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ABC contre AJC BC : Un combat par procuration

Publié le jeudi 19 juillet 2007 à 07h58min

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Avant la présidentielle, les débats faisaient rage quant à la possibilité ou non qu’avait Blaise Compaoré de briguer un nouveau mandat. Des juristes ont épluché la Constitution pour y déceler le pour et le contre. On est mémoratif de la démonstration fort réussite du juriste Augustin Loada qui avait bâti son argumentaire sur une fiction qui ne trompait personne quant aux allusions avec le cas du Burkina.

Puis, sans qu’on y comprenne quelque chose, le juriste que certains du pouvoir vouaient aux gémonies, est rentré dans les rangs. Blaise Compaoré a finalement passé haut les mains à la présidentielle.

Mais quand les débats étaient houleux, on a vu naître une association se réclamant de la jeunesse qui souhaite que Blaise Compaoré soit candidat à sa propre succession.
Pratiquement au berceau, cette association a eu les moyens de faire le tour du Burkina pour mobiliser les foules afin de convaincre Blaise Compaoré à se représenter. Ainsi Salif Kaboré, le président et son Action des jeunes pour la candidature de Blaise Compaoré (AJCBC) ont occupé en sorte de pré campagne les « Unes » des médias qui ont rendu compte à flots leurs meetings un peu partout dans le Burkina.

La TNB leur a rendu énormément de service en diffusant à tout bout de champs les activités de l’AJCBC. Cette entrée tonitruante de l’AJCBC dans la faune politique burkinabé ne pouvait pas manquer de susciter des interrogations. Il n’y avait pas de doute, un bonze se cachait derrière l’AJCBC. Mais qui ? Cette question va trouver réponse lors de la campagne présidentielle grâce à l’autre mamelle du pouvoir à savoir les « ABC » (Amis de Blaise Compaoré). Les Amis du président du Faso qui étaient en hibernation se sont réveillés.

Ils ont mis en place un siège de campagne pas loin de l’aéroport de Ouaga. Et dans les discours de leurs chefs, on a vite compris que les deux structures étaient le style « je t’aime moi non plus ». Du coup, on n’avait pas besoin de faire « Science-Po » pour comprendre que c’était encore la guerre de leadership entre les deux clans rivaux au sommet, celui de l’Ayattolah et du petit président. On savait les « ABC » apparentés au petit président, et pour faire pièce à cette structure l’Ayattolah aurait permis la création de l’AJCBC. Ainsi un but partout.

A sa création, l’AJCBC avait un handicap à savoir se battre pour que Blaise Compaoré soit candidat à sa propre succession. Mais après ? En principe elle devrait disparaître le jour même où le Conseil Constitutionnel a accepté la candidature de Blaise Compaoré.

Mais les membres de l’AJCBC ont argué qu’il fallait leur permettre d’aider le candidat Blaise Compaoré à assurer une victoire éclatante. Ce fut fait et depuis un bon moment, l’AJCBC était en hibernation, son président se consacrait entièrement à son amour, le journalisme sportif. Seulement voilà, il y a quelques jours de cela, Salif Kaboré et son association ont refait surface avec dans la poche du président Salif, une nouvelle donne. L’AJCBC tout en gardant son sigle change néanmoins d’objectif.

Désormais, l’AJCBC n’est plus une association qui lutte pour la candidature de Blaise Compaoré, mais elle devient Association des jeunes pour la construction avec Blaise Compaoré. C’est toujours le même sigle AJCBC, la même homophonie, seulement les intérêts ont changé. Selon le président de la new AJCBC, lui et ses sympathisants sont les manœuvres de Blaise Compaoré ; ceux-là qui aident les maçons à construire.

Du coup, cela révèle au grand jour la bagarre par procuration entre l’Ayattolah et le petit président. Aucun d’eux ne veut laisser le terrain à l’autre. Les ABC travaillent en sous main pour le petit président et l’AJCBC œuvre sous couvert L’ayatollah. Voilà pourquoi, le 15 octobre prochain aura un triple intérêt. Les ABC vont fêter les 20 ans de règne de leur ami. L’AJCBC de son côté prépare activement le 15 octobre 2007, les 20 hivernages de Blaise Compaoré au pouvoir. La nouvelle démarche de l’AJCBC, à part son caractère essentiel qui est de contrer ce positionnement du petit président ne semble pas être bien préparée.

