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Nouveau gouvernement : Des Koudougoulais réagissent

Publié le mercredi 13 juin 2007 à 07h47min

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La composition de la nouvelle équipe gouvernementale a été rendue publique le dimanche 10 juin sur le coup de 21h. Le lendemain, soit le lundi 11 juin, nous avons recueilli la réaction de quelques citoyens de Koudougou, chef-lieu de la province du Boulkiemdé.

• Dionou Kouessé Eric : 1re année UFR/SEG à l’Université de Koudougou

« Selon moi, la composition de ce premier gouvernement de Tertius Zongo a dû être bien cogitée d’autant plus qu’on remarque qu’il y a pas mal de ministres qui sont partis et de nouvelles têtes ont fait leur apparition. C’est ce que la démocratie demande : empêcher que les gens s’éternisent à leurs postes, ce qui ne permet pas de voir les lacunes des intéressés et de les corriger.

J’attendais le départ de certains ministres et mon vœu a été exaucé. Je ne trouve pas pléthorique le nombre de 34 ministres, car j’estime que c’est en fonction des tâches, missions et rôles des intéressés que le gouvernement a été conçu.

Ce n’est pas prudent de laisser les tâches entre les mains d’un seul ministre sous peine de le surcharger et de le rendre inefficace. Cela n’est pas propre à notre pays, c’est le cas dans d’autres démocraties. Cette année, la France a beaucoup diminué le nombre des ministres, mais au Burkina nous n’avons pas la cohérence nécessaire pour resserrer ainsi notre gouvernement. Pour moi les 34 ministres ne sont pas trop.

Cependant, j’attends qu’ils ne ménagent aucun effort dans le travail. Ils doivent mener avec dextérité les missions qui leur seront assignées. Ils doivent mettre toutes leurs compétences au service de la nation.

Ce sont les hommes qui constituent la richesse du Faso. Et on doit tout miser là-dessus. Aussi, j’espère que nos nouveaux ministres vont se départir de certaines pratiques comme la gabegie, la malgouvernance, les agissements des enfants de certains ministres qui puisaient à volonté des millions à domicile pour aller les gaspiller en ville.

Ce n’est pas à l’honneur de personnalités occupant de tels niveaux de responsabilités et en qui la nation et le chef de l’Etat ont placé leur confiance. Cela montre l’inconscience de certains dirigeants, et j’espère qu’on ne sera plus témoins de ces faits qui n’honorent pas des gens censés incarner la droiture et le respect. L’histoire tourne, et il faut éviter de devoir rendre des comptes à la postérité. Mon souhait, c’est que le nouveau premier ministre puisse déceler les lacunes de son prédécesseur et œuvrer à les corriger. »

• Kisito Dakyo : Secrétaire administratif du MBDHP pour la région du Centre-Ouest

« Concernant la composition de ce nouveau gouvernement, je dirais que c’est simplement des gens qui ont changé de poste, car c’est pratiquement la même équipe. Quand on voit la configuration de ce gouvernement, ce sont les mêmes animateurs qui étaient aux commandes qui se trouvent là. C’est vrai qu’il y a 14 nouveaux arrivants, mais l’action du gouvernement ne peut changer que si au niveau de l’Assemblée nationale il y avait un contrôle réel.

Or quand on voit la composition de cette Assemblée qui devrait faire ce contrôle, on a bien peur que ça ne soit la même chose. Car c’est pratiquement des hommes du parti majoritaire qui se retrouvent à l’Assemblée et au Gouvernement.

En plus, leur nombre est vraiment pléthorique, car pour un pays comme le nôtre, qui a des priorités, on n’a pas besoin de créer autant de ministères pour résoudre des problèmes qui sont cruciaux.

Les traitements des ministres et les frais de fonctionnement de ces ministères sont exorbitants, et on pouvait faire l’économie de ces fonds en regroupant certains. Prenez le cas des ministères en charge de l’Education, qui sont au nombre de quatre. On aurait pu les regrouper en un seul ministère de l’éducation nationale, comme de par le passé.

