Le cinéma africain en deuil : Le doyen Sembène Ousmane a cassé sa pipe
La nouvelle a été brutale et comme une traînée de poudre, elle s’est répandue à travers le monde : Sembène Ousmane, le doyen des cinéastes africains vient de tirer sa révérence. Oui ! En effet, l’homme à la pipe, l’aîné des anciens est décédé à l’âge de 84 ans, le dimanche 10 juin 2007, au petit matin à Dakar des suites de maladie.
La confirmation, nous l’avons eue auprès du délégué général du FESPACO, Baba Hama que nous avons trouvé dans son bureau très abattu par la nouvelle. Abattu, certes, par la perte d’un monument de notre cinéma, mais aussi désolé de n’avoir pas pu lui rendre une dernière visite avant son long voyage. En effet, le délégué général du FESPACO avait fait une réservation sur le vol Air Sénégal du 23 juin en compagnie de Gaston Kaboré pour Dakar en vue de lui rendre visite.
C’est donc naturellement avec une grande déception qu’il a appris que l’homme a tiré sa révérence avant sa visite. Cependant il a quitté Ouagadougou hier dans l’après-midi par un vol Air Burkina en compagnie de Gaston Kaboré et Gustave Sorgho afin d’assister aux obsèques du doyen qui ont lieu ce lundi 11 juin à partir de 15 h à Dakar. En attendant qu’un hommage digne de son rang lui soit rendu par le FESPACO, la délégation conduite par Baba Hama traduira à la famille et au peuple sénégalais toute la compassion des autorités burkinabè et de la famille des cinéastes africains.
Zakaria YEYE
L’homme de la chambre n°1 de l’hôtel Indépendance a quitté à jamais
Sembène Ousmane fait partie des pères fondateurs de la Semaine du cinéma africain en 1969 devenue depuis 1972 le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).
Jamais, il n’avait raté une seule édition de cette biennale qu’il portait dans son cœur. Fidèle au rendez-vous, on lui réservait systématiquement la chambre n°1 de l’hôtel Indépendance.
Mais malheureusement à la dernière édition du FESPACO, il a répondu "absent". Depuis son lit d’hôpital à Dakar, il a envoyé un message au délégué général pour s’excuser de ne pas être physiquement présent à Ouagadougou.
Filmographie
Ousmane Sembène est né en 1923 à Ziguinchor en Casamance. Autodidacte, il exerce toutes sortes de métiers manuels (pêcheur, maçon, mécanicien puis docker au port (de Marseille,) avant de se lancer dans la littérature, puis le cinéma. A son actif, une quinzaine de films dont le premier, Borom Sarret réalisé en 1963 au Sénégal et le dernier, Moolaadé réalisé en 2002 au Burkina Faso.
Ses différentes réalisations lui ont valu plusieurs récompenses et distinctions :
Prix Jean Vigo en 1966 avec son premier long métrage "La Noire de..."
Prix spécial du jury au festival de Venise en 1988 avec Le Camp de Thiaroye
Prix Harvard Film Archive de l’Université Harvard de Boston en 2001
Prix du meilleur film étranger décerné par la critique américaine en 2004
Prix Un certain Regard à cannes en 2004
Prix spécial du jury au festival de Marrakech
Le 9 novembre 2006, il a reçu les insignes d’officier de l’Ordre de la légion d’honneur de la République Française
Au Burkina, au 14e FESPACO en 1995 lors du centenaire du cinéma mondial il a été décoré.
1963 : Borom Sarret, court-métrage
1963 : L’empire songhay, court-métrage documentaire
1964 : Niaye
1966 : La Noire de... (scénariste, réalisateur)
1968 : Le mandat (Mandabi) (scénariste, réalisateur)
1970 : Taaw, court-métrage
1971 : Emitaï (Dieu du tonnerre) (scénariste, réalisateur)
1974 : Xala (scénariste, réalisateur)
1976 : Ceddo (scénariste, réalisateur, acteur)
1987 : Le Camp de Thiaroye (scénariste, réalisateur)
1992 : Guelwaar
2000 : Faat Kiné
2002 : Moolaadé
Sidwaya
Vos commentaires
1. Le 11 juin 2007 à 16:27, par Personne En réponse à : > Le cinéma africain en deuil : Le doyen Sembène Ousmane a cassé sa pipe
C’est avec chagrin que la nouvelle de la mort du grand cineaste nous a été apprise.
Les hommes partent mais les oeuvres restent.
Reposez en paix. Nous ne vous oublierons jamais.
A la famille eplorée, nos condoleances les plus attristées.
Le 11 juin 2007 à 17:33, par Rodrigue En réponse à : > Le cinéma africain en deuil : Le doyen Sembène Ousmane a cassé sa pipe
Repose en paix papa Sembene
Le 13 juin 2007 à 02:26, par Je suis un acteur du film Mooladé et neveu adoptif de SEMBENE En réponse à : > Le cinéma africain en deuil : Le doyen Sembène Ousmane a cassé sa pipe
Je suis trite ,et je présente à toute la famille de TONTON mes sincères condoléances. J’ai travaillé avec lui à Diérisso sur MOOLAADE et à la fin du tournage, comme il me l’avait promis, il est venu saluer ma mère à Bérégadougou près de Banfora au Burkina Faso. PAIX à son AME !
Moussa Théophile SOWIE le FRANCENABE dans le film Moolaadé.
2. Le 11 juin 2007 à 16:28, par Personne En réponse à : > Le cinéma africain en deuil : Le doyen Sembène Ousmane a cassé sa pipe
C’est avec chagrin que la nouvelle de la mort du grand cineaste nous a été apprise.
Les hommes partent mais les oeuvres restent.
Reposez en paix. Nous ne vous oublierons jamais.
A la famille eplorée, nos condoleances les plus attristées.
Les morts ne sont pas morts...
3. Le 11 juin 2007 à 19:02 En réponse à : > Le cinéma africain en deuil : Le doyen Sembène Ousmane a cassé sa pipe
L’on a tendance à oublier que l’oeuvre litteraire de cet autodidacte est aussi importante et impressionnante que son oeuvre
cinématographique. Paix à son âme. Sanwé !