LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Centre de footaball FOGEBU : Ils rêvent de devenir comme Eto’o, Drogba, Wilfried Sanou...

Publié le lundi 18 juin 2007 à 07h01min

PARTAGER :                          

Inauguration du centre FOGEBU par Blaise Compaoré

C’est le dimanche 9 juillet 2006, jour de la finale de la coupe du monde en Allemagne, que le centre de l’Association de football germano-burkinabè pour la jeunesse (FOGEBU) a été officiellement inauguré.

Le président du Faso, Blaise Compaoré, a présidé la cérémonie et suivi au centre technique de la Fédération burkinabè de football (FBF), la finale de la coupe du monde remportée par l’Italie devant la France, en compagnie de ministres, diplomates, dirigeants de la FBF, la presse. Presqu’une année après, nous avons voulu en savoir un peu plus sur la vie du centre en y passant une matinée. C’était le lundi 4 juin 2007.

Lorsque nous arrivions un peu après 7h dans la matinée du lundi 4 juin 2007 sur le terrain de football du centre technique de la FBF, l’un des deux entraîneurs, Pihouri Webonga (l’autre technicien, Georges Tripp était absent) et la vingtaine de pensionnaires (24 au total) du centre FOGEBU s’exerçaient sur la pelouse. A la touche, était assis un observateur attentif, le médecin du centre, Gilbert Compaoré, toujours prêt à intervenir avec sa trousse quand un joueur se fait mal.

Le groupe était en train d’effectuer un jeu d’éveil, qui consiste à travailler la vitesse individuelle sur une distance donnée. Il s’agit d’un exercice consistant pour le jeune sportif, à aller chercher un objet posé à un endroit précis et trouver des astuces pour tromper son adversaire et ramener le point à domicile. Pihouri Webonga expliquera qu’au cours de l’heure d’entraînement (7h à 8h), ils ont commencé par un échauffement, suivi du jeu d’éveil. Il y a eu ensuite un exercice de coordination de l’équipe, qui doit avoir une chaîne que les jeunes doivent maintenir pour empêcher l’adversaire de passer pour marquer un but.

Cela se termine toujours par l’expression d’un jeu libre où deux équipes se mettent en place, pour mieux s’exprimer et s’oxygéner pendant environ dix minutes, suivi d’un étirement et le retour au calme. C’est le moment choisi par le technicien, pour poser des questions aux gamins. Il demande par exemple, au groupe vainqueur, comment il a procédé pour gagner et au perdant, les raisons de sa défaite. Chacun s’en explique, arguments à l’appui.

Dès leur prise de fonction, les techniciens Pihouri Webonga et Georges Tripp ont établi un programme, pour préparer ces jeunes garçons, issus de milieux défavorisés, sur le plan de l’endurance, de la tactique, du moral, de la coordination et de l’environnement. Il s’agit de les amener à oublier la situation dans laquelle ils étaient, afin de retrouver leur place dans la société. Il faut indiquer que les entraînements se font les matins de 7h à 8h et les soirs de 17h à 18h.

A l’issue de l’entraînement, les garçons rejoignent à environ 500 m, leur dortoir où ils sont logés dans 4 chambres de 6 lits chacune. Des posters de grands footballeurs tels que Ronaldhino, Samuel Etoo ou encore Didier Drogba ornent les murs. Dans le même bâtiment, il y a une salle de soins qui fait également office de magasin où sont stockés les vivres et le matériel d’entraînement.

En face, on a la chambre des éducateurs, Rigobert Ilboudo et André Traoré. C’est ce dernier que nous avons trouvé sur place, parce qu’ils se relayent chaque semaine. Ainsi, après une douche, les jeunes sportifs qui ont des bobos se dirigent vers le médecin, Gilbert Compaoré, pendant que les autres se rendent au réfectoire pour le petit déjeuner.

