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Débat sur le Gouvernement africain : Déclaration du Président Blaise Compaoré

Publié le jeudi 5 juillet 2007 à 07h35min

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Blaise Compaoré

Dans le débat sur la gouvernance de l’Union Africaine, Blaise Compaoré prône une voie consensuelle. "Nous devons avancer à pas mesurés et nous doter d’un chronogramme réaliste et réalisable en tenant compte d’une situation d’ensemble marquée par des systèmes politiques et juridiques différents, une répartition inégale des richesses, la récurrence des conflits, les pandémies et le sous développement", affirme-t-il.

Madame et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,
Monsieur le Président de la Commission de l’Union Africaine,
Mesdames et Messieurs les Délégués,

Je voudrais adresser mes vifs remerciements au Président John KUOFFOR, au Gouvernement et au peuple frère du Ghana, pour l’accueil très chaleureux qui nous a été réservé, ainsi que les excellentes dispositions prises pour rendre notre séjour agréable dans la belle ville d’Accra.

C’est toujours un plaisir renouvelé pour nous, de nous retrouver au Ghana, terre africaine de dignité et de générosité.

Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les Chefs d’Etat,

La présente session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement, consacrée à la question fondamentale du Gouvernement de l’Union se tient ici à Accra, au Ghana, la patrie du Docteur Kwamé Nkrumah, grand Africain qui, très tôt, a senti l’impérieuse nécessité pour l’Afrique de réaliser son unité.
Puissent son dévouement à la cause africaine et l’engagement de son pays qui célèbre cette année le cinquantième anniversaire de son indépendance, être une source d’inspiration pour nos travaux.

Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les Chefs d’Etat,

Le débat sur la formation d’un Gouvernement pour l’Afrique ne date pas d’aujourd’hui.
On se souvient des idées panafricanistes développées au sein de la diaspora africaine à travers le monde depuis la fin du 19ème siècle, largement relayées dans le milieu des intellectuels et nationalistes tout au long de la période coloniale à nos jours.

Ce débat a suffisamment prouvé que l’Afrique doit s’unir ou périr. Il nous faut donc réfléchir à la juste voie à emprunter.

L’effectivité et la réussite du processus devant conduire à cette unité impliquent nécessairement la mise en place d’un cadre politique bien articulé assurant la cohérence et la convergence des objectifs de l’intégration de notre continent.

Des progrès significatifs ont déjà été réalisés.

Aussi, devons-nous rendre hommage aux femmes et aux hommes dont le combat a ouvert le chemin du progrès économique et social de l’Afrique.

Nous sommes d’autant plus fiers de leur action militante que nous mesurons la férocité de la domination de notre continent par des forces extérieures.

L’histoire des peuples d’Afrique est marquée par des époques douloureuses : l’esclavage, la colonisation, l’apartheid, les exploitations et les injustices de tous genres.

L’institution en 1963 de l’Organisation de l’Unité Africaine représente la première expression au niveau continental de la volonté des Etats indépendants d’unir leurs forces pour consolider leur liberté et bâtir un avenir commun.

La déclaration de Syrte du 9 septembre 1999 consacrant la création de l’Union Africaine constitue une étape significative et qualitative du processus vers l’intégration politique et économique de notre continent.

C’est le lieu pour moi de rendre hommage au Frère Muammar AL-KADHAFI, Guide de la Révolution du Grand Al Fateh pour son engagement en faveur de l’Afrique.

Excellence Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,

Les consultations nationales qui ont eu lieu au Burkina Faso ont démontré l’adhésion pleine et entière des populations à l’intégration africaine.

Il importe donc de trouver la meilleure voie pour réaliser cet objectif afin que l’Afrique puisse exploiter ses énormes potentialités dans la liberté, en vue de son développement et du bien être de ses populations.

Au regard des multiples schémas qui ne manqueront pas d’être exposés en ce jour, nous encourageons une voie consensuelle, la seule susceptible de donner une crédibilité à notre légitime ambition.

Nous devons donc avancer à pas mesurés et nous doter d’un chronogramme réaliste et réalisable en tenant compte d’une situation d’ensemble marquée par des systèmes politiques et juridiques différents, une répartition inégale des richesses, la récurrence des conflits, les pandémies et le sous développement.

A ce titre, nous devons adopter une plateforme d’actions majeures indispensable à la formation de cet exécutif africain.

Nous proposons donc une feuille de route en trois programmes stratégiques.

1°) L’agenda pour la paix

Ce premier programme couvrira une période de douze mois au cours de laquelle les Etats africains et l’Union Africaine consacreront leurs efforts au règlement de tous les conflits sur le continent et à l’instauration du bon voisinage dans toutes les régions.

Cette étape, importante et incontournable, devrait créer les conditions favorables à la libre circulation des personnes et des biens, et à la mise en œuvre de l’exécutif africain.

2°) La Gouvernance de la Commission.

Il s’agit sur le second programme d’une durée n’excédant pas douze mois, d’assurer la formulation de politiques communes dans les domaines stratégiques.

Il faudrait également procéder à cette étape aux réformes nécessaires de la Commission de l’Union Africaine afin de la rendre plus performante, en inscrivant plus visiblement son action dans la perspective de l’intégration du continent.

3°) La phase pilote de l’exécutif

Cette étape constitue le début de la mise en place d’une administration continentale.

Trois départements sectoriels constitutifs de ce Gouvernement futur pourraient être retenus :
- Les Affaires Etrangères : il s’agit de donner une force politique à la voix de l’Afrique.

- La paix et la sécurité : l’objectif est de garantir au continent la stabilité et les gages d’un développement harmonieux.

- Le Commerce : favoriser l’ouverture des marchés, la promotion du commerce intra africain, le renforcement de nos capacités de négociation commerciales et la défense des intérêts économiques du continent africain, face au reste du monde.

Monsieur le Président,
Madame et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement,

Ayant la responsabilité historique de conduire 800 millions d’hommes et de femmes vers plus de dignité et de progrès, dans un monde qui s’organise économiquement et politiquement sans nous, il nous faut bannir de notre vision et de notre action au service de l’Afrique, le pilotage à vue ou les schémas simplistes, si nous voulons être réellement utiles à l’Afrique et aux africains.

Je vous remercie.

www.presidence.bf

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