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Législatives au Congo-Brazza : La démocratie de pacotille part en lambeaux

Publié le mardi 26 juin 2007 à 08h01min

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Serait-ce la démocratie du Mbochi l’ethnie de Denis Sassou N’Guesso, où c’est le chef qui décide de tout ? Et "un chef ça se respecte" comme aime le répéter le maître du Congo-Brazza lors de ses colères homériques. Ce pays en tout cas est pudiquement appelé "Une démocratie apaisée" concoctée à la sauce de la moribonde ( ?) Françafrique qu’applique méticuleusement Sassou.

Le premier tour des législatives qui viennent de se tenir le 24 juin dernier illustre à merveille cette démocratie tropicalisée.

En effet, dimanche dernier, 2 millions de Congolais se sont rendus aux urnes pour élire les 137 députés qui devront siéger à l’Assemblée nationale. Premier constat de ce scrutin chaotique : l’ouverture des bureaux de vote qui a accusé un grand retard.

Si les opérations de vote étaient normalement prévues pour commencer à 7 heures, de nombreux bureaux, ont ouvert à 17 heures, soit une heure avant la fermeture. C’est le cas à Makelèkelé (Sud du Congo) et à Talangaï (Nord).

A cela s’ajoute le manque de matériel dans de nombreux bureaux de vote ou encore les difficultés relatives au corps électoral dans certaines circonscriptions où les scrutateurs ont dû ajouter manuellement les noms de certains électeurs qui ne figuraient pas sur les listes.

C’est le cas à Kinkala, chef-lieu de la région martyre du Pool, (fief de l’ex-rebelle Frédéric Bitsangou dit Ntumi) et dans 7 autres circonscriptions où déjà en 2002, les électeurs n’avaient pas pu voter pour cause d’insécurité ambiante.

On ne saurait oublier la polémique autour de l’impartialité de la Commission nationale d’organisation des électeurs (CONEL). Autant de griefs qui ont incité les partis de l’opposition à prôner le boycott du scrutin.

Pourtant Sassou N’Guesso, en fin tacticien, héritage du militaire qu’il est, avait su appliquer la potion de la démocratie apaisée, de façon homéopathique :

à quelque chose malheur est bon, à l’occasion du décès de l’épouse de l’ex-maire de Brazza, Bernard Kolelas et grand opposant de Sassou, ce dernier avait permis qu’il rentre au pays (il était recherché par la justice), pour organiser les obsèques de sa femme ; on avait alors parlé de la "diplomatie du cercueil".

Du reste, depuis plusieurs mois, les deux hommes se rencontrent régulièrement, et Kolelas a même demandé pardon aux Congolais pour les fautes commises par ses milices, les Ninjas, du temps de la guerre civile en 1997.

Le pasteur Ntumi est nommé depuis le 21 mai 2007 délégué général auprès du président de la République, preuve que celui dont les miliciens Nsiloulous ont écumé le pool, après moult tergiversations, a décidé vraiment de déposer les armes, même si tous ces milliers, des jeunes qu’il a délaissés, ne savent plus à quel saint se vouer.

Cependant l’arbre ne saurait cacher la forêt, et Sassou n’est que le pur produit de la période de braise marxiste-léniniste des années 70. Après son coup d’Etat en 1979 et après 13 années de règne, l’homme concéda une parenthèse de 5 ans en 1992, ayant perdu la présidentielle face à Pascal Lissouba de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS).

Chassez le naturel, il revient au galop, en 1997 après une guerre civile face à Lissouba, revoilà le gendre d’Omar Bongo Ondimba à la tête du Congo. Et rebelote pour lui en 2002, lorsqu’il s’est moulé dans les habits de président élu de manière truquée et tronquée, ses opposants n’ayant pas été autorisés à faire campagne à l’époque.

C’est pourquoi il est évident que le 22 juillet prochain, le Parti congolais du travail (PCT) va encore être supra- majoritaire au parlement comme à la dernière législature, où il avait 115 députés sur 137. Et l’on dira encore que le Congo vient d’organiser des législatives, que la démocratie se renforce au Congo et tuti quanti...

Mais une telle démocratie n’est-elle pas la source des guérillas à répétition au Congo ? Le pasteur Ntoumi, avec son parti le Conseil national des républicains (CNR), acceptera-t-il longtemps de bonne grâce d’abandonner totalement le maquis ?

Et que dire de Pascal Lissouba, qui est toujours frappé par un mandat de justice et perclus par la maladie dans son appartenant de Londres ?

Enfin, les questions relatives à la manne pétrolière mal répartie sont aussi pendantes. Pour tout dire, à quand l’avènement d’une démocratie débarrassée des oripeaux de la Françafrique au Congo ?

Z. Dieudonné Zoungrana

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 26 juin 2007 à 19:46, par TristAfrik En réponse à : > Législatives au Congo-Brazza : La démocratie de pacotille part en lambeaux

    Cet article m’inspire la question suivante :
    Quelle est la différence entre ce que vivent nos frères Congolais et ce que vivent nos frères Zimbabwéens ?
    Ma réponse personnelle est que les premiers sont en retard par rapport aux seconds dans la mesures où leurs présidents ne sont reconnus comme dictateurs par la "communauté internationale" que s’ils touchent aux intérêts des fermiers ou pétroliers blancs. Ce qui est déjà le cas pour Robert Mungabe pend au nez de Denis Sassou N’Guesso. D’ailleurs, Pascal Lissouba son prédécesseur qui a eu la faiblesse de croire que le pétrole congolais pourrait être géré autrement n’a pas eu le temps de comprendre ce qui tombait sur la tête à lui et au peuple congolais... Tant que Sassou saura se garder de toucher aux intérêts des pétroliers dans son pays, la "communauté internationale" n’y verra qu’une démocratie qui avance et qu’il faut soutenir. Fasse Dieu que le pétrole ne s’épuise jamais dans ce pays, car tant que cette mane du ciel calmera les appetits des rapaces de l’intérieur et de l’extérieur on pourra toujours jouer à la démocratie en attendant la guerre civile. Pourvu que ça dure ! (Faut-il en rire ou pleurer ?)

    • Le 27 juin 2007 à 07:05, par Mabiala En réponse à : > Législatives au Congo-Brazza : La démocratie de pacotille part en lambeaux

      Cher Monsieur,

      Vos propos sont pertinents.Merci de comprendre nos malheurs.Merci a M. Zoungrana pour son article.En effet les guerres au Congo seront toujours la reponse a toute demarche non ’’autorisee’’ vers le petrole : chasse gardee des french ; lourdement assis sur les epaules de tous pays Africain producteur de l’or noir. La France c’est la puissance de la sangsue...Quant a Sassou, mon frere, les congolais en ont une indigestion !! Rien n’est termine car ce general a fait une erreur : celle de revenir servir ses amis francais qui avaient perdu leur jargon devant le President Lissouba. A ne pas rater : La sortie de sassou.Tot ou tard.Il n’y aura pas deux Sassou au Congo : la preuve,les French sont alles chercher ce Nguesso qui etait battu a la reguliere en 1992.Ce monsieur est notre plaie,les francais nos bourreaux.Nous n’avons pas la memoire courte.
      Mabiala
      USA.

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