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Protection de l’environnement : 16 000 tonnes de gaz consommés en 2006

Publié le jeudi 21 juin 2007 à 07h27min

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La consommation du gaz domestique a atteint, ces dernières années, 16 000 tonnes au Burkina Faso. Cet engagement des ménages s’explique par la politique gouvernementale de promotion de cette source d’énergie pour protéger l’environnement de plus en plus menacé par la déforestation. Le pays des « Hommes intègres » met tout en œuvre pour être à l’heure du gaz.

Confronté à un double handicap de pays non producteur de pétrole et d’Etat sahélien aux ressources forestières très limitées, le Burkina Faso s’est engagé depuis une décennie dans un vaste programme de promotion du gaz domestique, en vue de réduire l’utilisation du bois de chauffe par les ménages.

En effet, 90 % des besoins en énergie sont assurés par la biomasse (bois, charbon de bois, résidus agricoles). Les produits pétroliers n’interviennent seulement que pour 10 %. Aussi, face à la nécessité de préserver l’environnement de la désertification, l’Etat a mis en place différentes politiques pour promouvoir la consommation du gaz.

Ayant confié le monopole d’importation, de stockage et de conditionnement des produits pétroliers à la Société nationale burkinabè des hydrocarbures (SONABHY), cette entreprise s’est trouvée au cœur de la stratégie de vulgarisation du gaz. Les efforts de promotion ont suscité un certain engouement à tel point qu’entre 1980 et 1990, il s’est avéré que la demande dépassait l’offre. La SONABHY n’arrivait plus à satisfaire la consommation.

Avec la politique de vulgarisation mise en place, la consommation du gaz butane au Burkina Faso est passée de trois mille (3 000) tonnes en 1994 à seize mille (16 000) tonnes en 2006. Selon des estimations, elle atteindra les vingt cinq mille (25 000) tonnes en 2010, mais cette évolution ne représentera que 20 % des besoins en énergie domestique.

La SONABHY a alors entrepris l’élaboration d’un programme pour se doter d’un outil moderne et performant de conditionnement, de stockage et de mise en bouteille du gaz. « La direction générale de la société a pris l’engagement d’investir dans le gaz, car c’est un produit porteur dont le développement contribue à accompagner l’Etat dans sa lutte contre la désertification », a expliqué Joseph Diasso, directeur technique de la SONABHY.

Il s’est agi de doter le site de Bingo d’outils modernes tels le carroussel (un manège qui permet de charger en chaîne les bouteilles), un centre emplisseur ultramoderne (remplir, repeindre, réparer les bouteilles), des sphères de stockage d’une capacité de 2 700 tonnes de gaz. Le processus de modernisation des infrastructures est accompagné par une forte subvention du gaz par l’Etat. Ce qui le rend moins cher auprès des consommateurs.

Outre les installations de Bingo aux encablures de Ouagadougou, un terrain de trente (30) hectares a été acquis dans la commune rurale de Peni aux environs de Bobo-Dioulasso pour des infrastructures similaires avec une capacité de stockage de mille (1 000) tonnes. Le centre emplisseur et la sphère (mise en service le 15/05/2006 et réceptionné le 29/03/07) ont coûté chacun trois (3) milliards de F CFA. Les installations de Bobo-Dioulasso nécessiteront les mêmes financements.

« Tous ces investissements sont réalisés sur fonds propres. Parce que la SONABHY a foi en l’avenir du gaz et à sa contribution à la protection de l’environnement », a souligné Ousmane Ouiminga, chef du projet Extension de la SONABHY. Ainsi, à travers le projet dénommé « Modernisation des activités de gaz », l’acteur principal de la politique énergétique au Burkina Faso a entamé en 2005, la construction de deux (2) sphères de gaz et de deux (2) centres emplisseurs et automatisés respectivement à Bingo et à Peni pour « servir conséquemment le consommateur depuis le stockage jusqu’à la distribution ».

L’ambition de la SONABHY est de respecter au mieux la réglementation nationale en matière de sécurité énergétique : disposer de 90 jours de stock de sécurité et 30 jours de stock de roulement. « A défaut de ne pouvoir satisfaire cette disposition, nous voulons détenir sur notre site 60 jours de stock de sécurité et 30 jours de stock de roulement », assure Ousmane Ouiminga.

L’approvisionnement du Burkina Faso en gaz butane se fait à partir des ports de Cotonou au Bénin, Abidjan en Côte d’Ivoire, Téma au Ghana. Le transport exclusivement terrestre est confié à des privés. « Notre souhait est d’amener le maximum de Burkinabè à consommer le gaz butane. C’est une source d’énergie saine et économique qui préserve de la désertification et de la dégradation de notre environnement.

