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Administration burkinabè : Les effets nocifs de la politique

Publié le vendredi 6 juillet 2007 à 09h01min

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Il faut bannir de nos administrations les conséquences désastreuses de la politique. La force d’une organisation, qu’elle soit politique, associative ou autre, c’est le pluralisme qu’on peut trouver en son sein. Les performances d’une administration sont fonction de la diversité des idées et des hommes qui l’animent.

Ce pluralisme se manifeste aussi dans les idées. C’est le pluralisme des idées et des hommes qui fonde le dynamisme dans tous les domaines d’un pays comme les Etats-Unis d’Amérique.

Malheureusement, dans les administrations, comme dans d’autres secteurs de la vie nationale burkinabè, il se développe un phénomène, un danger pernicieux qui nuit à leur bonne marche : ce sont les rivalités politiques qui se font de plus en plus jour entre partis politiques et à l’intérieur d’un même parti politique. Au lieu qu’on les abandonne dans les vestiaires, car elles ne doivent surgir que pendant les consultations électorales, ces rivalités ont été transportées dans les bureaux et les services.

Ainsi, le nouvel arrivant dans une administration est reçu par le directeur ou le chef de service selon le parti auquel il appartient. Dans le cas où il est militant du même parti que le maître des lieux, celui-ci va chercher à connaître à quelle tendance il appartient et savoir de qui il est proche. Car dans les partis politiques, particulièrement au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), les tendances sont nombreuses, vivaces et antagoniques.

Être d’une tendance s’apparente à une sorte de parrainage, à un passeport qui ouvre ou ferme des portes. Ce passeport accorde l’impunité et des avantages, comme il peut mener au garage à l’intérieur du service, ou faire d’un agent l’objet de suspicions. Quelles que soient ses qualités, on ne lui fera jamais confiance, il n’exercera jamais des responsabilités.

Ainsi, dans des administrations de ce pays, l’enquête de moralité, le niveau d’étude, l’ancienneté, les diplômes ne sont plus les conditions nécessaires et suffisantes pour choisir un collaborateur ou pour donner des responsabilités à un fonctionnaire. On privilégiera au contraire l’appartenance au même parti, mais surtout, on cherchera à savoir à quelle tendance il appartient. Le CDP n’a pas le monopole de ces pratiques qui risquent de faire de l’Administration une assemblée de courtisans. L’opposition non plus n’est pas en odeur de sainteté. La preuve en a été faite lors du dépôt des listes électorales des législatives dernières. Des responsables ont inscrit le nom de leurs parents sur les listes, au détriment de celui des vrais militants.

Les exigences de la mondialisation, les impératifs d’une administration de développement ne sauraient s’accommoder de ces divisions politiques et de l’existence de tels clans. Il convient de s’en débarrasser vite et définitivement. Les responsables burkinabè aiment des exemples. Alors, qu’ils suivent celui du nouveau président français Nicolas Sarkozy, qui a transcendé les considérations partisanes de son parti, l’UMP, en appelant dans le gouvernement des femmes et des hommes, sur le seul critère de leurs compétences. Pour le président Sarkozy, l’intérêt de la France passe avant celui de l’UMP. En Afrique, le clientélisme impose aux différents responsables de placer l’intérêt du parti au-dessus de celui de la Nation.

Le Burkina est à la queue du classement mondial pour le développement durable à cause aussi de cette politisation à outrance de son administration. Dans leurs rapports, des bailleurs de fonds bilatéraux et multilatéraux ont relevé plusieurs fois l’incapacité des administrations burkinabè à absorber les enveloppes budgétaires mises à la disposition du Burkina pour le financement de ses projets. Cependant, on ne peut pas accuser ce pays de manquer de compétences pour gérer des projets. Lorsque l’allégeance à un parti ou à une personne devient le critère essentiel pour recruter un gestionnaire en faisant fi de la compétence, de la moralité, on obtient une administration de détourneurs, de voleurs de deniers publics, d’irresponsables et de paresseux.

Une administration au sein de laquelle on cultive les clivages politiques, l’allégeance à un parti ou à un individu est un danger pour la cohésion sociale, c’est un terreau pour l’exclusion, voire la xénophobie. C’est une pratique qui émousse le patriotisme et l’honnêteté. C’est pourtant ce spectacle que nous offre chaque jour le Burkina Faso. Il est plus que temps que les partis politiques, au premier rang desquels le CDP, réagissent. Les instances du parti majoritaire, qui ne sont pas forcément à l’origine de ces pratiques, doivent taper du poing sur la table.

Ils doivent combattre avec courage et clairvoyance ce mal insidieux. Il faut s’en débarrasser, tout de suite et maintenant. C’est la condition pour avoir une administration moderne, efficace et honnête. C’est la condition essentielle pour mettre en place une administration de développement. Assainir l’Administration est aussi un gage de succès pour le CDP qui devra rendre compte à la fin du quinquennat de son chef, dans environ ... trois ans.

Le Fou

Le pays

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2007 à 17:24, par kenleche En réponse à : > Administration burkinabè : Les effets nocifs de la politique

    Merci pour cet article non denue de sens.c est un proble qu il faut prendre a bras le corps.il est temps d operer des changements en profondeur dans notre pays et c est de la responsabilite des populations et de tous les autres acteurs de la societe burkinabe.
    Merci a ce journaliste.J’espere que beaucoup d autres prendront son exemple pour mettre au jour et condamner les derives de la societe afin datirer l’attention des dirigeants qui ne semblent bouger que quand il ya le feu a la maison.
    Merci

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