Le 20 juin 2007, quatre (4) directeurs de journaux ont été incarcérés au Mali suite à la publication par leurs organes de presse d’un article qui avait déjà occasionné l’arrestation d’un autre journaliste et d’un professeur de lycée une semaine auparavant. L’article incriminé paru le 1er juin 2007 dans le quotidien privé malien “Info-Matin”, reprenait et commentait un sujet de dissertation au ton satirique donné par l’enseignant à ses élèves de 10e lettres, dans lequel une “étudiante, prostituée économique” tombait enceinte d’un chef d’Etat imaginaire et se battait pour la reconnaissance de son enfant.

Voilà donc un sujet fort intéressant et signe des temps où il est question au niveau planétaire, de bonne gouvernance et de bonne moralité, qui au lieu d’inspirer nos gouvernants a provoqué la foudre de guerre de Monsieur le Procureur de la Commune III de Bamako. C’est dans cette lancée guerrière contre la liberté d’expression et de presse qu’il enverra à la prison centrale l’auteur de l’article incriminé, notre confrère Seydina Oumar Diarra et le professeur Bassirou Kassim Minta qui avait soumis le sujet à ses élèves.

En réaction à cette fièvre répressive et contre ses atteintes graves à la liberté d’expression et de presse, les associations professionnelles des médias ont organisé une marche de protestation qui a été chargée par les forces de l’ordre, blessant assez grièvement le président de l’Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (UJAO), M. Ibrahim Famakan Coulibaly.

A la suite de ces événements qui rappellent étrangement les temps forts du régime sans partage du Colonel Moussa Traoré, nous croyions très sincèrement que la machine répressive du régime contre nos confrères allait s’arrêter. C’était se tromper aveuglement. Nos confrère ont été jugés et condamnés par la justice malienne comme pour dire gare à celui qui osera même en rêve, parler d’un puissant du jour à plus forte raison du président de la République, même imaginaire. Quelle honte !

Le Centre National de presse Norbert-Zongo (CNP-NZ), solidaire de la Maison de la Presse du Mali et de tous les travailleurs des médias, dénonce avec force cette montée répressive contre les libertés d’expression et de presse chèrement conquises. En effet, nous avons frais dans nos mémoires les luttes héroïques du vaillant peuple malien et particulièrement de sa jeunesse dans les années 90 contre le régime de Moussa Traoré.

Aussi, le Centre National de Presse Norbert-Zongo (CNP-NZ),

• Condamne et dénonce le verdict du 26 juin 2007 du tribunal de Bamako qui condamne les six (6) inculpés à des peines de prison ferme ou avec sursis pour “offense au Chef de l’Etat” ;
• Apporte son soutien sans faille à tous nos confrères maliens et particulièrement à ceux frappés par cette justice aux ordres ainsi qu’à cet enseignant patriote ;
• Demande aux autorités maliennes qui sortent fraîchement des élections présidentielles d’élargir sans conditions les cinq (05) journalistes incarcérés de même que ce vaillant enseignant.

Vive la liberté d’expression et de presse !

Ouagadougou, le 29 juin 2007

Pour le Centre National de Presse Norbert Zongo,
Le Président du Comité de Pilotage,
Justin COULIBALY