De même, avant on avait l’administration territoriale et la sécurité qui allaient ensemble. Prenons le ministère qui nous concerne, à savoir celui des Droits humains, qui ne peut être fonctionnel que si la justice l’est. On aurait pu nous faire l’économie d’un ministère des Droits humains car c’est déjà la justice qui doit protéger ces droits. On a démultiplié les ministères pour récompenser des gens. Sinon 34 ministères, c’est trop pour un pays pauvre comme le nôtre.

Pour ma part, mes attentes, qui sont celles du MBDHP, sont que nous avons besoin d’un pays où règne la justice. Nous parlons toujours de paix, mais la paix n’est possible que s’il y a une justice sociale. Le gouvernement doit s’y pencher sérieusement en aplanissant d’abord les inégalités sociales.

Nous les attendons au pied du mur pour les juger. Pour le moment on ne dit pas qu’ils ne sont pas bons, mais nous allons les noter à l’action. Nous, au niveau de la société civile, allons jouer notre rôle de contre-pouvoir, et interpeller ceux qui nous dirigent sur les éventuels écarts et lacunes."

• Ernest Napon : Directeur régional d’Impact plus de Koudougou

« De façon générale, je pense que les personnes qui sont appelées au gouvernement peuvent faire l’affaire. Cependant, j’avais pensé qu’il y aurait moins de ministres parce que j’estime que 34 est un peu trop pour notre pays. Il y a des pays plus importants que le nôtre qui ont moins de ministres.

On aurait regroupé certains ministères qu’on aurait obtenu le même résultat visé : par exemple, l’agriculture et l’élevage pouvaient être regroupés en un ministère du développement rural.

De même, on pouvait, comme en France, créer un seul ministère de l’éducation, avec, à l’intérieur, des secrétariats généraux chargés de l’enseignement supérieur, de l’enseignement secondaire... On pouvait créer un seul ministère de la jeunesse, qui intégrerait la jeunesse, le sport, et autre chose. La Fonction publique et l’Emploi peuvent aller ensemble...

Mes attentes sont que chaque ministère s’investisse dans la lutte contre la pauvreté en œuvrant à l’emploi des jeunes. Si la pauvreté a visage de femme, elle a également visage de jeune. Dans cette lutte, si les différents ministères conjuguent leurs efforts, on pourra s’en sortir. Autre attente, je voudrais que l’ensemble de ces ministres gère le peu que nous avons en bon père de famille. Je souhaite que les ministres soient intègres dans la gestion de la chose publique.

Il faut éviter qu’à chaque fois que les bailleurs de fonds nous donnent 100 francs, 50 francs qui aillent ailleurs au lieu d’être utilisés réellement pour le développement de notre pays. N’oublions pas que ce sont des contribuables d’autres pays qui donnent leur argent pour nous aider. Les ministres doivent se convaincre qu’ils sont appelés à travailler pour le peuple et non pour eux-mêmes en évitant d’être ministre d’une région, mais plutôt de l’ensemble de tout le Burkina Faso. On doit privilégier la gestion nationaliste à celle régionaliste. »

• Rosalie Zagré : en SND à la CEB n°1 de Koudougou

« Je suis contente de la nomination des nouveaux ministres. J’ai suivi leur nomination à la TNB, et je suis satisfaite de la composition du nouveau gouvernement. J’ai remarqué que ce gouvernement regroupe des compétences de toutes les localités du Burkina Faso, et cela est emportant si on veut promouvoir un développement harmonieux et homogène. Chaque ministre connaît les réalités de sa localité, et pourra les intégrer dans la politique de développement national. C’est le cas, par exemple, de Koudougou, où nous avons beaucoup de priorités et où nous manquons de tout.

Moi, je trouve que les 34 ne sont pas trop et sont appelés en fonction des besoins et des chantiers de développement qui existent. Maintenant si réduire le nombre de ministres pouvait permettre de faire des économies à réinvestir dans d’autres domaines, je ne suis pas contre, et ça serait même une bonne chose. J’estime que ceux qui ont conçu ce gouvernement sont des personnes avisées, qui savent ce qu’ils font et ce qui est bien pour le Burkina Faso.

