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Déficit pluviométrique : Un cauchemar pour les paysans du Boulkiemdé

Publié le mardi 17 juillet 2007 à 07h54min

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Malgré les deux pluies qui sont tombées sur la capitale du textile les 9 et 11 juillet derniers, nombre de zones restent toujours déficitaires. Cette situation inquiète les populations du Boulkiemdé, et plus particulièrement les paysans de la province.

Face à la rareté des pluies, les garants des traditions ne restent pas les bras croisés. Des sacrifices se font à longueur de journée pour implorer la clémence des divinités afin de conjurer tout mauvais sort qui serait à l’origine de cette situation.

Si dans d’autres localités du pays la pluviométrie semble assez bonne, au Boulkiemdé tel n’est pas le cas. C’est ce qu’ont affirmé la plupart des paysans rencontrés. Pour nous faire une idée réelle de l’ampleur de ce manque criard de pluies, nous avons rencontré certains paysans, le tengsoba de Koudougou (chef de terre) et les responsables de la direction régionale de l’Agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques du Centre-Ouest.

"Les gens ont abandonné les traditions et se livrent à toutes sortes de pratiques ignobles, même celles jadis interdites." Ainsi s’est exprimé Kouka L. Yaméogo, le tengsoba de Koudougou. Pour lui, la situation est très préoccupante car un tel phénomène ne s’était jamais produit dans le passé. "Nous faisons ce que nous pouvons pour changer la donne, nous avons fait des sacrifices qui devaient faire venir la pluie le même jour comme à l’accoutumée, mais cela n’a pas été le cas", a dit le tengsoba.

Cependant, l’heure n’est pas au désespoir, a-t-il indiqué. Il a émis le vœu que le Lallé Naba et les autorités de la place fassent comprendre aux citoyens que certaines pratiques rituelles qui se faisaient dans la ville étaient de nature à procurer aux habitants la paix et une bonne pluviométrie. Selon lui, dans le temps, les garants des traditions pouvaient, à des périodes données, saisir soit des poulets ou un mouton dans n’importe quel secteur de la ville pour faire des sacrifices dans le but d’apporter la quiétude et la santé aux populations.

De Guy à Lattou en passant par Villy, c’est la même inquiétude qui se lit sur les visages des paysans. Pour Kalaga Zongo, paysan de Lattou, cette situation est liée aux mauvais agissements des hommes. "Les pratiques ancestrales ne sont plus respectées, les interdits sont foulés au pied, on s’accouple en brousse, on jette n’importe quoi dans la forêt.

C’est la somme de tous ces éléments qui constituent les entraves à la paix et à une abondante pluviométrie", fait remarquer M. Zongo. Il a ajouté que de mémoire d’homme, un tel phénomène ne s’était jamais produit. "A l’heure actuelle, les semences devaient être presque au stade de floraison, mais cela n’est pas le cas, aucun semis n’a poussé pour l’instant", dit le paysan Zongo. Il a ajouté que si la situation n’évoluait pas d’ici les jours à venir, les nuits cauchemardesques ne feraient qu’accentuer, car ce manque de pluies n’est autre qu’un signe avant-coureur de la famine.

Selon André Zoma, cultivateur à Villy, la situation n’est pas reluisante. Il a aussi affirmé que jusque-là, les semis n’avaient pas encore poussé comme ils le souhaitent. Pour lui, il faut conjuguer les efforts dans la recherche des solutions pour sortir la région de cette ornière. "Le Burkina Faso vit essentiellement de l’agriculture, donc il faut que le pouvoir central nous appuie de la recherche des solutions", a-t-il dit. Poulet en main, il a confié que les sacrifices se poursuivraient jusqu’à ce que les ancêtres fassent venir la pluie tant souhaitée. A entendre Joachin Yaméogo, paysan de Guy, l’inquiétude est grande.

Ce dernier a relevé qu’il y avait des mécanismes sur le plan traditionnel pour faire venir la pluie. Mais ces techniques et les différentes prières sont, a-t-il dit, restées jusque-là infructueuses. Joachin Yaméogo soutient que la situation actuelle est entre les mains de Dieu et qu’à ce titre, l’on devait rester confiant.

En tout cas, dans la capitale du textile, cette situation inquiète plus d’un, et les prières ne font que se multiplier au sein de toutes les confessions religieuses. A titre d’exemple, l’évêque de Koudougou, Basile Tapsoba, a, le samedi 7 juillet dernier, dans son homélie lors des ordinations presbytérales, évoqué cette situation préoccupante.

Mieux, il a prié afin qu’il y ait une bonne pluviométrie pour la région, voire le pays. Le responsable de l’Agriculture, chargé du suivi-évaluation, Maurice O. Yaméogo, le chef du service Etudes et planification, Martin Jean Paré, et l’intérimaire du directeur régional de l’Agriculture, de l’hydraulique et des ressources halieutiques du Centre-Ouest, Mamoudou Yoda, ont affirmé que la saison accusait un retard au regard des hauteurs de pluies enregistrées, et les stades phénologiques des cultures. Selon Maurice O.

Yaméogo, à la date du 30 juin 2007, la région était en situation déficitaire comparativement à l’année précédente à la même période, en dehors de la province du Ziro qui avait 3 postes excédentaires, et où les semis avaient pu démarrer en fin mai, ainsi que dans la province de la Sissili. A l’heure actuelle, les plantules sont au stade de levée à 25% des cultures dans ces provinces, a-t-il dit.

Au niveau des provinces du Boulkiemdé et du Sanguié, cela n’est pas le cas ; on est au stade de semis, et ce, grâce à deux pluies enregistrées les 9 et 11 juillet derniers. A la date du 10 juillet 2007, la situation des cumuls saisonniers, comparée à la même période de la saison écoulée, connaît toujours des déficits importants dans plusieurs postes, allant de -4,1 à -171mm. Mais il existe aussi des postes pluviométriques de zones excédentaires dont les écarts varient entre +40,1 et + 119,2 mm, telles que les zones de Tô, de Sabou, de Boura ..., a dit M. Yamégo.

Les responsables de l’Agriculture ont fait savoir que rien n’était perdu pour cette campagne et que les producteurs pouvaient continuer les semis jusqu’au 20 juillet, mais en utilisant surtout des variétés à cycle court pour éviter les problèmes de maturation. L’intérimaire du DR Yoda Mamoudou a indiqué que, selon les services de la météo, ce retard pourrait s’expliquer par un décalage de saison hivernale. Toujours selon lui, des études effectuées dans certains pays par les services de la météo ont montré qu’il y a une chance d’avoir une campagne agricole à 80% humide ou normale.

Le chef de service Etudes et planification, Jean Martin Paré, a conseillé l’usage des variétés précoces mises à la disposition des producteurs de la région, estimées à plus de 30 tonnes. Les responsables de l’Agriculture ont aussi confié que si d’aventure des postes de sécheresse venaient à se présenter, la petite irrigation pourrait être employée pour y remédier. Quant à la situation alimentaire, elle est appréciable, ont-ils relevé.

Par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays

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