Le médecin nous fera savoir que les cas ne manquent pas. Entorses, blessures au niveau des chevilles, contusions, angines, rhinites, sont, entre autres, les raisons de consultation. Un pensionnaire du nom de Salia Konaté aurait été victime d’une double fracture au bras droit à l’entraînement. Un petit détour au réfectoire et nous constatons que les garçons ont au menu, de la bouillie de maïs au lait et du pain aux oeufs brouillés. A la cuisine, Jeanne Millogo et Jeannette Tamini sont chargées de préparer les mets sur proposition du directeur du projet, Alex Djondo et du médecin, Gilbert Compaoré. Le temps de récupérer leurs effets scolaires après le petit déjeuner et les jeunes garçons rejoignent la salle de classe, située au sein du centre technique de la FBF, pour les cours.

Un enseignement de l’école classique

Benjamin D. Somé et Moussa Diabouga sont les enseignants affectés par le ministère de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation (MEBA) au centre du FOGEBU, pour donner des cours aux 24 pensionnaires. Ces derniers ont droit à trois années d’enseignement qui déboucheront sur l’examen du CEPE. Ainsi, la 1re année débute par la classe de CE2 et dès leur arrivée, les 2 enseignants ont élaboré un programme qui reflète le niveau de cette classe, avec les mêmes disciplines que les écoles classiques. Après plusieurs évaluations, Benjamin D. Somé et Moussa Diabouga avouent leur satisfaction sur le travail des jeunes garçons qui avaient, avant d’intégrer le centre, abandonné les cours à l’école primaire classique, à l’école franco-arabe ou arabe ou qui n’ont jamais connu une salle de classe. "Ces enfants ont aujourd’hui, le niveau des élèves de la classe de CE2", nous ont révélé les enseignants.

Le FOGEBU, dont l’initiateur est l’ambassadeur d’Allemagne au Burkina, Ulrich Hochschild a été créé dans le but d’améliorer les conditions de vie des enfants défavorisés ainsi que la popularisation de la pratique du football. Le chef du projet, Brigitte Tegtmeyer explique que c’est un projet pilote qui s’intéresse au football et au social. L’objectif, selon elle, est la réinsertion des enfants défavorisés dans la société et dans ce sens, le football est utilisé comme un instrument. La 1re promotion du centre composé de 24 jeunes garçons de 14 à 15 ans a été recrutée sur la base de tests de football et aura trois ans à y passer sanctionnées par le CEPE.

Tous ne vont certainement pas devenir footballeurs même si c’est l’ambition des enfants. Pour cela, le centre a prévu des possibilités à côté du football. Il s’agit à leur sortie, d’apprendre par exemple des métiers tels que l’électronique, la menuiserie etc... Un bâtiment est en construction, pour accueillir la 2e promotion du FOGEBU qui sera également composée de 24 garçons dès la rentrée prochaine. Loin des bruits de la ville de Ouagadougou, la vie quotidienne du centre se poursuit sans trop d’accrocs avec 24 gamins dont l’ambition est d’embrasser une carrière de footballeur.


Le président du FOGEBU, l’ambassadeur Ulrich Hochschild, évoque les raisons qui l’ont motivé à créer ce centre

Ulrich Hochschild :

"Quand je suis arrivé au Burkina au début du mois de juillet 2005, mon intention était de faire quelque chose pour ce pays. La question était de savoir ce que je peux faire surtout que le Burkina figure parmi les pays les plus pauvres du monde avec un rang de 174e sur 177. En tant qu’amateur de football, j’ai pensé à cette discipline qui est importante pour intéresser les gens mais un projet exclusivement football ne suffit pas pour un pays qui lutte contre la pauvreté. Je me suis dit qu’il faut s’intéresser à la classe la plus pauvre de la société. C’est pourquoi, j’ai pensé à une combinaison d’un enseignement de base et le football, pour réintégrer dans la société une frange défavorisée de la population.

Je voudrais demain voir en ces enfants, des citoyens pleins et responsables engagés dans plusieurs domaines d’activités. Tous veulent être des footballeurs professionnels mais ce n’est pas évident que tous deviennent des Etoo ou Drogba. Certains seront peut-être dans le football d’autres dans d’autres secteurs de la vie. Le football est une incitation pour amener ces enfants à aller à l’école."