Quelle que soit la taille de la famille, son utilisation est plus économique que le charbon ou le bois car un (1) kilogramme (kg) de ce gaz est l’équivalent de six (6) kg de bois », soutient Michel Tapsoba, chef de projet gaz. Bien que avantageux pour les ménages et bénéfique à la protection de la nature, la promotion du gaz exige de lourds investissements tant pour l’approvisionnement, le stockage, l’emplissage et la distribution. Grâce aux efforts conjugués de l’Etat et de la SONABHY, le Burkina Faso avec ses 16 000 tonnes par an occupe la troisième place des pays consommateurs de gaz butane dans l’espace UEMOA derrière le Sénégal (60 000 tonnes) et la Côte d’Ivoire (40 000 tonnes).

Quand le gaz vient à manquer

Les installations gazières actuelles de la SONABHY à Bingo lui confèrent une capacité de stockage de 2700 tonnes pour une demande mensuelle de 1500 tonnes, soit une sortie mensuelle de 100 tonnes par jour (5000 bouteilles de 12 kg, 7000 bouteilles de 6 kg). En 2006, le seul dépôt de la capitale a mis à la disposition des distributeurs de gaz, 13 790 tonnes dont 4560 t pour les bouteilles de 2,75 à 6 kg, fortement subventionnées par l’Etat, 8595 t de 12 kg et 633 t de bouteilles industrielles au-dessus de 12 kg et du vrac.

Avec ses nouvelles infrastructures (sphère, carrousel), l’une des plus importantes de la sous région, les capacités d’emplissage sont de 600 bouteilles de 12,5 kg par heure, 160 et 240 bouteilles de 6 kg par heure, 100 et 300 bouteilles de 2,75 kg par heure. « Avec les investissements actuels dans le domaine du gaz, aucune pénurie n’est possible. Seulement la SONABHY jouit d’un monopole d’Etat pour l’importation, le stockage et le conditionnement. Notre entreprise ne peut être interpellée pour pénurie que lorsqu’il n’y a pas de gaz disponible sur son site.

Elle ne vend pas directement le gaz au consommateur. Ce sont des marketeurs, qui s’en chargent. Si nous avons des stocks importants et ceux-ci n’en prennent pas les dispositions nécessaires c’est peine perdue. Alors, si le gaz vient à manquer en ville, ce n’est pas du fait de la SONABHY car elle n’intervient pas dans la distribution », a rappelé Joseph Diasso, directeur technique. En effet, pour mettre le gaz à la disposition des ménages, la SONABHY s’appuie sur les activités de cinq (5) distributeurs agréés appelés communément des marketeurs : STD-Sodigaz, TOTAL-Burkina, Oryx-Burkina, Petrogaz, Petrofa.

Chaque distributeur se rend sur le site d’emplissage de Bingo pour se faire servir en fonction de ses commandes. « L’on ne peut nous accuser que lorsque la SONABHY est incapable de mettre le gaz à la disposition des ces marketeurs », ajoute M. Diasso. Pour faciliter le transport des bouteilles, il a été procédé à leur palettisation. Aussi pour que la production du centre d’emplissage soit optimisée, chaque marketeur doit en principe disposer d’un stock tampon (un certain nombre de bouteilles vides) à la SONABHY. La construction des nouvelles infrastructures et leur capacité d’emplissage ont amené la société à recruter des journaliers.

Ceux-ci sont parfois désœuvrés par manque d’emballages.
Les bouteilles ont été dotées de capsules pour les rendre inviolables. Mais toutes les innovations et les garanties de transport et de sécurité ne semblent pas totalement venues à bout des difficultés inhérentes à la promotion du gaz. Les responsables en charge de la vulgarisation de cette source d’énergie à la SONABHY reconnaissent que les marketeurs ont consenti d’énormes efforts pour se conformer à la vision du projet « Modernisation des activités de gaz ». Seulement, d’autres sacrifices demeurent pour maintenir un meilleur climat de collaboration entre embouteilleurs et distributeurs. « La modernisation du secteur de gaz ne s’arrête pas aux installations du site. Elle accompagne aussi le circuit de distribution.

La palettisation a coûté 600 millions F CFA. Les palettes ont été gracieusement mises à la disposition des marketeurs. Il faut qu’ils en prennent grand soin pour favoriser le transport des bouteilles », a recommandé Michel Tapsoba, chef de projet gaz de la SONABHY. La réglementation en matière de distribution et de commercialisation ne rend pas toujours accessible et disponible le gaz sur le territoire national en tout temps. Il arrive parfois que des marketeurs soient en manque de bouteilles pour lancer d’autres commandes.

Or, la non interchangeabilité des emballages empêche les consommateurs de se servir en tout lieu et chez tout distributeur. « La SONABHY poursuivra la réflexion avec tous les acteurs de façon à lever les entraves liées aux activités du gaz pour le rendre accessible à toute la population », a promis Joseph Diasso, directeur technique de la SONABHY.

Jolivet Emmaüs (joliv_et@yahoo.fr)
Rabankhi Abou Bâkr ZIDA (rabankhi@yahoo.fr)

Sidwaya

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