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La contrefaçon : Une gangrène pour l’économie burkinabè

Publié le lundi 18 juin 2007 à 07h24min

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La Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) a lancé depuis le 8 juin 2007, une campagne de lutte contre le fléau de la contrefaçon, afin de préserver la santé des populations et sauver l’économie du pays.

Le phénomène de la contrefaçon touche près de 10% des échanges commerciaux dans le monde. Le commerce international de biens contrefaits ou piratés est estimé à environ 200 milliards de dollars US/an (97 400 milliards FCFA) selon le rapport 2005 de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE). Au Burkina Faso, la situation est très inquiétante d’après une étude récente de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA) qui dévoile qu’environ 80% des produits vendus au Burkina Faso sont contrefaits.

Définie comme la reproduction frauduleuse de l’œuvre d’autrui, la contrefaçon nuit aujourd’hui à la santé des consommateurs et à l’économie mondiale, surtout celles des pays pauvres. Le phénomène ne concerne plus les objets de luxe mais attaque aussi les biens de consommation de première nécessité : les médicaments, les huiles, le textile, les cigarettes, les pâtes dentifrices, les cosmétiques, les appareils électroménagers...

Fort de ce constat inquiétant, la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB), en collaboration avec les industriels mène une campagne nationale de mobilisation des consommateurs contre la contrefaçon. Pour une portée efficace de l’opération, un forum organisé le vendredi 8 juin 2007 à la Ran hôtel Somkieta par la LCB a regroupé 100 participants venus de tous les secteurs socioprofessionnels du Burkina Faso.

Ce sont entre autres des industriels, des journalistes, des commerçants, des douaniers, des syndicalistes. "Faire prendre conscience au grand public que si les dégâts causés par la contrefaçon ne sont pas visibles, ils n’en sont pas moins très importants et très graves", tel a été le but de ce forum national sur la contrefaçon au Burkina Faso. Un fléau qui, de l’avis du vice-président de la LCB, Daniel Da Hien, est "néfaste au niveau de l’économie de notre pays, déjà en proie à d’innombrables difficultés".

Puisque selon le secrétaire général du ministère du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’artisanat, Jean Claude Bicaba, "le commerce des produits de contrefaçon est passé de 5% du commerce mondial en 2 000 à 10% en 2006".

Pour combattre le mal, la LCB, en plus du forum national, projette entre autres "l’organisation d’une exposition itinérante sur la contrefaçon et les droits de propriété intellectuelle et industrielle, l’édition de brochures d’informations pratiques à destination du grand public, l’organisation d’une campagne nationale de diffusion de spots radio et télévisés anti-contrefaçon".

Les conséquences de la contrefaçon sont nombreuses. Parmi lesquelles une explosion, selon un médecin, de cas de cancers en Afrique. Cela résulte de la contrefaçon des antibiotiques, anti-inflammatoires, analgésiques, anti- parasitaires...

Pour illustrer la situation d’après une étude de la revue médicale britannique, The lancet, "sur le million de personnes décédant du paludisme chaque année en Afrique, deux cents mille auraient pu être sauvées si des médicaments authentiques étaient distribués". Que dire des 80 000 doses de vaccin commandées par un pays africain qui se sont révélées être du faux car ne contenant que de l’eau distillée. Déjà en proie à la fraude, les entreprises burkinabè doivent en plus lutter contre la contrefaçon qui, de plus en plus, occupe des parts de marchés très importantes.

Et n’attendez pas de ces entreprises en difficulté, n’arrivant pas à écouler leurs productions, de contribuer comme ça se doit à l’assiette fiscale. Le cas de la MABUCIG (Manufacture burkinabè de cigarettes) est très illustratif. Entre 2005 et 2006, la contribution de cette société à l’assiette fiscale a chuté de plus de 15 milliards FCFA à plus de 13 milliards de FCFA, soit une perte pour l’Etat de plus de 2 milliards de FCFA. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres cas.

En dehors de la MABUCIG, la SN-CITEC, les produits du groupe NESTLE tels que Maggi (cube et arôme), etc. sont attaqués par les contrefacteurs. Le pire est que face à ce fléau, l’administration douanière et la justice semblent être prises de court. L’absence de textes clairs et précis fait que selon la douane, il est possible d’importer au Burkina Faso et en toute légalité, des produits contrefaits.

L’heure est grave. Il convient d’agir avec diligence et urgence pour sauver l’économie d’une part et la santé des populations d’autre part. C’est maintenant qu’il faut agir car la fermeture des industries aura pour conséquence une grogne sociale difficilement maîtrisable.

Alassane KERE


Comment reconnaître un produit contrefait

Beaucoup de produits contrefaits sont fabriqués en Asie du Sud-Est (Chine, Thaïlande, Singapour, Corée du Sud) autour du bassin méditerranéen (Maroc, Tunisie, Turquie) en Russie, en Espagne, Pologne, Italie. Néanmoins, des indicateurs permettent de repérer les produits contrefaits :
- prix anormalement bas
- couleurs et matériaux différents de ceux des emballages des produits d’origine
- qualité médiocre des matériaux de fabrication des produits
- conditions inhabituelles de vente du produit par rapport aux pratiques commerciales courantes.

A.K.
Source LCB


Les devoirs du consommateur

Le consommateur à le devoir :
- d’être averti en s’informant suffisamment sur les biens et les services qu’il utilise
- d’être actif, à savoir de dénoncer tout produit contrefait
- d’être socialement responsable en prenant conscience de l’effet de son comportement sur la société
- d’être écologiquement responsable, en protégeant les ressources naturelles, l’environnement.
- d’être solidaire en s’unissant aux efforts et actes pour la promotion des consommateurs.

AK.

Source : LCB


Des structures luttant contre la contrefaçon

Vous pouvez dénoncer la contrefaçon auprès de plusieurs autorités compétentes :
- commission nationale de la fraude,
- commission nationale de la concurrence et de la consommation,
- inspection générale ou régionale des affaires économiques,
- police,
- gendarmerie
- auprès de la société dont les produits ont été copiés.

A.K.

Sidwaya

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