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Solange Pitroipa : une burkinabè dans l’arène politique belge

Publié le mardi 18 mai 2004 à 11h00min

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Au regard des atouts physiques exceptionnels dont l’a doté la nature, on imagine plus Madame Solange Pitroipa dans un défilé d’Yves Saint Laurent que dans un meeting politique cherchant à convaincre des électeurs de voter pour elle. Et pourtant, cette jolie dame se soumettra le 13 Juin prochain au choix des électeurs bruxellois dans le cadre des élections régionales européennes.

Et c’est là qu’on perd son latin : comment cette Burkinabé " pur jus ", née à Samandin à Ouagadougou, se retrouve-t-elle à prétendre représenter les sujets de sa Majesté le Roi Albert II au Parlement européen ? Notre curiosité aiguisée au plus haut point, nous avons cherché à joindre notre compatriote dans sa lointaine contrée belge et c’et par une e-correspondance qu’elle a accepté de lever l’intrigue. Elle nous parle de son parcours de battante, des raisons de son engagement en politique, de ses espoirs, de ses attentes.

De Samandin à Bruxelles

Originaire de Ouagadougou (Burkina Faso), secteur 7 (Samandin), j’ai toujours été de nature indépendante. Alors qu’un membre de ma famille me proposait de suivre des études à Rome, j’ai préféré me lancer seule. J’ai débarqué en Belgique un peu par hasard, il y a près de 11 ans. J’étais un peu inquiète de ne pas comprendre les annonces à l’aéroport national (Zaventem). Je ne savais pas encore qu’on parlait le néerlandais en Belgique.

Dès la fin de mes études, en expertise-comptable à la Chambre Belge des Comptables et à la Chambre de Commerce et d’industrie de Bruxelles en juin 1998, j’ai été engagée par l’Administration Communale d’Ixelles où j’étais responsable du Recouvrement des taxes et des poursuites judiciaires pendant 4 ans et depuis mai 2002, je suis responsable de la gestion du budget du Service de la Culture de cette Administration publique. Qui dit " gestion des Taxes et Budget " dit " documents politiques ". J’ai donc attiré la grande sympathie de mes supérieurs hiérarchiques qui étaient très contents de mon travail.

Mon engagement politique

J’ai commencé discrètement à militer au sein du FDF (Front Démocratique des Francophones) dont le Président est Olivier MAINGAIN, un des partis fondateurs du MR (Mouvement Réformateur) dont le Président est l’ancien Ministre de l’Intérieur et actuellement Ministre d’Etat Antoine DUQUESNE et notre Chef de file gouvernemental est Louis MICHEL, Vice-Premier Ministre et Ministre des Affaires Etrangères. Le MR est la première force politique bruxelloise et ce malgré les discours incantatoires de nos adversaires.

En janvier 2004, j’ai eu la proposition du Président Olivier MAINGAIN d’être candidate sur la liste du MR. J’ai évidemment accepté car pour moi, ce choix m’honore et surtout honore mon pays d’origine.

Je ne vous cacherai pas que suis particulièrement touchée par de nombreux témoignages d’amitié, d’encouragement, etc, à commencer par la marque de sympathie, d’encouragement de la part de son Excellence Kadré Désiré Ouédraogo, Ambassadeur à Bruxelles et de toute son équipe sur place ; des témoignages d’amitié de mes ami(e)s Burkinabé du pays et en Belgique et aussi de mes ami(e)s Belges. Je les remercie très sincèrement de leur soutien.

Une intégration réussie

Je suis très attachée à Bruxelles. J’aime son côté multiculturel, la liberté d’expression et de pensée. Les rapports entre les femmes et les hommes sont d’égal à égal même s’il subsiste des discriminations vis-à-vis des femmes enceintes. J’ai eu la chance d’être entourée, dès le début, par des gens qui me respectent. Les Belges sont fidèles en amitié, ce sont des gens de parole et de loyauté. Mais je vous dis quand-même qu’ils sont assez lents en amitié.

Diplômée en Management communal et bientôt mon agrément d’expert-comptable et de conseil fiscal en poche, je suis aussi assez familiarisée au néerlandais ; actuellement je continue ma formation en néerlandais à raison de deux demi-journées par semaines à l’initiative de mon Administration.

Tout le monde sait que Bruxelles constitue une formidable vitrine ouverte sur le monde ; à cet égard, Bruxelles, trois fois capitale (fédérale, européenne et internationale), représente pour ses intérêts une opportunité unique.

Je suis nommée par le Parti Déléguée FDF aux relations avec les Secteurs professionnels. Donc pour moi, l’Europe est en enjeu capital pour Bruxelles et pour toute l’Afrique, je dirai !

