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« Les films du dromadaire » : « Môgô-puissant » ou l’invite au maraboutage positif

Publié le mercredi 11 juillet 2007 à 08h19min

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Le 7e long métrage de « Les films du dromadaire » intitulé « Môgô-puissant » a été projeté lundi 09 juillet 2007 au ciné Neerwaya de Ouagadougou. Grande première, cette projection a eu lieu en présence d’un « Puissant-Môgô », le Premier ministre Tertius Zongo. La sortie commerciale est prévue ce soir dans la même salle aux séances de 20 h 30 et 22 h 30.

Un jeune marabout, Habib, débarque dans la capitale avec son épouse Nafi. Un parent du village du nom de Sibiri, vigil dans une entreprise de la place, les héberge provisoirement. Une collègue de ce dernier fait l’objet de harcèlement sexuel de la part d’un supérieur. Habib aide la jeune femme à se tirer d’embarras. Ensuite, c’est le mari d’une autre collègue qui a de gros ennuis financiers.

Là aussi, Habib, le marabout intervient avec succès. Puis, c’est la mère du protocole du président de la République qui est malade, condamnée. Habib, le marabout réussit encore le miracle. Petit à petit, la réputation du marabout fait le tour des cercles privés de la capitale, jusqu’au jour où Habib, le marabout est amené à rencontrer le président de la République himself.

Grâce aux rêves prémonitoires de son épouse, Habib sauve la vie du chef de l’Etat d’un crash d’avion. Tout bascule dans la vie de Habib : il entre dans le cercle des « môgô-puissants », les dignitaires de la République. Il devient l’homme de confiance du président qui lui octroie une villa de haut standing, une voiture luxueuse. Sa renommée augmente le nombre de ses consultations et l’argent rentre.

La tentation et la jalousie aussi ! Le pouvoir et l’argent transforment l’homme. Habib l’a appris à ses dépens, lui qui a perdu sa douce et humble Nafi pour se laisser tenter par la « diablesse » de Gabriella. La jalousie du marabout de la Première dame vient empirer la situation. Entraîné dans une vie de « Môgô-puissant » avec Gabriella, Habib perd ses repères, ses amis d’hier et même son pouvoir parce que ne bénéficiant plus de l’aide de son épouse Nafi (ses rêves prémonitoires).

La leçon de l’humilité et de la positivité

En réalité, Habib tient toute sa force de prédication de sa femme. Sa croyance en la religion (l’Islam), son humilité, sa modestie et son esprit positif sont des avantages comparatifs. La maxime, « derrière tout grand homme se cache une grande femme » n’est pas toujours justifiée qu’on puisse le croire. Et le président de la République en a bien pris conscience (infidélité de sa femme, influence négative avec l’aide de son marabout sénégalais Cheick Mamba Sène).

Le film « Môgô-puissant » est une leçon d’humilité et d’une culture de l’esprit positif. Le pouvoir, aussi puissant soit-il, est toujours éphémère. Les circonstances en décident : crash d’un avion, attentat, mutation, etc.

Tout bascule toujours d’un moment à l’autre lorsque l’on ne sait pas rester soi-même. Leçon d’humilité : « Nous sommes villageois et alors ! ». Humilité, également dans le pardon : Habib qui revient demander pardon à son épouse Nafi pour ses moments de folie. Le second message que véhicule le long métrage est celui de la culture d’un maraboutage positif, d’un esprit positif tout court : le bon marabout n’acceptera point une requête visant à nuire à autrui. Il va chaque fois dans le bon sens, celui de rendre service utilement à son prochain.

Dans ce VIIe long métrage de « Les films du dromadaire », malgré une maîtrise du jeu des acteurs à l’image de Habib (Sidiki Yougbaré), la trame de l’histoire nous renvoie à celle de Idi Amin 2 (le dernier roi d’Ecosse). Simple coïncidence avec la séquence de l’attentat ? Un second aspect critiquable dans ce film est ce sponsoring déguisé en mécénat culturel de sociétés telles la BRS, la SONABEL, la CNSS et la Grande cave. Le bon maraboutage, nous a appris Habib, est désintéressé. Le bon mécénat culturel l’est aussi !

Ismaël BICABA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 juillet 2007 à 13:55 En réponse à : > « Les films du dromadaire » : « Môgô-puissant » ou l’invite au maraboutage positif

    "Le bon mécénat culturel", un terme inventé par SIDWAYA ? N’oublions pas que "Les films du Dromadaire" sont une ENTREPRISE culturelle, et qu’ils vont chercher de l’argent là où ils peuvent en trouver. Si le premier mécène désintéressé par définition (l’Etat) ne joue pas son rôle tel que les entreprises culturelles le souhaitent, faut-il les condamner quand elles se font sponsoriser ? Et puis, sponsor n’est-il pas la désignation moderne d’une pratique millénaire qui consiste, quand on a de l’argent, à se "faire voir" (publicité) en "investissant" dans un domaine qui est censé être éloigné de la recherche de l’argent (les arts, la culture) ? Suivons la logique de SIDWAYA, exigeons un altruisme absolu de la part des sponsors, et le football s’écroule...

    SIDWAYA ne rend pas service aux "Films du Dromadaire" en faisant un compte rendu si détaillé du film "Mògò puissant" : Résumer sans révéler est un art difficile. Laissez aux spectateurs la possibilité de voir/découvrir d’abord le film.

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