour rejeter celle de Blaise Compaoré, tout en sachant que ni politiquement, ni juridiquement, ni constitutionnellement elle ne peut s’opposer de manière légale à cette candidature.

Ce spectacle d’éternel vaincu que donne l’opposition burkinabè est la seule vérité qui mérite réflexion.

Le temps passe, elle doit aller vite au risque de connaître sa mort politique avant les échéances présidentielles de 2005.

Par Michel OUEDRAOGO

Sidwaya

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