En effet, la présence des institutions européennes génère de nombreux emplois directs et indirects, représente un pouvoir d’achat énorme à Bruxelles de la part des fonctionnaires, attire les touristes, renforce l’image de Bruxelles.

Bruxelles en tant que capitale de l’Europe doit avoir l’ambition d’être une ville culturelle de premier plan. D’ailleurs, faire de Bruxelles, la capitale du cinéma européen et promouvoir son exportation, tout comme Ouagadougou est la capitale du cinéma africain, fait partie de mon programme politique.

Ce que je pense de la constitution européenne

Je crois très sincèrement qu’il faut adopter le plus vite possible la Constitution européenne ; elle renforce le rôle du Parlement européen, seul organe représentant véritablement les citoyens, et celui de la Commission, dont le Président (ou la présidente) devra être élu directement par les citoyens. La Constitution clarifiera les mécanismes et les procédures européennes afin de rapprocher le citoyen du processus de décision qui le concerne directement.

Nos propositions (mon groupe politique, le MR), en matière institutionnelle visent à rencontrer la triple nécessité de l’efficacité, de la clarté et de la démocratie.
Je souhaite que ce projet de Constitution soit rapidement adopté par la Conférence intergouvernementale.

On entend défendre la francophonie et préserver la langue française au sein des institutions européennes notamment comme langue de travail.

On veut une Europe qui assume ses responsabilités dans le monde, car plus que jamais l’Union doit parler d’une seule voix.

Mes espoirs pour l’Afrique

J’ai toujours rêvé d’une Afrique unie, c’est-à-dire, les Etats-Unis d’Afrique. L’Afrique doit pouvoir aller de l’avant sans être freinée par ceux qui veulent empêcher les plus volontaristes.

Je soutiendrais l’idée d’une constitution africaine. Une constitution de ce genre permettrait d’améliorer la visibilité de l’action de l’Union africaine dans le monde, d’assurer une plus grande cohérence et d’avantage d’efficacité. Toute l’Afrique pourra donc œuvrer, de concert, à une Afrique plus juste, plus solidaire, plus prospère et plus sûr. Assez des guerres sauvages dans mon continent. L’Afrique doit rester crédible. Elle devrait contribuer davantage au maintien de la Paix en Afrique de manière efficace, de la démocratie et de l’Etat de droit, et à leur rétablissement lorsque ceux-ci ont été bafoués.

Je crois en l’Afrique, à ses forces, à ses capacités, à sa solidarité, à son intégrité et surtout à ses richesses. Je rêve de voir toute l’Afrique s’unir à jamais !

Mon pays me manque

Vous savez, mon pays d’origine me manque, j’aime beaucoup le Burkina. C’est la raison qui fait que je rentre chaque année pendant les vacances. Seule l’année dernière je n’ai pas pu rentrer parce que j’avais fait venir ma mère à côté de moi et aussi, parce que je devais aller faire le baptême de mon fils au Vatican le 14 août 2003.

Je serai digne de la confiance placée en moi

En Belgique, il y a beaucoup de Burkinabè (étudiants, travailleurs, hommes d’affaires etc). Des Burkinabè, Nigériens, Ivoiriens, Sénégalais, Burundais, Rwandais, Guinéens, Congolais, Maliens me soutiennent activement dans ma campagne. Je ne vous cacherai pas qu’ils me donnent plus jamais l’envie de me battre pour l’emporter, et de belle façon, au soir du 13 juin prochain.

Etre ainsi une première élue d’origine africaine est une noble ambition que je me propose d’assumer avec dignité afin que Bruxelles serve de modèle d’intégration pour les autres Régions belges et européennes.

Pour terminer, mon action se fonde sur deux piliers. Primo : je ferai de la lutte contre l’exclusion sociale et la précarité le leitmotiv de mon action politique. Secundo : je serai digne de la confiance de toutes celles et tous ceux qui veulent faire de Bruxelles le modèle de l’intégration et de l’enrichissement réciproque d’une société multiculturelle dynamique.

San Finna

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Vos commentaires

  • Le 1er novembre 2006 à 10:45, par MOHAMADI OUEDRAOGO( USA) En réponse à : > Solange Pitroipa : une burkinabè dans l’arène politique belge

    je suis vraiment tres content aujourd’hui de vous grande soeur.
    parceque je savais que un jour vous arriverai au bout de vos reve.
    depuis le saint jo et au milieu de ces hommes comme gerard presentement protocole du premier ministre, lucien, kam said fatogoma et autre a la tete du lycee vous etiez une fille batante.
    en ce moment nous etions petit avec les roger( votre petit frere) et autres.
    voila aujourdhui que vous etes a la tete d’une comune en belgique.
    seul le courage et le travail paie.
    moi aussi resortissant de samandin secteur 7 je vis aux usa depuis 1997.
    mais moi je suis dans les affaires .
    que le bon dieu nous protegent tous.

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