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Réconciliation nationale au Togo : Les législatives se dessinent

Publié le lundi 23 juillet 2007 à 08h08min

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La septième session du Comité de suivi de l’Accord politique global togolais tenue à Ouagadougou, le 20 juillet 2007, a évalué la mise en œuvre de l’Accord et fait des recommandations pertinentes pour une tenue diligente des législatives.

Prévues pour se dérouler le 24 juin dernier, puis le 5 août prochain, les élections législatives togolaises devraient finalement avoir lieu dans la deuxième quinzaine du mois de septembre. C’est ce qui ressort des propos tenus par le président du Comité de suivi, Blaise Compaoré, à l’issue d’une session qui aura duré un peu plus de neuf heures d’horloge. C’est que, la périodicité nouvelle de la tenue de la session n’aura pas été respectée, en raison de contingences diverses tant du côté togolais que burkinabè (remaniement ministériel, calendrier très chargé du facilitateur).

Dans "l’entre-deux", le gouvernement togolais n’aura guère chômé dans la mise en œuvre de l’Accord ainsi que le rapport du ministre Gilbert Bawara au Comité de suivi le laisse voir. Ainsi, la création, la formation et le début du déploiement de la Force de sécurité des élections législatives (FOSEL 2007) sont effectifs tout comme la recomposition de la Cour constitutionnelle et la poursuite du traitement de la question de l’impunité.

Le gouvernement s’emploie également au retour des réfugiés et a adopté le décret fixant la période du recensement électoral dont les opérations ont démarré le 16 juillet 2007.

D’autres actions telles la vulgarisation du code de bonne conduite auprès des partis politiques non signataires de l’Accord politique global, la poursuite des réunions hebdomadaires de concertation entre la CENI, le gouvernement et les partenaires techniques sur l’état d’avancement du processus électoral et la poursuite du programme national de délivrance des cartes nationales d’identité ont été posées. Cependant, au regard des difficultés pratiques constatées sur le terrain, le Comité de suivi a invité la CENI "à réactualiser son chronogramme pour tenir compte de l’état d’avancement du processus de recensement électoral".

Aussi, cette institution devra préciser dans les meilleurs délais, les modalités techniques du scrutin législatif afin de favoriser l’information et la sensibilisation des acteurs politiques et des électeurs. Après des réflexions et recommandations tendant à favoriser la cohésion et la réconciliation nationale et à créer les conditions pour la tenue des élections dans un climat politique et social apaisé, le comité a accueilli "favorablement" la décision de la CEDEAO d’envoyer une mission de contact sur la sécurité des élections législatives au Togo.

Après que le facilitateur Blaise Compaoré, a insisté sur la nécessité pour toutes les parties de "concentrer leurs efforts sur la bonne tenue des élections législatives dans les délais réalistes", le Comité de suivi a levé sa séance, fixant sa prochaine session à la date du 10 août 2007 à Ouagadougou.

Boubakar SY
Yolande GOUNABOU
(Stagiaire)


Législatives au Togo : la bonne foi ne se présume pas

Les reports successifs de la tenue des législatives au Togo amènent de plus en plus les observateurs à conjecturer sur la "bonne foi" du président togolais Faure Gnassingbé quant à la tenue effective de celles-ci dans des conditions de transparence et d’équité. Faure, dit-on, "joue avec le temps et les nerfs des opposants" pour se donner in fine, tous les moyens pour organiser des élections "sur mesure" à l’issue desquelles, il triompherait sans coup férir.

Si le passé politique du pays et "l’origine" de l’actuel président du Togo peuvent ouvrir la voie à toutes les supputations, force est de reconnaître que dans le cas d’espèce, nous ne sommes pas loin du procès d’intention, avec la volonté manifeste de nuire. Il n’est, en effet, pas superfétatoire de rappeler que Faure Gnassingbé tient bien en mains tous les leviers du pouvoir au Togo et qu’il aurait pu, avec des opposants complaisants, organiser une mascarade électorale qui légitimerait son pouvoir. Bien sûr, certains évoqueront la "vigilance" de la communauté internationale pour balayer cette hypothèse du revers de la main, ce qui démontrerait la connaissance superflue qu’ils ont des oppositions africaines.

