LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Côte d’Ivoire : troubles autour du cacao entre étrangers et autochtones dans la région de Gagnoa

Publié le samedi 8 novembre 2003 à 21h45min

PARTAGER :                          

ABIDJAN, 8 nov (AFP) - 12h07 - Des heurts ont éclaté ces dernières semaines dans la région de Gagnoa (centre) entre autochtones et étrangers ou Ivoiriens originaires d’autres régions autour de la récolte et de la vente du cacao, rapportent des sources concordantes.

Selon l’agence d’information onusienne IRIN, "plusieurs centaines de Maliens et de Burkinabè ont été contraints de fuir leurs domiciles après une vague de pillages et d’incendies dans la région productrice de cacao de Gagnoa", à 230 km au nord-ouest d’Abidjan.

"Selon les nouvelles parvenues de Gagnoa, les jeunes gens impliqués dans les attaques ont révélé qu’ils étaient en colère à cause du refus des Maliens et Burkinabè de vendre leurs productions aux nouvelles coopératives locales", précise IRIN.

Cette région représente en moyenne un quart de la production de cacao en Côte d’Ivoire, premier producteur mondial avec 40% des parts de marchés, et la récolte bat son plein actuellement.

"La raison de ces altercations, c’est que les villageois ont mis en place des coopératives de café/cacao, ils veulent se mettre avec les allogènes pour avoir des meilleurs prix", a déclaré de son côté à l’AFP le ministre de la Réconciliation, Sébastien Danon Djédjé, originaire de cette région, affirmant se "rendre sur place" et travailler "sur ce dossier depuis quinze jours".

Selon M. Danon Djédjé, "une maison a été brûlée dans un quartier où un coup de feu d’un allogène est parti. A Gagnoa, il y a eu des allogènes rassemblés au centre d’agriculture, plus de cent, mais il ne faut pas dramatiser cette situation. Moi-même je ne suis pas pour qu’on chasse les gens".

"Il y a des gens qui se sont réfugiés en ville, venant des villages avoisinants", a confirmé à l’AFP une source religieuse à Gagnoa.

"Il y a un problème de cohabitation qui n’est pas si grave. Dans les villages, les gens estiment que les allogènes refusent de participer au développement du village", a expliqué M. Danon Djédjé, assurant que "d’ici quelques jours, ça devrait être règlé".

Toutefois, selon l’agence IRIN citant des sources humanitaires, "les attaques lancées par des groupes de jeunes ont duré trois semaines. Des témoins ont rapporté que tout comme les Burkinabé et les Maliens, les Ivoiriens du Nord et ceux venant du Centre de la Côte d’Ivoire ont été également ciblés, lésés de leurs récoltes et de leurs biens".

"Le seul incident de ce type a été signalé à Sahiwa, des problèmes entre autochtones et allogènes jeudi dans la nuit, nos unités se sont rendues sur place et tout est rentré dans l’ordre", a affirmé à l’AFP le lieutenant-colonel Philippe Mangou, commandant de l’armée" ivoiriennepour le centre de la Côte d’Ivoire.

"Depuis la guerre (début de la rébellion armée contre le président Laurent Gbagbo en septembre 2002, ndlr) on rencontre quelquefois ce genre de problèmes, mais c’est très vite réglé par nous ou par les autorités politiques", a-t-il ajouté.

Le lieutenant-colonel Georges Peillon, porte-parole de l’Opération militaire française Licorne, a indiqué que des éléments français avaient été "envoyés sur place pour voir ce qui se passe".

Des conflits fonciers parfois sanglants ont éclaté ces dernières années entre autochtones et étrangers, mais aussi entre autochtones et "allochtones" (Ivoiriens d’une autre région et ethnie), notamment dans le sud-ouest du pays, d’où près de 20.000 Burkinabè avaient été chassés en septembre 1999.

En octobre 2002, quelques semaines après le début de la rébellion, quelques milliers de Burkinabè avaient été chassés de la région de Duékoué (environ 150 km au nord-ouest de Gagnoa).

Un des volets des accords de paix signés à Marcoussis (France) en janvier dernier prévoit l’amendement de la loi sur le foncier rural pour apaiser ces tensions.

Mardi dernier, le quotidien indépendant 24 Heures dénonçait à la Une "une tragédie en marche" et citait des déplacés Burkinabè affirmant qu’ils avaient éét pillés et chassés de leur village par de jeunes Bété qui avaient dès leur départ empoisonné les puits et brûlé leur maison, notamment à Pecekou.

AFP

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique