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Tertius Zongo, Premier ministre : Des hommes politiques et des citoyens réagissent

Publié le mercredi 6 juin 2007 à 07h57min

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Le Burkina Faso a un nouveau Premier ministre en la personne de Tertius Zongo. Comment cette nomination intervenue le lundi 4 juin dernier (lire en encadré le décret du président du Faso) a-t-elle été accueillie ? Nous avons tendu notre micro à des hommes politiques et des Ouagalais. Microtrottoir.

Me Hermann Yaméogo (UNDD)

"Tertius Zongo est connu pour être quelqu’un de très sympathique, d’affable, qui aime bien rigoler, etc. Il passe aussi pour quelqu’un de travailleur, qui a une bonne expérience puisqu’il a déjà occupé des portefeuilles ministériels. L’autre aspect, c’est qu’il est un homme du sérail, du système, de la grande famille comme on le dit. C’est un fidèle du chef d’Etat.

Si l’on prend en compte ces deux considérations, on peut dire que c’est l’homme qu’il fallait. Il a l’expérience et, certainement, il exécutera à la lettre ce que le président du Faso lui dira de faire. Maintenant, lui-même est Premier ministre dans le cadre d’institutions bien précises.

La pratique politique est telle que tout part et revient au président du Faso. C’est lui qui définit, conduit et met en oeuvre la politique de la nation. Un Premier ministre n’est donc qu’un exécutant. Et tant qu’on ne fera pas comme Sarkozy, qui fait du Premier ministre son adjoint direct, on restera toujours dans l’hypocrisie. Je ne vois pas, quelles que soient ses qualités, ce qu’il pourra faire sur initiative personnelle, notamment en ce qui concerne la Justice et les réformes indispensables du point de vue économique et institutionnel. Les choses resteront telles quelles."

Me Bénéwendé Sankara (UNIR/MS)

"Vraiment, cela ne me fait ni chaud ni froid. Un Premier ministre a été nommé par le chef de l’Etat. C’est son droit tiré de la Constitution. Me Sankara prend acte. J’attendrai de voir. Mais, j’ai quelques appréhensions. Tertius Zongo n’est pas un inconnu de la scène politique. Il a été plusieurs fois ministre et, par la suite, ambassadeur.

Aujourd’hui, le pouvoir est à la croisée des chemins et on peut se demander quelle sera la lettre de mission du Premier ministre face à la cherté de plus en plus accrue de la vie au Burkina et au péril de la démocratie. Comment va-t-il véritablement agencer son gouvernement pour que les Burkinabè se sentent en confiance, qu’ils ressentent dans leur quotidien les fruits de la croissance ?

Comment le Premier ministre va-t-il surtout régler la question de l’injustice au Burkina ? Les chantiers qui se présentent à lui sont énormes. Et j’ai la ferme conviction qu’on fait du surplace. Il aura la tâche très difficile. Ce qui constitue une interpellation du peuple tout entier et de l’opposition. Il n’est plus question de se laisser faire. Le Niger vient de nous donner l’exemple. En démocratie, l’opposition qui a un rôle de contre-pouvoir doit y veiller."

Ram Ouédraogo (RDEBF)

"Le nouveau Premier ministre est un bon économiste, un homme de convictions et de décision. C’est souvent ce qui manque chez nous. Pour avoir travaillé avec lui dans le cadre du gouvernement, je peux dire qu’il peut taper du poing sur la table. Si Tertius Zongo a les mains libres, il pourra travailler à résoudre ces problèmes de mal gouvernance. Quant à savoir si nous sommes prêts à rentrer dans le nouveau gouvernement, je pense que la question n’est pas à l’ordre du jour parce que nous sommes de l’opposition. Si nous étions dans une situation de crise et qu’on nous proposait d’entrer dans un gouvernement d’ouverture, on pourrait étudier la question. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Il y a un président élu sur la base d’un programme, leur parti (NDLR, le CDP) à la majorité à l’Assemblée nationale, ils n’ont qu’à gérer leur pouvoir !"

