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Economie sous régionale : La cote des produits nigérians remonte

Publié le samedi 30 juin 2007 à 13h15min

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Pendant longtemps, les produits nigérians ont eu très mauvaise réputation en raison de leur qualité exécrable. La croisade contre la contrefaçon, menée depuis sept ans, commence à payer et les consommateurs reprennent confiance.

Des groupes électrogènes, des télévisions et autres appareils électroménagers, évalués à des milliards de nairas (la monnaie nigériane) sont brûlés chaque mois à Otta, au sud-ouest du Nigeria, à 60 km de Lagos. Le spectacle se déroule sous l’œil vigilant de douaniers, de journalistes et des agents de la Standards organisation of Nigeria (SON), une structure chargée de contrôler la qualité des produits fabriqués et importés au Nigeria. "C’est une routine à laquelle nous sommes habitués depuis que le professeur John Akanya a pris la direction de SON, il y a sept ans" affirme un habitant de Otta. Créé par un décret du président Yakubu Gowon en 1971, SON a connu une léthargie profonde pendant trois décennies. Pour les divers gouvernements qui se sont succédé depuis sa création, la qualité des produits n’était en effet pas une priorité.

Mais à sa prise de fonction en 2000, John Akanya s’est fixé comme objectif d’éradiquer les produits contrefaits du Nigeria et de redonner une nouvelle image à ce pays, longtemps souillée par la malhonnêteté d’une catégorie de commerçants et de fabricants. Aujourd’hui, les résultats sont là. Le Nigeria déborde de produits de bonne qualité et attire des clients nationaux comme étrangers (Béninois, Togolais, Ghanéens, Ivoiriens, Guinéens...).

Aujourd’hui, le Nigeria est devenu la plus belle fille que tout le monde veut courtiser’, affirme John Akanya. Ce que confirme Adjoua Ester, une Togolaise établie au Nigeria depuis 25 ans : "Je suis surprise qu’on puisse maintenant acheter ici un appareil sans problème. Auparavant, il fallait se rendre au marché avec un guide et des réparateurs pour vérifier au préalable la qualité du produit." Selon Dada Owonikoko, employé à SON, "cet exploit est le fruit des nouvelles stratégies de l’actuel directeur et de l’engagement du gouvernement défunt.

Ce dernier a mis à notre disposition plusieurs laboratoires d’analyses modernes". Le pays disposait de 200 unités de contrôle en 2000. Il en compte aujourd’hui aujourd’hui 5 000, réparties sur l’ensemble du territoire, soit 25 fois plus. De plus, l’institution a été renforcée en personnel avec le recrutement d’experts et de consultants. Grâce aux moyens mis à sa disposition par l’Etat, SON apprend aussi aux Nigérians à reconnaître les produits contrefaits et diffuse dans tous les médias (radio, télévision...) la liste des produits certifiés, donc conseillés.

Une lutte qui commence à payer

Lorsqu’on demande au Directeur de SON le rang qu’occupe son pays en matière de contrôle de qualité des produits, il répond avec lucidité : "II est difficile de s’évaluer soi-même. Mais récemment, j’ai participé à un atelier en Afrique du Sud où il a été dit que l’Afrique du Sud vient en tête sur le continent suivi du Nigeria. Occuper la 2e position en matière de qualité, est une grande première pour un pays jadis considéré comme le berceau de la contrefaçon."

Pour atteindre ce résultat remarquable, une lutte acharnée est menée contre les produits qualifiés de douteux. Des contrôleurs sont déployés dans tout le pays en particulier aux différents points d’entrée des marchandises, tels les 3 principaux ports (Lagos, PortHarcourt et Calabar à 800 km à l’est de Lagos) pour contrôler celles qui cherchent à entrer en fraude au Nigeria. S’ils en découvrent, ils les saisissent puis les détruisent. Des experts en qualité sont aussi envoyés dans certaines usines afin de contrôler la qualité des matières premières utilisées pour la fabrication de certains produits (cassettes audio et vidéo, pneus de voiture). Cette stratégie selon l’analyste Chidi Nduka "vise à combattre le mal à sa racine".

Résultat : "Le Nigeria a fait des pas de géant vers l’éradication des produits de qualité douteuse, aujourd’hui en dessous de 20 % contre 95 % avant 2000", se félicite John Akanya. Certains Nigérians espèrent échapper à la vigilance de ces contrôleurs en installant par exemple des usines chez eux pour fabriquer toutes sortes d’articles (pièces détachées de véhicules, moteurs d’appareils électroménagers, stylos...), mais s’ils se font prendre à la faveur d’une des deux descentes hebdomadaires musclées, organisées dans les marchés par SON avec l’appui des forces de l’ordre, ils risquent de six mois à 3 ans de prison.

Tout comme la National Agency for food and drogue control (Nafdac) qui a engagé une croisade contre les faux médicaments avec des résultats probants (de 85% en 2003 à 7% en 2006), SON redonne confiance aux consommateurs des autres produits. "Ce n’est que le début du combat. Notre objectif d’ici cinq ans est de faire du Nigeria le premier pays en matière de qualité en Afrique et pourquoi pas dans le monde", conclut John Akanya, plus déterminé que jamais à continuer le combat contre la mauvaise qualité.

Daouda Aliyou
Syfia International

Sidwaya

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