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Mogens Pedersen, ambassadeur du Danemark au Burkina : "Les législatives au Burkina étaient correctes"

Publié le mercredi 6 juin 2007 à 07h35min

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Mogens Pedersen

En poste dans notre pays depuis février 2007, l’ambassadeur du Royaume du Danemark a rendu le 4 juin dernier, une visite de courtoisie aux Editions "Le Pays" qui, pour lui, se distinguent dans le paysage médiatique burkinabè. Nous avons saisi l’occasion pour nous entretenir avec lui sur un certain nombre de sujets, notamment les relations entre le Burkina et son pays, la presse burkinabè, le PDDEB, l’affaire Norbert Zongo...

"Le Pays" : Pouvez-vous nous situer sur l’objet de votre visite ?

S.E.M. Mogens Pedersen (Ambassadeur du Danemark) :

Je voudrais tout d’abord vous remercier d’avoir bien voulu m’accueillir dans votre organe de presse. Comme vous le savez, mon pays a beaucoup apporté son appui à la presse burkinabè, notamment à travers le Centre national de presse Norbert Zongo. Nous continuons toujours d’appuyer ce centre qui joue aujourd’hui un rôle très important dans le paysage médiatique burkinabè. Ce même centre joue un rôle important au niveau sous-régional.

Pour nous, cet appui tient à l’idée que la diversité de la presse joue un rôle clé dans la construction de la démocratie. C’est le cas dans notre pays, et nous espérons de même pour l’Afrique. C’est un aspect important dans le processus de développement. Je voudrais vous féliciter pour le travail quotidien remarquable qui est fait par votre journal. Je pense que c’est une contribution importante à l’édification d’une société responsable et consciente des enjeux de développement dans votre pays.

Quelle appréciation faites-vous de la coopération entre le Danemark et le Burkina ?

La coopération entre le Danemark et le Burkina Faso date de 30 ans, mais notre ambassade existe ici il y a seulement 10 ans. Cette représentation est venue renforcer nos rapports de coopération. Nous intervenons dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, aussi bien au niveau rural qu’urbain. Nous estimons que ce sont des secteurs essentiels. Des projets d’approvisionnement en eau ont été réalisés dans plusieurs zones dont Ouagadougou. Du reste, nous sommes aujourd’hui chef de file des bailleurs de fonds dans ce domaine.

Il est important de noter que le gouvernement a mis en oeuvre un programme national d’appui au secteur Eau et Assainissement. Les bailleurs de fonds orientent désormais leurs appuis vers des domaines jugés prioritaires au détriment de la conduite des multiples projets dont l’impact n’est pas toujours évident.

Nous intervenons également dans le domaine de l’agriculture et des ressources naturelles dans les régions du Nord, du Sahel et ailleurs au Burkina. L’éducation et l’énergie font aussi partie de nos axes d’intervention. Nous avons travaillé, en effet, pendant des années pour l’approvisionnement en énergie au profit de certaines grandes villes du Burkina dont Ouagadougou. Presque partout, nous avons permis l’installation de réseaux pour l’approvisionnement en énergie.

Vous savez que l’énergie joue un rôle capital dans le développement. Malheureusement, au Burkina, elle coûte cher, et même très cher, par rapport aux pays voisins. Des efforts doivent être faits pour la rendre plus accessible afin de favoriser le développement industriel. Aussi, avec la ligne de haute tension qui relie Bobo et Ouaga, je pense qu’on est en train de faire des pas très importants. Le gouvernement accorde également des subventions pour que les coûts ne soient pas trop élevés.

Dans le domaine de l’éducation, nous travaillons avec le Burkina dans le cadre du Programme décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB).

Je pense que c’est un exemple de synergie d’actions entre les bailleurs de fonds et le gouvernement pour une meilleure prise en compte des priorités nationales. Pour les bailleurs de fonds, le secteur de l’éducation doit servir de modèle dans le cadre d’une coopération pour le développement qui se veut efficace.

