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Editorial : La responsabilité citoyenne

Publié le lundi 25 juin 2007 à 08h19min

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La gestion et la défense des biens et des affaires de l’Etat, patrimoine national, sont d’une importance extrême et devraient intéresser toutes les composantes de la nation. Parce qu’il s’agit de la gestion du destin des hommes et des femmes appartenant à la communauté nationale, les personnes investies de l’autorité publique et chargées de cette gestion, devraient avoir une conscience aiguë de l’intérêt national et du bien commun.

Si, dans l’exercice de leurs fonctions, les autorités politiques et administratives sont habituellement interpellées, suspectées, voire accusées à tort ou à raison, il importe que les citoyens ordinaires, les hommes et les femmes des villes et des campagnes, dans leurs activités et leurs comportements au quotidien, jouent aussi leur partition, pour la bonne marche de la vie dans la cité.

En effet, le citoyen dans la République n’a pas que des droits, il a aussi des devoirs. Les droits fondamentaux des citoyens burkinabè sont protégés et défendus par un certain nombre de normes juridiques nationales, régionales et internationales.

La Constitution en particulier organise la protection de l’ensemble des droits fondamentaux, à savoir, les droits civils et politiques, les droits économiques, sociaux et culturels, et les droits de troisième génération, appelés aussi droits de la solidarité ou nouveaux droits. L’Etat de droit démocratique qui régente les institutions de la IVe République, en effet, fait du respect des droits de l’homme, la priorité de ses priorités.

A côté des droits que tout le monde sait revendiquer à cor et à cri, le citoyen a des obligations qui ne sauraient être escamotées au risque de rendre notre Etat de droit boiteux, voire inopérant, tant il est vrai que droits et devoirs sont les deux faces d’une même réalité. Ainsi les habitants de notre pays doivent être amenés à devenir des citoyens, connaissant leurs droits et leurs devoirs.

Contrairement à l’habitant qui ne s’intéresse guère aux affaires communautaires, le citoyen digne de ce nom est celui qui, dans la cité, connaît ses droits et s’acquitte de ses devoirs. Les principaux devoirs du citoyen sont, faut-il le rappeler, le respect de la constitution et des lois de la République, le respect des droits des autres citoyens et le paiement des impôts et des taxes afin de donner à l’Etat les moyens de fonctionner. Combien de concitoyens en ont une claire conscience ?

De nos jours, l’incivisme a tendance malheureusement à envahir toutes les sphères de la société, dévoilant au grand jour des tares et des dysfonctionnements préjudiciables à l’avenir de notre pays si les mesures qui s’imposent ne sont pas prises à temps pour les endiguer. La fraude, la corruption, la tricherie, l’incivisme fiscal, la paresse, l’affairisme, le trafic d’influence... ont aujourd’hui pignon sur rue et semblent gagner du terrain.

La fraude massive aux examens du brevet d’études du premier cycle (BEPC) survenue la semaine dernière dans notre pays traduit un état de déliquescence morale qui a tendance à s’installer, notamment au niveau des couches moyennes de la société, avides de gravir les échelons par tous les moyens. S’il est vrai que la vie est plus difficile pour les pauvres, on peut vivre sa pauvreté dignement, loin de la malhonnêteté, de la forfaiture et de l’abomination.

Le nouveau gouvernement de Tertius Zongo se trouve ainsi confronté à sa première épreuve qui est en même temps un test de crédibilité pour sa rigueur et sa sagesse. Saura-t-il sévir à propos afin de préserver notre qualité d’hommes et de femmes intègres (burkinabè) en cette circonstance où notre jeunesse est scandaleusement éclaboussée ? En décidant avec diligence de révoquer avec poursuites judiciaires le cerveau reconnu de la fraude, le conseil des ministres du 20 juin dernier a voulu marquer sa réprobation vis-à-vis de faits aussi graves, en prenant les dispositions qui s’imposent.

Ainsi ceux dont les enquêtes auraient révélé une participation à quelque degré que ce soit “ seront sanctionnés avec rigueur conformément aux textes en vigueur ”, a indiqué le conseil des ministres. Comme l’enseigne la sagesse latine “ dura lex, sed lex ” (la loi est dure, mais c’est la loi).

En entraînant la jeunesse dans la perversion, les auteurs de cette fraude honteuse, assurément, ont commis un crime abominable. Et comme Socrate, accusé lui à tort, on doit leur faire boire la ciguë jusqu’à la dernière goutte, en les amenant à payer effectivement pour cette forfaiture.
A entendre cependant l’opinion publique, c’est le laxisme dans la gestion de cas similaires les années précédentes qui serait la cause de la persistance du phénomène de la fraude aux examens.

La justice qui juge et sanctionne et le parlement qui légifère sont de ce fait interpellés chacun à son niveau, pour que soit conjurée à jamais cette gangrène qui fait du mal à notre système scolaire. “ Dès qu’il a le pouvoir de mal faire sans crainte, le sage lui-même ne résiste pas à la tentation ”. Cette pensée du philosophe grec Platon devrait amener les institutions à prendre les mesures les plus appropriées afin que la vertu soit soutenue par des dispositions adéquates, aptes à éloigner des honnêtes citoyens, le diable et ses tentations.

Les jeunes scolaires, pris à défaut, avec la complicité de certains parents d’élèves, ne sauraient être blanchis dans cette affaire scandaleuse.
Ils doivent quitter au plus vite les chemins de la tricherie, de la fraude et de la facilité qui sont des chemins de la déchéance et de la perdition. Tant il est vrai que seul le travail acharné et honnête paie et rend digne pour le service de la nation dont ils se destinent.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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