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Tertius Zongo : « S’il y a quelque chose dont on ne pouvait pas m’accuser, c’est d’avoir pris cinq francs »

Publié le jeudi 7 juin 2007 à 08h56min

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Tertius Zongo

Commentant les atouts et les handicaps du nouveau Premier ministre, notre confrère Zoodnoma Kafando de L’Observateur Paalga rappelait hier comment son nom a été trainé dans la boue avec de fausses accusations de détournement de fonds abondamment colportées par la rumeur ouagalaise lors de son départ du gouvernement en 2001.

Si ce départ inattendu pour beaucoup de gens à l’époque peut être une explication de ces rumeurs, le fait qu’il n’y ait jamais eu de démenti officiel (comme c’est presque toujours le cas pour la classe politique burkinabè), ni des articles de presse approfondis sur le sujet, a sans doute aussi contribué à les alimenter.

Nos confrères du magazine « Fasozine » ont eu le nez creux en consacrant un dossier à celui qui était, il y a encore quelques jours, l’ambassadeur du Burkina à Washington. Pour la première fois, Tertius Zongo s’exprimait sur cette affaire et sur son départ du gouvernement. Nous vous proposons des extraits de cette interview réalisée en avril dernier dont vous pouvez retrouver l’intégralité dans le Fasozine n° 9 dans les kiosques ouagalais depuis une semaine.

Votre sortie du gouvernement, en 2001, avait quelque peu surpris. Vous auriez appris la nouvelle à la radio...

Sachez que, comme dans toutes les démocraties, c’est le Premier ministre qui informe de l’entrée ou du départ du gouvernement. Un ministre n’apprend pas sa nomination ou son départ à la radio. Mon départ n’a pas été une surprise pour moi. Je dois dire que le président Compaoré m’a souvent parlé quand il souhaitait remanier.Il a souvent évoqué avec moi des noms de personnes qu’il souhaitait faire entrer au gouvernement.

Je savais donc les rapports qu’il y avait entre le président Compaoré et moi et il était clair dans mon esprit que quand le moment serait venu que je quitte le gouvernement, le président n’allait rien me dire... (rires). Il ne m’a donc rien dit. Et comme je savais qu’un remaniement était dans l’air, mon départ ne m’a pas surpris. C’est cela la réalité. Mais le lendemain du remaniement, le président Compaoré m’a appelé pour m’expliquer.

Votre passage au ministère des Finances vous aurait, semble-t-il, enrichi. Il y a cette rumeur des 100 millions de francs CFA retrouvés dans votre valise à l’aéroport de Ouagadougou...

Aujourd’hui, ils diminuent. A l’époque, ils avaient même parlé de 700 millions de francs CFA. Tout récemment, j’ai vu dans un quotidien qu’ils avaient évoqué 100 millions, je ne sais pas finalement quelle est la bonne version, qui a diminué de 700 à 100 millions (rires)... Non, plus sérieusement, je crois qu’ils ont vraiment tiré à côté. Vous savez, chacun de nous fait des conneries, mais s’il y a quelque chose, dont on ne pouvait pas m’accuser, c’est d’avoir pris cinq francs. Donc, pour tout vous dire, quand j’ai entendu ces rumeurs, pour moi c’était un non événement.

On vous aurait même retiré votre passeport avec interdiction de quitter le territoire...

Oui, j’ai lu tout cela, et même des journaux sérieux l’ont écrit. J’ai toujours vécu au Burkina, les gens me voyaient, je n’ai jamais quitté ma maison. J’ai d’ailleurs voyagé et je suis revenu chez moi. Tous ceux qui me fréquentent peuvent en attester.
Mais franchement, si ces rumeurs malveillantes ont pu procurer du bonheur à certains qui étaient contents que Tertius ait des problèmes, c’est très bien.

Qui avait intérêt à alimenter ce type de rumeurs ?

Je n’ai pas cherché à savoir parce que, moi, je suis un croyant. Et, vous le savez, quand vous êtes croyant, on dit que c’est Dieu qui rémunère. Je n’ai aucun compte à régler avec personne. Ceux qui font du mal aux autres vont trouver sur leur voie celui qui règle les comptes pour ceux qui sont injustement accusés.

Je n’ai jamais cherché à savoir ceux qui ont distillé ces rumeurs, mais je sais une chose : ceux qui l’ont fait tournent autour de moi, ils me parlent comme s’ils n’ont rien fait. Ce sont eux qui se ridiculisent.

Par Samori Ngandè
Envoyé spécial à Washington
Fasozine


« Le président du Faso et moi »

« En réalité, le président a choisi de m’envoyer aux Etats-Unis pour deux raisons.
Premièrement, le président Compaoré a estimé que mon passage au minis¬tère des Finances et ma connaissance des institutions de Bretton Woods (Fonds monétaire international et Banque mondiale) pouvaient être utiles.

La deuxième raison tient sans doute à mon tempérament. Le président m’a dit : « Tertius, comme tu es chaleureux, tu peux apporter de la chaleur dans nos relations et, en même temps, tu pourras aussi leur dire la vérité, savoir pré¬senter des arguments et défendre nos intérêts. Tu pourras nous aider à faire avancer les dossiers là-bas. » Voilà ce que le président m’a dit.

Mieux, le président m’a présenté un de ses amis américains, un Texan, qui m’a appris, pendant trois jours, les rudiments de l’american way of life... Ce qui m’a permis de décrypter les codes de la politique américaine. »

Propos recuillis par S. Ngandè
Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 9 juin 2007 à 07:55, par Augustin,Houston,Texas En réponse à : > Tertius Zongo : « S’il y a quelque chose dont on ne pouvait pas m’accuser, c’est d’avoir pris cinq francs »

    Bien ! mais fallait-il attendre plusieurs annees avant de dementir ces informations ?Et si Blaise n’avait pas gagne les elections presidentielles passees pour vous nommer par la suite premier ministre et que vous ayez ainsi l’occasion de venir dementir ces accusations ?cela resterait un des nombreux crimes economiques de ce regime.Excellence Monsieur le premier ministre,a l’avenir,pensez a repondre a ces accusations a temps,sinon le peuple classera ces archives en attendant de les ressortir un beau jour afin que la justice soit dite un beau pour le bonheur ou le malheur de certains.cela y va de soit...que celui qui se sent morveux se mouche !

    • Le 9 juin 2007 à 12:04, par Lefaso.net En réponse à : > Tertius Zongo : « S’il y a quelque chose dont on ne pouvait pas m’accuser, c’est d’avoir pris cinq francs »

      Il faut noter que cet interview a été fait en avril, deux mois avant qu’il ne soit nommé Premier ministre comme c’est mentionné dans le texte.

      Mais vous avez raison de dire qu’il aurait fallu démentir plus tôt . Mais ça c’est le propre de la classe politique burkinabè...Ne jamais démentir une rumeur. Si c’est commode pour les coupables, ça l’est moins quand on est innocent car on ne sait plus qui est coupable et qui ne l’est pas...

      On peut aussi se demander si les journaux qui ont écrit sur cette affaire ont cherché à le rencontrer pour avoir sa version...

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