Au début, le slogan de l’AJCBC était : « nous n’avons pas de pétrole mais nous avons Blaise Compaoré ». Ce slogan arrière gardiste n’avait convaincu personne sauf ses créateurs. Aujourd’hui, l’AJCBC vient avec un autre slogan « Blaise Compaoré 20 ans « n’est rien ». Pour des jeunes qui se disent aides-constructeurs, ou manœuvres ou apprentis c’est selon, un tel slogan fait pleurer. Veulent-ils être éternellement des apprentis, des manœuvres, corvéables et malléables à merci qu’ils ne s’y prendraient pas autrement ? Voici une association qui prône le pouvoir à vie en ce 21e siècle. C’est triste.

Mais en réalité, ce slogan des temps révolus indique les problèmes politiques de fond au sein de l’appareil dirigeant. Aujourd’hui au sein du pouvoir les uns et les autres se sont enrichis, ils ont des dents longues et accérées, des ambitions sont nées. Le refus de la centralisation géographique du pouvoir se fait ressentir, le syndrome « Eyademiste » est craint. D’où des combats à peine feutrés entre « soldats originaux » et « saprophytes ». Un clan pointe son nez ? On joue à la stratégie de la courte échelle pour le lui raccourcir au plus vite. Il en sera ainsi jusqu’à la nuit des longs couteaux qui se prépare activement.

K.K

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 19 juillet 2007 à 13:01, par Yamyélé En réponse à : > ABC contre AJC BC : Un combat par procuration

    Merci Mr le journaliste d’avoir fait allusion aux ’’soldats originaux’’ comme moi qui a été oublié par ses camarades depuis la naissance de l’ODP/MT et aux ’’saprophytes’’ venus en masse en 1996, puis aux autres par la suite et qui ont tout pollué. De plus en plus, je suis poussé vers la périphérie alors que je ne mérite pas celà pour avoir farouchement combattu pour l’implantation de l’ODP/MT au moment où beaucoup se cachaient et évitaient même de s’afficher être du parti du Président par peur d’un changement brusque.

  • Le 22 juillet 2007 à 14:29, par lefougeni En réponse à : > ABC contre AJC BC : Un combat par procuration

    Salut à tous. Démonstration pertinente du journaliste. Je pense à la suite de l’auteur que le nœud du problème réside dans la l’alternance du pouvoir.

    Il faut que les burkinabé arrêtent de louvoyer et de se mentir à soi. Le culte de la personnalité n’a jamais construit une democartie. C’est toujours l’échelle courte pour se hisser au sommet et s’installer ainsi dans la médiocrité.

    Et le peuple doit travailler à l’enracinement d’une véritable démocratie dans ce pays qui se veut celui des hommes intègres.

  • Le 25 juillet 2007 à 17:52, par Un optimiste inquiet En réponse à : > ABC contre AJC BC : Un combat par procuration

    ABC ou AJCBC, Petit président ou Ayatollah sachez que le seul mérite que l’histoire vous reconnaîtra ce sera d’avoir aider Blaise à "tater ce que le long pouvoir l’empêche de voir", lui dire à haute voix, ce que ses ministres murmurent tout bas loin de lui : la crédibilité intérieure du système est à son niveau le plus bas.

    Tenez : le peuple a de plus en plus tendance à se venger lui-même ; les responsables deviennent des cervaux de fraude massive ; des officiers mettent leurs armes en gage pour boire la bière ; dans les campagnes on dit qu’il n’y a désormais qu’une seule chose interdite au faso : convoiter le fauteuil de Blaise ; et dans cette amiance on constate que le Conseil Municipal de Ouaga est plus audacieux et plus créatif que le gouvernement qui depuis 92 ne s’applique qu’à gérer le statu quo.

    Je suis cependant optismiste : il existe au sein du CDP une claire conscience du péril ; et des cadres qui ont su préserver leur discernement et leur attachement à des valeurs fondamentales il y en a dans ce mégaparti. Je sais qu’ils sauront réagir avant que le système n’entame la phase ultime de canibalisme vers lequel évolue tout système qui méprise la justice, le mérite et la vérité.
    Hommes intègres, nous pouvons encore éviter qu’une force d’interposition des Nations unies occupe l’avenue Kwamé N’kurma.
    La responsabilité de l’action est d’abord individuelle : ce système peut se remttre en cause et nous éviter le chao. Tout discours au sommet est désormais superflu, c’est l’action et l’exemple qui font défaut. Puisse les nouvelles ressources du gouvernement Tertius mesurer l’ampleur de la mission tacite à eux confiée. Puisse le Tout Puissant inspirer le leadership burkinabé sur les actes qui vont reconcilier le sommet et la base, opérationnaliser notre devise et sauver cette patrie nation.

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