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Gouvernement Tertius Zongo : "L’internationalisation" traduit la détermination du Burkina à occuper pleinement sa place dans la mondialisation (1/2)

Publié le jeudi 21 juin 2007 à 08h18min

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(Ph. L. Bazié)C’est la première fois que le Premier ministre du Burkina Faso est un ambassadeur en activité. Tertius Zongo était effectivement en poste à Washington avant de revenir à Ouagadougou pour y diriger le gouvernement (cf. LDD Burkina Faso 0129 et 0130/Mardi 5 et Mercredi 6 juin 2007).

C’est aussi la première fois que des ambassadeurs en activité entrent au gouvernement en aussi grand nombre : Filippe Savadogo, ambassadeur à Paris, est ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, porte-parole du gouvernement ; Salamata Sawadogo (ambassadrice à Dakar) est ministre de la Promotion des droits humains ; Céline Yoda (ambassadrice à Copenhague) est ministre de la Promotion de la femme.

Il me semble que ce n’est pas le fait du hasard ; alors que le Burkina Faso a été trop longtemps introverti, je constate que, depuis un certain nombre d’années, le pays a pris conscience de sa place centrale et du rôle majeur qu’il pouvait (et devait) jouer dans la sous-région, mais également de ses atouts (essentiellement humains) en matière de relations internationales. Ce n’est pas un hasard, non plus, si quelques personnalités burkinabé occupent des places significatives sur la scène internationale (je pense, parmi d’autres, à Zéphirin Diabré, chez Areva,’ Ablassé Ouédraogo à la BAD, etc.). Une nouvelle génération de cadres ayant évolué à l’international prend position au sein du gouvernement. Qui fait toujours la part belle, cependant, aux compétences avérées.

Salif Diallo, vieux compagnon de route de Biaise Compaoré, conserve son portefeuille de ministre de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques. Et son titre de ministre d’Etat. Le départ du gouvernement de Youssouf Ouédraogo (après avoir été, pendant près de neuf ans, le missi dominici du président du Faso en tant que "patron" de la diplomatie), qui était également ministre d’Etat, permet d’honorer de ce titre Bédouma Alain Yoda, désormais numéro 2 du gouvernement, qui conserve le portefeuille de la santé (il est loin le temps où il dirigeait la compagnie aérienne Naganagani !).

La restructuration des ministères des Finances et du Budget d’une part et de l’Economie et du Développement d’autre part donne naissance à un grand ministère de l’Economie et des Finances confié à Jean Baptiste Marie Pascal Compaoré qui était, jusqu’à présent, ministre des Finances et du Budget. Yéro Boly demeure ministre de la Défense (ce qui tend à prouver que l’affrontement meurtrier entre l’armée et la police fin 2006 a été jugé bien géré par le président du Faso). Djibrill Yipènè Bassolé, qui était jusqu’à présent ministre de la Sécurité (et plus que cela puisqu’il assure déjà le suivi du "dialogue intertogolais" et la facilitation du président du Faso dans le "dossier ivoirien") obtient le portefeuille des affaires étrangères et de la coopération régionale.

Gilbert Noël Ouédraogo, président de l’ADF/RDA, conserve le portefeuille des Transports mais gagne quelques places dans la hiérarchie gouvernementale (il est passé de la llème à la 7ème !). Seydou Bouda, qui était ministre de l’Economie et du Développement (ministère intégré à l’Economie et aux Finances), devient ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat. Clément Pengwendé Sawadogo conserve le portefeuille de l’Administration territoriale et de la Décentralisation qui lui avait été confié en janvier 2006.

