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Législatives françaises : Juppé, le naufragé de la vague bleue

Publié le mercredi 20 juin 2007 à 07h57min

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Alain Juppé

Les dés sont désormais jetés en France. Le verdict des scrutins législatifs des 10 et 17 juin 2007 sont désormais connus. L’Union pour la majorité présidentielle (UMP) obtient, à elle seule, une majorité confortable et absolue, avec 318 sièges sur les 577 de l’Assemblée, moins que le nombre de ses députés sortants, 359.

Avec les partis satellites, Nicolas Sarkozy et les siens comptent 341 élus. Le PS s’en tire avec 190 élus contre 149 en 2002. Au total, la gauche compte 228 députés. Le MoDem de François Bayrou obtient 4 sièges, et le FN, aucun.

Ainsi donc, la vague bleue annoncée, qui devait déferler sur le Palais-Bourbon, n’a pas eu lieu. Mais plutôt une défaite réjouissante pour le parti socialiste, qui conforte son rôle de principal parti d’opposition grâce à une nette progression. Les socialistes ont donc pu sauver les meubles grâce sans doute au prolongement de la dynamique de l’élection présidentielle.

L’électorat français, qui s’est toujours montré versatile au gré des aléas du moment, n’a pas voulu d’un déséquilibre trop prononcé à l’Assemblée. Une majorité écrasante de l’UMP aurait donné les pleins pouvoir aux sarkozistes, qui risqueraient assurément d’abuser de leur position dominante. Du coup, ils sont tenus à la réserve, et doivent compter avec les aspirations du Parti socialiste, deuxième force politique.

Si ce léger recul du parti présidentiel par rapport à son score de 2002 n’est pas très alarmant, c’est surtout la défaite du n°2 du gouvernement de François Fillon, Alain Juppé, qui paraît scandaleuse.

Le maire de Bordeaux a, en effet, subi dans la 2e circonscription de Gironde, la loi de la socialiste Michèle Delaunay. Cette déconvenue est même un coup de semonce pour Nicolas Sarkozy dans la mesure où conformément à la règle édictée par le premier ministre, « les ministres battus aux législatives, donc désavoués par les électeurs, devront démissionner du gouvernement ».

Seul Juppé n’a pas pu relever ce défi parmi les 11 ministres candidats. Les mauvaises langues iront jusqu’à dire que cette prescription a été taillée sur mesure pour écarter certaines personnalités comme le maire de Bordeaux. Or c’est l’irruption, dans l’entre-deux tours, du débat sur la « TVA sociale qui a tout simplement emporté « l’impopulaire » Juppé. Triste sort donc pour cet illustre repêché à qui le président Sarkozy a voulu donner une seconde chance après sa traversée « du désert ».

Cette donne aura contraint François Fillon à réaménager son équipe avec l’ascension de Jean-Louis Borloo au ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables.

Cependant, il n’y a pas que l’UMP qui a trébuché lors de ces élections. Le Front national a enregistré l’un des plus mauvais résultats de son histoire. Le yo yo électoral lui a été fatal. Et la conséquence de cet échec est que le parti d’extrême droite va être contraint de réduire sensiblement son train de vie : licenciement des permanents, vente du siège, refonte complète des structures..., aucun scénario n’est écarté par la jeune garde, qui prépare la relève autour de Marine Le Pen. Côté socialiste, la Cocotte-Minute sentimentale entretenue depuis 30 ans par le couple Royale/Hollande a fini par sauter.

Malgré la volonté de l’ex-candidate à l’Elysée de faire la part des choses entre sa vie privée et son engagement politique, d’aucuns estiment que les tensions qui couvaient au sein de ce couple ont perturbé la campagne électorale. Et du coup, les rapports de force sont désormais modifiés dans le PS.

Si pour le moment, le premier secrétaire du parti a déclaré ne pas être candidat à sa propre succession en 2008, sa désormais ex-compagne (près de 30 ans de vie en concubinage avec 4 enfants à la clef) ne compte pas s’arrêter à son honorable défaite lors de la présidentielle passée. Ambitieuse qu’elle est ou du moins prétentieuse, elle lorgne la direction du parti.

Après avoir nazifié les « Eléphants du PS », c’est son compagnon qu’elle a livré à la scène publique à travers cette phrase : « J’ai demandé à François Hollande de quitter le domicile, de vivre son histoire sentimentale de son côté, et je lui ai souhaité d’être heureux ».

Bref, le moins que l’on puisse dire est que la tambouille règne partout. A chacun donc de savoir laver son linge sale en famille, politique ou non, à droite comme à gauche.

Kader Traoré

L’Observateur

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