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IIIe édition du festival Ciné droit libre : L’émigration et la liberté d’expression au cœur des débats

Publié le lundi 9 juillet 2007 à 08h20min

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"Emigration, liberté d’expression et démocratie en Afrique : quels liens ?" Tel est le thème d’un forum-débat organisé dans le cadre de la IIIe édition
du festival Ciné droit libre, le 7 juillet 2007 à Ouagadougou.

"On criminalise la question migratoire...J’ai mal au cœur que des Africains soient considérés comme des étrangers en Afrique...". Les propos sont du président du Tocsin, Albert Ouédraogo lors d’un forum-débat, le 7 juillet 2007 à Ouagadougou, sur le thème : "Emigration, liberté d’expression et démocratie en Afrique : quels liens ?" Ce forum organisé sous forme d’un panel interactif a été animé, en plus de M. Ouédraogo, de la présidente du forum social du Mali, Aminata Traoré, du réalisateur guinéen, Gahité Fofana et a eu comme modérateur Justin Coulibaly.

En tant que premier intervenant, Albert Ouédraogo a indiqué que la question migratoire est inscrite au cœur des actions de son association, le Tocsin. M. Ouédraogo a laissé entendre qu’il a du mal à comprendre que la question migratoire devienne un crime, ce d’autant plus que l’Afrique est victime d’un découpage arbitraire.

Quant à l’Europe, le président du Tocsin trouve qu’elle est même à l’origine de l’émigration car, dit-il "lorsque vous prenez les produits, les producteurs vont suivre après". M. Ouédraogo ne disculpe pas les autorités africaines. "Que font-elles ? Quelles structures ou politiques mettent-elles en place pour résoudre les problèmes des populations ?" s’interroge Albert Ouédraogo. "Or, la migration est une question de population !", poursuit-il.

Au delà de tout, M. Ouédraogo estime que "si l’Afrique parvenait à l’intégration réelle de ses hommes, il y a nombre de guerres et de crises qui n’auraient pas lieu". Intervenant sur le même thème, le Guinéen Gahité Fofana a émis des doutes sur la démocratie dans son pays. "En 50 ans, la Guinée n’a eu que deux présidents. Est-ce cela la démocratie" ? Pour ce qui est de la liberté d’expression, M. Fofana trouve qu’elle est permise en Guinée, mais rien n’est fait pour l’encourager.

Un silence coupable

La présidente du forum social du Mali a été quant à elle plus que directe : "c’est une obligation d’introduire la question migratoire dans le débat politique en Afrique". Selon elle, les Africains ne veulent pas en parler et le silence de l’Afrique est un silence coupable et consiste à livrer ses populations vulnérables à l’inconnu.

Mme Traoré appelle également les Africains à plancher sur la question de l’économie des marchés. "On dit au Burkina Faso, produisez beaucoup de coton, vous êtes les premiers ! Le Mali devient frileux, car le Burkina Faso veut le dépasser. On crée ainsi un combat, une concurrence entre les deux pays, alors qu’ils sont tous dans la gueule du loup", déplore Aminata Traoré.

Elle trouve dommage que les anciennes colonies continuent d’avaler l’illusion de la Francophonie et que l’on se sente plus Français que Bobo, Mossi, Bambara, etc. "Je trouve tragique qu’un gouvernement africain ait décoré Brice Hortefeux", a martelé Aminata Traoré avec indignation.

Les débats qui ont suivi ont mis à nu le fait que les gouvernements africains ne se sentent pas obliger de rendre compte. Alors, les participants au forum ont appelé les gouvernants africains à servir plus leur peuple, à appliquer la bonne gouvernance et à arrêter de singer l’Europe.

Les uns et les autres pensent que face à la question de l’émigration, c’est aux gouvernants africains de rompre le silence, de travailler à donner espoir à leur peuple en Afrique et à contre-attaquer les actions de gouvernants du Nord. Le forum-débat s’est tenu en présence du ministre de la Promotion des droits humains du Burkina, Salamata Sawadogo/Tapsoba.

Ali TRAORE

Sidwaya

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