Pourquoi avoir choisi d’intervenir essentiellement dans le secteur Eau-Assainissement ?

Avant, les pays, les bailleurs de fonds signaient des accords de coopération dans presque tous les secteurs, si bien qu’il y avait une grande dispersion d’énergie et de moyens, sans impact réel. Maintenant, la tendance est plutôt à la focalisation sur des secteurs où on a des avantages comparatifs. Dans ce sens, nous intervenons dans quatre secteurs ; c’est du reste trop. L’idéal, c’est peut-être de travailler dans seulement deux secteurs. Cela rend la coopération plus dynamique et plus simple à administrer.

Les pays nordiques dont le Danemark sont reconnus pour leur attachement aux valeurs démocratiques. Quelle lecture faites-vous du processus démocratique en cours au Burkina ?

De façon générale, nous considérons qu’il y a des progrès importants dans le processus démocratique burkinabè. Il est évident que d’importants défis restent aussi à relever, notamment la lutte contre la corruption. Il y a des domaines où il faudrait faire des efforts pour que les instances de contrôle soient plus indépendantes vis-à-vis de l’exécutif. On est en réflexion avec le gouvernement là-dessus, à travers un programme d’appui budgétaire. Chaque année, nous passons en revue certains aspects de bonne gouvernance dont la lutte contre la corruption. A ce sujet, nous nous sommes mis d’accord sur un certain nombre de mesures de renforcement des instances de contrôle des finances publiques.

Dans le même ordre d’idées, quel jugement portez-vous sur les dernières élections législatives ?

Par rapport aux élections législatives qui viennent de se dérouler, je me base sur le jugement des instances nationales compétentes, ainsi que sur celui des missions d’observation nationales et internationales. Je pense que le déroulement de ces élections a été correct.

Selon mes informations, il y a certes des cas isolés de fraude, mais je ne pense pas que cela ait pu changer le résultat général du scrutin.

A ses débuts, la lumière sur l’affaire Norbert Zongo était une préoccupation majeure pour le Danemark. Le dossier constitue-t-il toujours un nuage dans le ciel de le coopération entre votre pays et le Burkina, ou est-il classé dans l’esprit des Danois ?

Nous avons soulevé la question lors des dernières consultations entre nos deux pays en octobre de l’année dernière, mais nous pensons que le cas n’a pas été totalement éclairci. Nous espérons que tout sera fait pour qu’on aboutisse enfin au jugement, et donc à la lumière.

Qu’est-ce qui est fait concrètement de votre côté ?

Il ne nous appartient pas de prendre des initiatives concrètes à ce niveau. Nous pouvons seulement entretenir un dialogue. Nous avons dit que le cas n’était pas tout à fait éclairci et qu’il faudrait faire des efforts afin que les instances compétentes puissent le faire.

Le Programme décennal de développement de l’éducation de base (PDDEB) dans lequel vous intervenez avait connu des dysfonctionnements dans la gestion de ses fonds. Quel commentaire faites-vous sur la situation qui, pour beaucoup, reste un mystère alors qu’on parlait à l’époque d’enquêtes pour situer les responsabilités ?

En ce qui concerne l’administration et la gestion des fonds du PDDEB, les choses se sont beaucoup améliorées. Je pense qu’il y avait des problèmes il y a deux ou trois ans de cela. A vrai dire, je ne connais pas tellement le dossier, puisque le problème est survenu avant notre intervention dans le programme. Nous sommes bailleur de fonds du PDDEB depuis l’année dernière seulement.

Pour terminer, je reconnais que le financement de la presse n’est pas facile. Je constate malgré tout qu’il y a une diversité de médias au Burkina. Il y a aussi une approche critique vis-à-vis de la gestion des affaires publiques. Cela est fondamental pour l’enracinement de la démocratie. Et je pense que les Editions "Le Pays" jouent une partition importante dans cette dynamique.

Propos recueillis par Paul Kab’s KABORE

Le Pays

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