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L’oignon nigérien rêve d’Europe

Publié le mardi 10 juillet 2007 à 07h52min

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Les paysans nigériens veulent labelliser leur oignon vedette, le violet de Galmi, pour prendre pied sur le marché européen. En attendant, ils améliorent le transport de ce légume très périssable et expérimentent
un marché autogéré à Tsernaoua, à 420 km de Niamey.

"Rendre l’oignon nigérien plus compétitif sur le marché international en lui conférant des normes de qualité !" Tel est le slogan des organisations paysannes de la filière oignon du Niger. Leurs responsables ont demandé au Conseil ouest et centre africain pour la recherche et le développement agricole (CORAF) de mettre en place une démarche rapide de certification de l’oignon, communément appelé Violet de Galmi.

Ce plaidoyer s’est accompagné par la tenue, à Niamey, en janvier 2007, d’une table ronde avec les bailleurs de fonds sur la normalisation et la relance de la culture d’oignon. El hadji Moustapha Kadri, président de l’association nigérienne de la filière oignon, explique pourquoi il faut miser sur l’introduction de normes de qualité dans la production : "Produit, conservé et transporté selon des normes de qualité internationale, l’oignon nigérien peut accéder facilement au marché".

L’oignon après l’uranium

Si cette prédiction se réalisait, cela doperait une production annuelle de plus de 400 000 tonnes, en stagnation. La filière oignon, principale source de devises du Niger après l’uranium, lui rapporte annuellement 40 milliards de FCFA (environ 61 millions d’euros) par sa seule commercialisation en Afrique occidentale et centrale.

Selon Souley Moussa, producteur et exportateur, "avec le label Violet de Galmi, ce chiffre pourrait doubler grâce à la vente sur le marché européen". Malgré sa saveur, sa bonne conservation et sa belle couleur, cet oignon réputé ne peut pénétrer le marché européen et américain. À l’extérieur, il n’arrive pas à s’imposer face à ses concurrents français, italiens et surtout hollandais, soigneusement calibrés, emballés, étiquetés et moins chers.

Les producteurs veulent aussi mieux servir leur fidèle clientèle africaine en misant sur une amélioration des conditions de transport. "Nous envisageons l’institution d’un emblème laissez-passer à apposer sur le front des camions pour faciliter le transport de ce légume périssable", dit El hadji Mousapha Kadri, par ailleurs président de l’Observatoire régional de la filière oignon de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (ORO/AOC).

Un comptoir d’oignons pour commencer

Parallèlement, les producteurs nigériens se battent pour maîtriser les prix et donc vendre plus. Un comptoir de centralisation de l’oignon en provenance de toutes les zones productrices du pays a èté créé au début de l’année dans le cadre du plan de relance économique et de promotion de la production d’oignon. À l’origine de cette initiative : la coopérative Amintchi, (amitié) de Tsernaoua, dans l’est du pays.

La construction du comptoir a été financée par une subvention de 78 millions de FCFA (environ 119 000 euros) accordée par un projet américain. Ce business center vise à uniformiser et à stabiliser le prix du sac d’oignon. Producteurs, acheteurs, intermédiaires et expéditeurs y convergent.

Toutes les opérations de vente et d’achat se déroulent sous l’œil vigilant d’un comité de pilotage composé de producteurs et d’acheteurs. Ce prix homologué semble faire l’affaire de tous, y compris des courtiers accusés par le passé de gruger et les producteurs et les commerçants. Saâdou Sani producteur de la zone a vendu ses 20 sacs annuels à 240 000 FCFA contre 170 000 FCFA l’année derniére à la même période.

El hadji Souley Mahamadou, commerçant d’oignon depuis une vingtaine d’années, explique qu’il n’a plus besoin de tourner en rond, car les prix sont uniformes. Adamou Moussa, un courtier, se réjouit du nouveau climat de confiance entre commerçants, producteurs et intermédiaires. "Finies les spéculations et les braderies, tout se fait dans la transparence", se réjouit Ibrahim Assoumana, un producteur. L’assainissement du marché local constitue sans doute un préalable à l’accès du Violet de Galmi aux marchés européen et américain.

Mais cela ne suffit pas, estime Abodo, un sexagénaire, producteur d’oignon depuis une trentaine d’années. "Pour répondre aux normes de la qualité qu’exige la certification, dit-il, l’État devrait mettre en place un mécanisme de financement et d’aide aux paysans en semences et en intrants agricoles". Le ministère chargé du Développement agricole s’y est engagé lors de la table ronde et prévoit de structurer la filière et de former les paysans. Mais ses promesses tardent à se réaliser.

Souleymane MAAZOU
(Syfia International)

Sidwaya

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