Si Clément Pengwendé Sawadogo avait été, en janvier 2006, le seul nouveau venu dans le Top 10 au remaniement ministériel, cette année, nous avons droit à deux nouveaux : Zakalia Koté, numéro 4 du gouvernement, ministre de la Justice, Garde des sceaux, qui prend la suite de Boureima Badini, et Assane Sawadogo, numéro 10 du gouvernement et ministre de la Sécurité (il remplace Djibrill Yipènè Bassolé à ce portefeuille). Deux hommes neufs sur la scène politique pour gérer des activités ministérielles "à risques majeurs". La justice, malgré les efforts assurés par Badini au cours des dernières années, connaît un fort déficit de crédibilité dont n’a pas manqué de s’inquiéter, récemment, l’ancien premier ministre Yonli (cf. LDD Burkina Faso 0124/Lundi 7 mai 2007), et la sécurité ne cesse d’être une préoccupation des autorités confrontées à une progression des actes de violence (et, parfois, à la mauvaise humeur des forces de l’ordre, on l’a vu en décembre 2006 !).

Abdoulaye Abdoulkader Cissé est toujours ministre des Mines, des Carrières et de l’Energie, tandis que le portefeuille du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, qui était entre les mains de Benoît Ouattara, est confié à un nouveau venu, Mamadou Sanou (qui se retrouve numéro 11 du gouvernement alors que Ouattara figurait dans le Top 10 !).

Le ministère de la Culture, de l’Art et du Tourisme, qui était jusqu’à présent entre les mains d’Aline Koala, s’intitule désormais : Culture, Tourisme et Communication ; il est confié à Filippe Savadogo, qui après avoir été le "patron" du Fespaco, était depuis de longues années l’ambassadeur à Paris (et ailleurs en Europe) et l’infatigable (et incontournable) promoteur du Burkina Faso. Le voilà numéro 13 du gouvernement avec, qui plus est, la fonction de porte parole du gouvernement (mission assurée jusqu’à présent par Adama Fofana qui était ministre des Relations avec le Parlement). Soulignons que le ministère de l’Information était, jusqu’alors, un ministère à part entière (confié à Joseph Kahoun). Savadogo va avoir la rude tâche d’assurer à lui seul les activités qui, auparavant, étaient réparties entre trois personnalités ; mais ce journaliste de formation et ce communicateur passionné (et qui sait être didactique) n’est pas du genre à rechigner devant l’effort.

Pas de changement en ce qui concerne le ministère des Infrastructures et du Désenclavement : Hippolyte Lingani conserve son portefeuille. Joseph Paré et Odile Bonkoungou-Balima, qui avaient été nommés en janvier 2006, conservent les portefeuilles de, respectivement, les Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique, et de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation. Laurent Sédogo est maintenu comme ministre de l’Environnement et du Cadre de vie, tout comme Jérôme Bougouma au Travail et Sécurité sociale.

A noter la création d’une nouveau poste ministériel : chargé de mission auprès du Président du Faso, chargé de l’analyse et de la prospective. Lors de notre récent entretien à Ouaga. Biaise Compaoré m’avait confié qu’il attachait de l’importance à la prospective et qu’il faisait mener des études de simulation des évolutions, non seulement du Burkina Faso mais aussi de la sous-région, dans une perspective décennale. Voilà donc la formalisation de cette cellule Analyse et Prospective dont la responsabilité est confiée à Guéda Jacques Ouédraogo.

Justin Koutaba est maintenu à la Jeunesse et Emploi, Pascaline Tamini-Bihoun à l’Action sociale et Solidarité nationale, tandis que Sékou Bâ, qui était ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme, devient ministre des Ressources animales où il remplace Tiémoko Konaté (qui avait été nommé en janvier 2006 et n’aura donc fait qu’un bref passage à ce poste).

Autre changement : le portefeuille de la Promotion des droits humains est confié à Salamata Sawadogo-Tapsoba, qui était jusqu’à présent ambassadrice à Dakar ; elle remplace l’écrivaine Monique Ilboudo qui avait eu à gérer l’après-Zongo (si tant est qu’il y a un "après" à ce dossier encore en attente) et la "crise ivoirienne ". Joachim Tankoano conserve le ministère des Postes et des Technologies de l’information et de la communication (auquel il avait été nommé en janvier 2006). Céline Yoda-Konkobo, ambassadrice à Copenhague, est nommée ministre de la Promotion de la femme et prend ainsi la suite de Mariam Marie Gisèle Guigma.

A suivre

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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