Brigitte Tegtmeyer et Alex Djondo : un duo pour gérer le FOGEBU

L’une est chef du projet, Brigitte Tegtmeyer et l’autre, directeur du centre, Alex Djondo. Le chef du projet est la personne qui gère le projet du centre FOGEBU et est chargée de garantir la bonne gestion du financement et faire communiquer les objectifs du projet à l’équipe qui y travaille. Le directeur du centre a pour tâche, la fonctionnalité du centre, c’est-à-dire les activités qui se déroulent dans le domaine de l’école et celui du football. Il doit également planifier les activités que mènent les enfants. L’objectif de ce duo est la réintégration sociale des enfants, avec pour premier paramètre le football.


Le secrétaire général de la FBF, Joseph Zangreyanogho aborde les raisons du partenariat entre le FOGEBU et la FBF

Joseph Zangreyanogho :

"Le centre du FOGEBU qui est installé au centre technique national de la FBF a pour objectif la formation des joueurs par l’internement. Le FOGEBU nous a sollicité, à travers l’ambassadeur d’Allemagne au Burkina, et nous avons trouvé que c’est une très bonne chose d’avoir un centre de formation logé dans l’enceinte du centre technique national. Il formera la relève et nous espérons dans deux ou trois ans, y sortir des Etalons cadets.

Dans les accords, la FBF devrait reprendre le centre à un moment donné pour la gestion. Le FOGEBU au départ n’avait pas pour ambition de s’éterniser au centre de formation. Ce sont ces raisons qui ont conduit le président de la FBF, Seydou Diakité, à accepter de signer un accord de partenariat avec FOGEBU, à travers l’ambassadeur d’Allemagne au Burkina, Ulrich Hochshcild. La collaboration entre la FBF et FOGEBU est très franche, amicale et sportive."


Un seul objectif, devenir footballeur

Ils sont 24 gamins qui composent la 1re promotion du centre du FOGEBU. 24 jeunes garçons venus d’horizons divers mais tous issus de milieux défavorisés et qui avaient abandonné l’école, pour diverses raisons. Dans le groupe, nous nous sommes entretenus avec 7 d’entre eux. Tous nous ont confié qu’ils veulent, dès leur sortie du centre, devenir des footballeurs. Ainsi, chacun d’eux a son idole. Rodrigue Bilgo a un faible pour le Barcelonais Lionel Messi ; Rasmané Ouédraogo veut devenir comme Didier Drogba de Chelsea, tandis que Armel Tapsoba veut jouer comme Michaël Essien (Chelsea).

Pendant ce temps, Souleymane Nacoulma a pour modèle Wilfried Sanou de Fribourg, Sibiri Alphonse Ouédraogo tient à être un défenseur comme Bakary Koné "Bako" (Guingamp) ou Aly Dissa (EFO) et surtout Carlos Puyol (Barcelone) ; Ismaël Coulibaly veut ressembler à Jonathan Pitroipa (Fribourg). Ils savent qu’ils ne peuvent pas tous devenir des footballeurs et qu’il y aura d’autres opportunités pour apprendre des métiers, mais ils sont animés d’une seule conviction, tout faire pour être des footballeurs.

Dans ce lot de jeunes garçons, figure Lassané Sawadogo (14 ans) qui ne savait pas ce que voulait dire une école et où il n’a d’ailleurs jamais mis les pieds. Il nous a révélé qu’auparavant, il ne savait pas ce que voulais dire "viens ici". "Moi, j’étais au village Dissin chez mon oncle et j’ai quitté là-bas pour venir ici" nous a-t-il expliqué. Lassané Sawadogo a transité par l’AEMO, avant de rejoindre le centre du FOGEBU mais lorsque nous lui avons demandé où il dormait quand il a quitté Dissin, il nous a dit ceci, "j’étais dans grande mosquée". Un progrès tout de même pour un garçon qui fait ses premiers pas dans une salle de classe.

Par Antoine BATTIONO

Le pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Paris sportifs en Afrique : Tout comprendre