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Autorité nationale de régulation des télécommunications : Et si on parlait régulation ?

Publié le mardi 10 juillet 2007 à 08h08min

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A l’heure où le monde entier se réorganise autour des technologies de l’information et de la communication, où les opérateurs de téléphonies se gavent d’une demande en croissance exponentielle, où les télécommunications sont à la fois un indice et un facteur de développement, une instance nationale de régulation des télécommunications, pleinement justifiée en cela dans son existence, est aussi un organe dont précisément tout le monde attend beaucoup.

En effet, face à une mondialisation totalement manifeste aux plans économiques et sociaux grâce aux télécommunications, face à une paupérisation communicationnelle qui met les uns sous la coupe réglée des autres, il faudra non pas un arbitre mais un gardien de l’intégrité nationale, qu’elle soit physique ou virtuelle.

Peu visible et peu communicative, l’Autorité nationale de régulation des télécommunications (ARTEL), malgré toute l’autorité dont elle est investie, donne parfois l’impression d’être plus l’otage que la régulatrice des opérateurs qui se disputent le marché national. A titre d’exemple, si on prend les cas de deux pays voisins à savoir le Mali et la Côte d’Ivoire, ils ont tous deux autant d’opérateurs de téléphonie qu’au Burkina Faso.

Le Mali, avec une superficie de plus d’un million de km2 pour 12 millions d’habitants environ et la Côte d’Ivoire avec plus de 300 000 km2 et 14 millions d’habitants tous deux nettement plus grands que le Burkina Faso, requéraient un réseau d’antennes et une couverture nationale plus exigeante qu’au Faso.

Malgré tout, le coût de la minute de communication entre téléphones fixes ou portables y reste bas en comparaison des tarifs pratiqués par (les mêmes ?) opérateurs installés au Burkina Faso.
Un jeune Burkinabè récemment rentré de Côte d’Ivoire a ainsi déclaré qu’il existe quatre opérateurs de téléphonie dans ce pays et que dans les télécentres, un appel d’un des quatre opérateurs vers n’importe lequel des trois autres opérateurs coûte 100 F CFA.

Il reste entendu évidemment que celui qui s’improvise « télécentre » avec juste son portable comme capital fait lui aussi de petits bénéfices sur ces 100 F CFA-là. Au Burkina, les opérateurs qui se prétendent les moins-disants se pavanent autour de 150 F CFA lorsque la minute d’appel est émise et reçue dans leur réseau. Celui qui a la témérité d’appeler d’un opérateur vers un autre est aussitôt haché menu, son compte dégringolant vers le zéro à une vitesse affolante.

Tous les usagers du téléphone deviennent ainsi les victimes impuissantes aux mains d’opérateurs dont on comprend mal la liberté tarifaire lorsqu’on sait qu’ailleurs, celle-ci est disciplinée sous la houlette d’instances de régulation chargées de protéger le contribuable des appétits gargantuesques des faiseurs d’argent.

Aller au-delà de la régulation

Même si elle relève d’un ministère qui assure sa tutelle, il n’en demeure pas moins que l’Autorité nationale de régulation des télécommunications est une personne morale autonome et dont l’action, même si elle reste teintée des satisfecits d’une curatelle de forme, doit être le fruit d’une manière « personnelle » de remplir ses missions. Cependant, force est de constater que l’ARTEL s’est pratiquement soustraite du paysage des institutions tant elle est restée discrète et effacée jusque-là. Pourtant, elle demeure le seul rempart contre les abus des opérateurs à l’heure où tout le secteur des télécommunications se trouve aux mains de capitaux privés peu enclins à l’altruisme ou au philanthropisme.

Communiquant peu, l’ARTEL contribue, par ce manque de visibilité, à accroître le questionné sur ses missions et sa capacité réelle ou supposée à trangiger avec des opérateurs dont on sait qu’ils roulent sur les banquenotes.
Qui est-elle ? Que fait-elle ? Qu’elles sont ses perspectives ? Autant de questions que de plus en plus de personnes se posent au sujet de l’ARTEL à présent qu’au plan national, elle demeure l’alpha et l’oméga dans le paysage des télécommunications.

Déjà, lors du premier forum sous régional sur les « meilleures pratiques dans le domaine des technologies de l’information et de la communication », certaines propositions, de manière implicite, faisaient appel au recours d’institutions telles l’ARTEL et d’autres structures connexes, notamment par exemple pour l’instauration d’une micro-taxe destinée à subventionner l’achat d’équipements et les coûts de communication afin de réduire la fracture numérique entre riches et pauvres.

On voit donc que bien au-delà de la régulation, l’ARTEL se retrouve, qu’elle le veuille ou non, à la conjonction de lignes de force qui en font un vecteur de développement pour le pays tout entier. Timide ou étouffée par la force de ses partenaires, il va lui falloir apprendre à occuper dans le paysage médiatique et de toutes les manières appropriées, la place qui lui revient dans la construction de la cité.

Luc NANA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 10 juillet 2007 à 20:25, par patrice oued En réponse à : > Autorité nationale de régulation des télécommunications : Et si on parlait régulation ?

    merci de toucher du doigt la tarification exagérée pratiquée par nos operateurs de téléphonie mobile. comment expliquez vous qu’au mali, les appels extérieurs vers l’afrique coutent 150 FCA TTC la minute quelque soit l’opérateur ? la question que l’on se pose s’est que, quel role joue réeellement l’ARTEL au Burkina ? est-ce un miroir mis en place par le pouvoir publique pour faire plaisir aux institutions internationales ? ou bien l’ARTEL est-elle mise place pour arbriter toujours en faveur du pouvoir ? là derniere semble surtout d’actualité, quand on sait que les nominations des postes clés à l’ARTEL sont décidées par nos autorités ! ce qui est normal, mais ce qui est surtout allarmant, c’est qu’au Burkina on reste toujours redevable à celui qui nous a nommé au detriment de son intélligentiat et de ses compétences.comme le dirait autrui , ou allons nous en afrique quand l’interet individuel prime au detriment du collectif et du social ! ce qui est sure c’est que ces prix sont à lavantage de quelques individus,alors que le panier de la menagere en prend un coup. le prix de l’essence oblige, l’appel telephonique reste de ce qui accessible et disponible....

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