Ventrales pour la plupart et se résumant bien souvent en la personne des leaders des partis ainsi que de quelques inconditionnels, ces oppositions à de rares exceptions près, ne sont pas encore parvenues à se poser en alternatives crédibles. Le Togo n’échappe pas à la règle, avec une opposition "auto-reverse" avec laquelle, tous les compromis sont possibles. Faure aurait pu donc emprunter cette courte voie, mais le souci de bâtir une démocratie véritable au Togo l’a amené à s’ouvrir à ses opposants et à l’extérieur, notamment le Burkina Faso. Plutôt donc que de discuter sur sa "nature" démocratique, il faut jauger ses actes.

Et, à l’analyse de ceux-ci, on peut affirmer qu’il a fait de grandes concessions pour l’avènement d’un régime véritablement démocratique au Togo. Gouvernement d’union nationale (duquel l’UPC s’est auto-exclue), recomposition de la Cour constitutionnelle, mise en place de la CENI, traitement de la question de l’impunité, retour des réfugiés, élaboration d’un code de bonne conduite, autant d’actes et de faits qui illustrent cette volonté. On retiendra que Faure s’est déplacé jusqu’en Italie pour y rencontrer Gilchrist Olympio, son opposant le plus résolu, afin d’enterrer les vieux démons.

Et, ledit Olympio s’est rendu à Lomé pour un bref séjour ; ce qui est un événement majeur, compte tenu des antécédants. Quitte donc à faire de la prose, autant broder sur tous ces efforts déployés par un homme qui, nous insistons, n’avait pas "le feu aux fesses" nonobstant l’élection présidentielle houleuse d’avril-mai 2005. La réconciliation est donc inexorablement en marche au Togo.
Boubakar SY


Propos d’après rencontre

A l’issue de la tenue de la septième session du Comité de suivi de l’Accord politique global intertogolais, le facilitateur Blaise Compaoré ainsi que le président de la Convention démocratique du peuple africain (CDPA) Léopold Gnininvi nous livrent leurs impressions.

Blaise Compaoré, président du Faso : On s’est surtout félicité des avancées constatées car comme vous le savez, ces dernières semaines le processus a été confronté à des difficultés de divers ordres qui ont été maintenant levées. Comme vous l’avez suivi, le processus de recensement électoral est enclenché. Il reste maintenant à finaliser l’atteinte de l’objectif capital pour le Togo à savoir les élections législatives qui doivent être organisées au regard des dispositions constitutionnelles actuelles, c’est-à-dire avant la fin du mandat du parlement. Ce qui veut dire au plus tard le 22 octobre de cette année.

Dans l’ensemble, nous nous réjouissons des tâches accomplies à la fois par le gouvernement et par la CENI. Même la bonne disposition des partis politiques qui, en dehors d’un certain nombre d’incidents limités au niveau de la bonne conduite des parties signataires et des acteurs politiques au Togo, on se rend compte que tout se déroule normalement.

Dans le chronogramme, nous avons recommandé à la CENI de préciser un certain nombre de choses dont la réactualisation dudit chronogramme qui doit voir le jour très prochainement afin que les acteurs politiques et les partis puissent bien se préparer. Mais ce qu’il faut se dire, c’est que nous avons comme cap cette fin de mandat de l’Assemblée actuelle qui est fixée au 22 octobre. D’ici là, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas tenir dans ce calendrier.

Léopold Gnininvi, président de la CDPA (Convention démocratique du peuple africain) : On discute librement dans le Comité de suivi et le président du Faso laisse les gens s’exprimer amplement. Cela n’a pas été plus difficile que d’ordinaire. Nous, nous sommes là pour créer la confiance au sein du peuple. C’est vrai qu’entre acteurs politiques, il faut qu’il y ait la confiance. Nous sommes dans un climat favorable pour aider au retour de la confiance entre les togolais.

C’est à cette tâche que nous nous attelons chaque fois que nous nous rencontrons. La constitution a fixé un délai pour la tenue des élections ; tel que les choses se déroulent, je pense que nous pouvons tenir dans ce délai à savoir dans les trente (30) jours qui marquent la fin du mandat de l’Assemblée actuelle, c’est-à-dire que si c’est le 22 octobre, il faudrait quand même tenir les élections à la mi-septembre.

Propos recueillis par Yolande GOUNABOU
(Stagiaire)

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