Mon vœu est que cette nouvelle équipe travaille à promouvoir l’emploi et la jeunesse, qui est le plus souvent réduite au chômage et à la galère. Les jeunes sont les plus utilisés dans les différentes actions ou activités de quelque nature que ce soit et en retour on doit leur accorder plus d’attention et résoudre leurs préoccupations dont les plus importantes tournent autour de l’éducation et de l’emploi. Il y a plein de jeunes diplômés qui sont réduits au chômage, et cela n’est pas à l’honneur de nos gouvernants. »

• Aphonse Sankara : commerçant

« Selon moi, la composition du gouvernement est bonne. Il y a de nouvelles têtes, et on va attendre de voir ce qu’elles valent. On fonde beaucoup d’espoir sur ce nouveau gouvernement. Je remarque qu’il y a 14 nouveaux ministres, et je me dis que ceux qui les ont nommés sont conscients de leurs potentialités ; je suis sûr qu’ils vont à leur tour travailler à montrer ce qu’ils valent.

C’est vrai que 34 ministres peuvent paraître trop, mais ça va dépendre du travail et du dévouement dont chacun fera montre au sein de son département. Pour moi, on ne doit pas se focaliser sur leur nombre. Tout dépendra des résultats, et c’est sur ça qu’on les jugera. C’est vrai que 34 ministres coûtent cher à notre budget, et c’est pour ça qu’on peut appeler à un resserrement, mais si les résultats sont à la hauteur des investissements, on ne pourra pas trop polémiquer là-dessus. Il faut que chaque ministre prouve que son poste n’est pas superflu.

J’attends que ce gouvernement se penche sur le secteur concurrentiel. A l’extérieur, nous ne sommes pas très compétitifs, et on doit travailler à redynamiser notre marché intérieur. Il faut un réel soutien au secteur informel pour nous permettre de nous en sortir. Dans cette optique, le nouveau gouvernement doit être conscient de l’impact négatif de la fraude et de la corruption sur le développement même de notre pays, et œuvrer à enrayer ces phénomènes qui nous font régresser. »

• Salam Zorom : enseignant du secondaire

« Je n’ai pas de réflexion particulière en ce sens qu’on s’attendait à un remaniement pour plus de dynamisme, mais, apparemment, ce sont les mêmes qu’on a reconduits. Il y en a qui ont même eu de la promotion. Maintenant on attend qu’ils s’attaquent à nos préoccupations. Et puis 34 ministres pour un petit pays comme le nôtre, c’est vraiment pléthorique. Il faut savoir gérer les ressources tant humaines que financières. Ce n’est pas évident que ce nombre soit un plus ; bien au contraire.

Il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas regrouper certains ministères pour les rendre plus opérationnels au lieu de disperser les énergies. Vous voyez qu’on a mis l’économie avec le budget, l’agriculture avec l’hydraulique et les ressources halieutiques. On pouvait faire de même avec d’autres départements ministériels. L’attente des Burkinabè est que le nouveau gouvernement s’attaque à nos préoccupations. Qu’il combatte tous les maux qui nous assaillent.

Qu’il mette tous les indicateurs au vert pour tout le monde et non pour les seuls membres du gouvernement. Il faut qu’on ressente cela dans le panier de la ménagère. On doit mettre les moyens là où il faut afin que le Burkinabè vive plus à l’aise.

On doit éviter le laxisme et la malgouvernance, ainsi qu’être rigoureux dans la réalisation des infrastructures et autres ouvrages publics. Voyez ces ponts que la pluie emporte avant même leur réception. Ce sont des situations à bannir et à combattre. Nous sommes un pays pauvre, et la moindre ressource doit être utilisée à bon escient et de façon efficace.

Le monde du travail est sur la brèche depuis longtemps, et on doit y jeter un coup d’œil et travailler à résoudre les problèmes posés. Ce n’est pas le changement d’hommes qui importe, mais plutôt ce qui sera fait sur le terrain. On a l’impression que c’est une continuité, et pour nous travailleurs, ancienne ou nouvelle équipe, ce n’est pas ça qui importe, mais ce qui sera fait pour permettre à tout le monde de sentir la croissance tant clamée. Si tel n’est pas le cas, le travailleur sera toujours debout pour défendre ses intérêts."

Cyrille Zoma

L’Observateur

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