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Maurice Dindané , Le « Docteur des chaussures » vous salue bien !

Publié le lundi 30 juillet 2007 à 07h37min

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Maurice Dindané

La cordonnerie, c’est son affaire ! Maurice Dindané soigne les chaussures comme le vétérinaire s’occupe des animaux ou comme un médecin soigne un malade. Ce jeune homme de 27 ans, qui n’a pas eu la chance d’être scolarisé, a compris que l’école n’était pas la seule voie de réussite. Il a donc décidé de se faire une place au soleil en s’occupant des chaussures des autres...

Maurice Dindané a le sourire. Avec ses économies, il s’est acheté une motocyclette, ce qui facilite ses déplacements. De plus, il gagne assez d’argent pour s’occuper de son petit monde. Pourtant, tout n’a pas été facile pour ce natif de Kabri, village situé à 11 kilomètres de Tenkodogo, dans la province du Boulgou.
En effet, il se rappelle encore ce matin de 1995, où il a quitté son village natal, en compagnie de son grand frère, pour la capitale, Ouagadougou, alors qu’il n’était âgé que de 15 ans. C’est avec ce dernier qu’il apprendra, huit ans durant, le dur et passionnant métier de cordonnier. Durant toutes ces années, dit-il, « je ne percevais aucune somme d’argent. Juste ma nourriture quotidienne ».

En 2003, il estime avoir capitalisé suffisamment d’expérience et d’assurance pour s’installer à son propre compte. Maurice décide alors d’ouvrir sa petite « clinique pour chaussures », à Wemtinga, un quartier populaire de Ouagadougou. Et, d’emblée, il se fait appeler « Docteur ». Mais pourquoi donc ? « A l’image des hommes en blouses blanches qui s’occupent des corps, mon métier consiste à requinquer les chaussures, à les remettre... sur pied ! », explique-t-il avec un mélange de sérieux et d’humour. L’image est, en effet, assez suggestive. Et il faut croire que ce docteur d’un genre particulier sait bien y faire avec les chaussures. Sa nombreuse clientèle en atteste.

Fier de son travail

Ils viennent de partout et de toutes les classes sociales, confier leurs chaussures « malades » aux soins du « docteur ». Du citoyen lambda au « gros bonnet », tout le monde sollicite un jour ou l’autre les services de Maurice Dindané. « Lorsque les gens passent et lisent « Docteur des chaussures » sur la banderole qui est devant ma boutique, ils sont intrigués et, le jour où ils ont des problèmes avec leurs chaussures, ils viennent me voir. Alors, moi, je soigne si bien leurs chaussures qu’ils reviennent avec d’autres clients », fait remarquer Maurice Dindané avec un large sourire aux lèvres.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le « Docteur des chaussures » est fier de son travail, et avoue même gagner un peu de bénéfice : « Je peux m’occuper de ma petite famille », note-t-il. Marié et père d’une petite fille, il n’oublie pas aussi d’envoyer de l’argent à sa famille, restée à Kabri. Et des projets, Maurice Dindané en a plein la tête : « J’espère pouvoir mettre assez d’argent de côté pour construire des maisons que je mettrais en location. » Il tient aussi à scolariser ses enfants, une chance qu’il n’a pas eue lui-même. Mais, « s’ils ne vont pas loin dans leurs études, ils deviendront sûrement cordonnier comme moi », ajoute-t-il, un rien fataliste.

En attendant, il travaille d’arrache-pied, plus de 12 heures par jour et six jours sur sept, avec son jeune apprenti, à qui il espère transmettre son savoir-faire et sa passion.

Par Céline Lomogniné Elola

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 31 juillet 2007 à 13:04 En réponse à : > Maurice Dindané , Le « Docteur des chaussures » vous salue bien !

    Félicitations au Docteur de Chaussure, Il n’y a pas de sous-métier, il y a seulement des hommes fainéants, ceux qui refusent de prendre des initiatives personnelles pour sortir de la galère, qui sacrifient leur personnalité au profit du mensonge, de la malhonnêté, de l’arnaque, du vol. Bravo Docteur, vous êtes la fierté de la jeunesse burkinabè, c’est un exemple à suivre et de ne pas se focaliser à la recherche de l’eldorado en Europe. les europeens se sont sacrifiès dans le travail afin de bâtir des nations prospères, de l’auto-suffisance allimentaire.... Je regrette pour les jeunes qui sont aux abords des banques trainent...!

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