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Institutions de contrôle : Le mérite d’ausculter, le défaut de remédier

Publié le lundi 23 juillet 2007 à 08h49min

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Remise du rapport du Médiateur du Faso au chef de l’Etat

Avec le retour à une vie constitutionnelle normale en 1991, le Burkina Faso s’est rendu compte que son émergence démocratique, politique, sociale et économique réside aussi bien dans la mise en place d’institutions et de structures de régulation, de moralisation ou de contrôle de la vie publique que dans l’application des recommandations de celles-ci.

Tirant parfois leçon de certains dysfonctionnements ou crises, les dirigeants actuels ont créé l’Inspection générale d’Etat (IGE), la Cour des comptes (CC), le Médiateur du Faso, le Comité national d’éthique (CNE), la Haute autorité de coordination de la lutte contre la corruption (HACLC), le Conseil supérieur de la communication (CSC)... Pour ne citer que ces instances-là.

De belles tribunes pour la promotion de la démocratie où des femmes et des hommes “se défoncent” pour investiguer, prospecter, traquer ou imaginer en vue d’attirer l’attention des Burkinabè sur certaines dérives et les ramener sur le droit chemin. La semaine dernière a alors connu un ballet de remise des rapports de ces institutions soit au président du Faso, soit au Premier ministre.

Chaque structure a décelé des maux et formulé des recommandations. “Peine perdue”, pourrait-on dire. Si les contenus de certains rapports sont rendus publics -vagues et n’incriminant personne ou aucun service- d’autres sont tenus dans le secret absolu. Pourtant, ils mettent à nu des cas avérés de détournements de deniers publics, de mal gouvernance, d’absentéisme, de corruption, de pratiques immorales, de mauvaises gestion et utilisation de fonds alloués...

A la fin, tout est scellé, pour on ne sait, à quelles fins. Aucun couperet ne plane sur la tête d’aucun coupable. Ausculter sans remedier. Les responsables en charge des structures ont beau dénoncer le mutisme de l’Etat face à leurs recommandations, tirer la sonnette d’alarme, les pouvoirs publics continuent “d’enterrer le mort en laissant ses pieds dehors”. Toutes les valeurs jadis reconnues aux Voltaïques puis aux Burkinabè s’estompent sans que rien ne soit entrepris pour arrêter la déchéance.

Rien n’est plus dangereux pour un pays où les citoyens commettent en toute sérénité des délits, convaincus de n’être jamais inquiétés. Cette passivité conduit à coup sûr la gestion du pays dans le gouffre et la nation toute entière dans l’abîme. Et cela, à l’image d’un malade sentant de terribles douleurs menaçant sa vie, “se sacrifie” à hauteur de millions de FCFA pour le diagnostic de son mal auprès d’un médecin et rechigne à prendre les médicaments ou à appliquer le traitement.

Or, il sait bien lui-même que la découverte de sa pathologie peut précipiter, par faiblesse psychologique ou morale, sa mort ou décourager amis et connaissances. Se consulter, c’est bon ; se soigner, c’est encore mieux. Fort de cela, l’on se demande parfois à quoi sert de créer des institutions, de leur confier des missions, de les doter de sièges et de budgets colossaux pour enfin ranger leurs résultats (fruits précieux de durs labeurs) dans les tiroirs.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 23 juillet 2007 à 14:51 En réponse à : > Institutions de contrôle : Le mérite d’ausculter, le défaut de remédier

    Le triste constat que vous faites ici est une realite et tous les burkinabe sont conscients de cette situation. Vous savez quoi, meme ceux qui commanditent et recoivent ces differents rapports en sont conscients. Mais la question qu’on peut etre amener a se poser c’est la raison pour laquelle ces rapports restent sans suite ? Pour moi cela est du au mepris que les autorites ont pour le peuple. C’est un mepris parce que nos autorites nous font croire que nous sommes dans une democratie avec des institutions republicaines qui fonctionnent, mais lorsque ces institutions mettent a nu les maux qui gangrenent les services administratifs, les societes d’Etat, la vie sociale et politique, ces memes autorites decident de fermer les yeux et de faire comme si tout allait bien.

    Tout cela se resume a la culture de l’impunite que notre pays a si bien installee au cote de la culture de la democratie. Cette impunite erigee en systeme de gouvernance est un ver de terre qui se trouve au milieu de notre democratie et qui finira par la detruire.
    Malheureusement les perdants dans tout cela s’est toujours la pauvre population

    • Le 23 juillet 2007 à 23:31, par KgB En réponse à : > Institutions de contrôle : Le mérite d’ausculter, le défaut de remédier

      Avant meme de parler de recommandations de comite, parlons de nos simples lois, de notre constitution. Tous les jours il ya des violations insupportables, mais on circule, rien a noter au village. Meme les simples peages aux sorties de nos villes sont boycottes par les memes mogopuissants. Quelque soit l’honnetete d’un policier burkinabe, il sait qu’il ya une categorie de gens a qui vaut mieux ne pas avoir affaire : car s’ils ne vous humilient pas en public, ils cableront sur le champs votre "chef" qui va donner l’ordre de laisser aller.

      Dommage que beaucoup de gens aient resume la Democratie aux elections seulement. Tous ceux qui crient fort au sujet de cette "brillante democratie" n’ont rien d’autres a dire que de s’en tenir a la succession des elections ( encore que l’organisation de celles-ci laisse a desirer). Il ya quelques annees, la presse a evoque le cas d’un membre du gouvernement qui ne payait pas ses factures et il n y avait personne pour lui suspendre le service. C’est aussi ca l’autre facette de notre democratie, malheureusement il faut qu’on en parle, ce n’est pas une d’"aigri".

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