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Côte d’Ivoire : Le Burkina Faso, juge de paix

Publié le mercredi 11 juillet 2007 à 08h32min

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Gbagbo, Compaoré et Soro

Comme on le susurrait, la sécurité du Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro, devrait être assurée dorénavant par des éléments de la garde présidentielle burkinabè. Une donne qui ne devrait pas être considérée comme une ingérence encore moins un acte de défiance vis-à-vis des forces militaires basées en Côte d’Ivoire mais traduire la volonté du Burkina de consolider la paix et la concorde civile qui se profilent en Côte d’Ivoire.

Si le Burkina Faso a accepté de s’impliquer dans la protection du Premier ministre ivoirien c’est certainement après une évaluation sérieuse de la situation née de l’attentat du 29 juin 2007, au regard des informations qui filtrent sur ses auteurs présumés. Un scoop de notre confrère "La lettre du continent" nous apprend en effet que ce serait un proche de la rébellion qui serait l’auteur de l’attentat, qu’il aurait commis peut-être "sous influence".

Dans le langage des services secrets, cela veut dire qu’il a été manipulé et que derrière le doigt qui a appuyé sur la gâchette, se trouverait un cerveau, l’auteur intellectuel en l’occurrence A l’analyse, il y a donc la face immergée de l’iceberg et la partie nébuleuse qui pourrait être tout le monde et personne en Côte d’Ivoire, voir à l’étranger. "C’est mon attentat", avait déclaré Soro dès les premiers jours qui ont suivi l’acte barbare, preuve s’il en était besoin qu’il maîtrisait une partie du "dossier".

On ne le dira jamais assez, certains hiérarques militaires des Forces nouvelles n’auraient jamais donné leur accord à la nomination de Guillaume Soro au poste de Premier ministre. Le conclave politico-militaire des Forces nouvelles, le 10 mars dernier à Bouaké a révélé, selon certaines informations, la division profonde au sein du mouvement.

Débutée à 10 h 30 mn précises, la réunion a pris fin aux environ de 17 h 30 mn (soit plus de 8 heures) ce qui semble prouver que les débats ont dû s’étendre en longueur. Ceux qui voulaient de Soro comme Premier ministre avaient argué que Charles Konan Banny avait atteint ses "limites objectives" si tant est qu’en un peu plus de 15 mois de gestion, il n’avait pas "trouvé ses marques d’homme d’Etat", la paix n’étant pas au "rendez-vous", compromettant "la tenue des élections".

En tant que protagoniste direct de la crise, poursuivaient-ils, Soro était le seul à même de "tuer" la guerre et ramener au plus vite la paix en Côte d’Ivoire. Cependant, certains chefs de guerre ont tempéré ce bel optimisme, avec comme argumentaire le fait que Gbagbo leur apparaissait avoir été toujours "rétif" à la paix. "Le président a usé d’artifices pour entraver l’action de Banny et il en fera de même pour Soro". Lequel gagnait plus à conserver son statut, particulier et privilégié d’ex-belligérant face à Laurent Gbagbo.

Soro, Gbagbo, Compaoré, même combat !

Chefs de guerre et politiques n’ont donc pas pu trancher la question sur-le- champ, ce qui a fait dire à d’aucuns que la réunion s’était terminée en queue de poisson. Et, même si les deux "camps" avaient promis de se retrouver pour trouver un terrain d’entente et consolider davantage "la cohésion interne du mouvement" il apparaissait que cette réunion avait créé des lézardes dans le mur des Forces nouvelles.

Que certains en soient arrivés à voir la main de Gbagbo derrière cet attentat n’est pas dans cette occurrence, loin de paraître surréaliste au regard du lieu de sa commission (à Bouaké) et des moyens utilisés. Dans la situation militaire actuelle de la Côte d’Ivoire, des "hommes du président" ne peuvent pas trimballer des lance-roquettes d’Abidjan à Bouaké, au nez et à la barbe des Forces impartiales basées dans le pays.

Et puis, en tant qu’instigateur du dialogue direct, Gbagbo n’a aucun intérêt pour l’heure à neutraliser son Premier ministre. Aussitôt après l’attentat, il est monté au créneau pour fustiger ses auteurs et a promis d’en éclaircir les contours avec le facilitateur lors du Sommet de l’UA à Accra.

Les deux hommes se sont en effet rencontrés dans la capitale, et, c’est là que les bases de la venue des militaires burkinabè en Côte d’Ivoire ont été posées.
La visite-éclair du colonel Gilbert Diendéré à Bouaké aura permis de faire une évaluation pratique sur la logistique et les hommes nécessaires pour sécuriser "le soldat de la paix" Guillaume Soro.

Lors de son séjour ouagalais, ledit Soro a dû faire part de ses convictions au facilitateur sur l’attentat et arrêter définitivement le "plan sécuritaire". C’est qu’en dépit de cet attentat Soro ne saurait rester cloîtré à Abidjan, s’il veut donner des chances d’aboutissement heureux au processus de paix.

Bouaké, Korogho, Man, Aboisso, ... ainsi que d’autres villes de l’intérieur auront besoin de sa présence pour raffermir leur "foi" à la paix. Or, et le 29 juin 2007 l’a montré, les voyages peuvent être sources de "nuisances", et, une expertise pointue s’avère nécessaire pour écarter lesdites. Les "codos" burkinabè ont le profil pour ce faire et, c’est certainement rassuré que Soro a pris l’avion pour Abidjan.

Gbagbo, Soro et Compaoré sont plus que jamais ensemble pour construire la paix en Côte d’Ivoire, ce qui ne peut qu’augurer d’une bonne suite. Les avancées déjà constatées le prouvent éloquemment.

Boubakar SY

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2007 à 21:15 En réponse à : > Côte d’Ivoire : Le Burkina Faso, juge de paix

    Bien que soucieux du contexte qui prévaut en Côte d’Ivoire, je ne juge pas judicieux que la sécurité du premier ministre ivoirien soit assurée par des éléments de l’armée burkinabè. je pense au contraire que la solution la mieux adaptée aurait été d’aider à former des éléments issus de l’armée ivoirienne pour cette tâche. il ne faudrait pas que partant d’un bon sentiment, celui de vouloir bien faire, cela aboutisse à la génèse d’un futur conflit entre les deux pays. Que peut-il se passer si des individus mal intentionnés ou des marchands d’armes mettent à mal ces éléments du burkina affectés à la sécurité du premier ministre ivoirien ? j’espère que l’on mesure au plus haut point les conséquences de cette initiative qui comme je le repète peut être fondée sur des bonnes intentions mais qui au final peut se reveler inappropriée. il ne faut pas oublier des éléments du debut de la crise ivoirienne parmi lesquels figure une certaine hostilité vis à vis de la diaspora burkinabè installée en Côte d’Ivoire. le Burkina peut mieux aider à éteindre le feu ivoirien sans pour étant jouer au pompier qui pourrait, et je le redoute fort, se revéler un pyroman.
    Puissent les esprits s’apaiser en Côte d’Ivoire et que les populations retrouver la joie de vivre.
    Ablo.

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