Pon Barro (administrateur des services financiers)

"Tertius Zongo est un homme de très grande expérience. Il a d’abord été à la direction générale de la Coopération, puis ministre délégué chargé du Budget et ministre de l’Economie et des Finances. Nous pensons que c’est une personne de grande expérience dans la domaine des finances au niveau national et international. De par ses relations et avec le poste qu’il a occupé aux Etats-Unis, cela peut être un avantage en ce qui concerne le raffermissement des relations entre le Burkina et les institutions financières internationales.

Lorsqu’on remplace quelqu’un, il y a trois possibilités. On fait exactement comme la personne, ce qui n’arrange pas le pays ; ou bien, on fait pire que la personne, ce que nous ne souhaitons pas. La 3e possibilité, c’est de faire mieux que la personne remplacée et c’est tout ce que nous souhaitons."

Bakary Zongo (élève-conseiller pédagogique à l’ENSK)

"C’est d’abord une surprise, parce qu’on ne s’attendait pas à ce qu’il revienne très tôt. Mais il faut dire que c’est un homme qui a beaucoup d’expérience dans la gestion de l’administration publique. Ce n’est donc pas étonnant qu’il soit appelé à assumer cette responsabilité. il a été un acteur clé des grandes reformes économiques et politiques de l’administration à un moment donné. J’ai donc été un peu surpris qu’on l’enlève à un moment donné. Ce retour est l’occasion pour lui de peut- être rectifier s’il y a lieu ou d’aider à mieux appliquer, ce qu’il avait commencé."

Sandrine Konsimbo (étudiante en médecine)

"Je pense que c’est une bonne chose même si je ne le connais pas particulièrement. S’il a été choisi, c’est qu’il est capable d’assumer cette responsabilité. J’attends qu’il améliore les conditions de sécurité au Burkina. Il y a trop d’insécurité et j’en ai été victime. Mon sac m’a été déjà arraché. En tant qu’étudiante en médecine, j’avoue que ça ne va pas au niveau de la santé. Donc, il faut qu’il améliore aussi les conditions de vie des étudiants que nous sommes."

Marcel Ouédraogo (Commerçant ambulant)

"Je crois que c’est bien, parce que c’est un Burkinabè et c’est à lui de faire ses preuves. Je l’ai connu quand il était ministre et je pense qu’il peut gérer le premier ministère. Je voudrais qu’il se penche sur la situation du secteur informel et sur la politique burkinabè de façon générale, pour que le pays avance."

Pascal Ouédraogo (enseignant)

"Si on a pu le nommer à ce poste, c’est qu’on a jugé qu’il est compétent. Si nous devons faire la comparaison dans la sous-région, le Burkina est beaucoup en arrière sur tous les plans. Même au Mali à côté, le carburant ne coûte pas cher comme au Burkina et pourtant les Maliens transitent chez nous ici pour aller en chercher. Les fonctionnaires souffrent et on nous parle d’augmentation de salaires, pendant qu’on coupe les indemnités. Nous pensons qu’il va donner le meilleur de lui-même pour que la population burkinabè sorte de cette galère."

Pieldemon Hien (administrateur des hôpitaux)

"La nomination en elle-même est déjà un changement et cela est bien. Tertius Zongo est un économiste technocrate et nous espérons qu’il va mettre en place un gouvernement qui va rassembler tous les Burkinabè mais composé surtout de jeunes et de technocrates ayant les compétences nécessaires. Un gouvernement qui va redresser et annihiler les frustrations que l’ancienne équipe a dû à tort ou à raison engendrer.

Qu’on lui laisse les coudées franches pour qu’il forme le gouvernement qu’il veut pour travailler comme il veut. J’attends aussi que le premier ministre assainisse le cadre des marchés publics de l’Etat par rapport à ce que nous constatons actuellement. Il faut qu’il mette l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, parce qu’aujourd’hui , il y a plein de fonctionnaires qui sont frustrés du fait qu’ils ne sont pas à la place qu’il faut. La raison est qu’ils ne sont pas du même bord ou ils ne sont pas les hommes de tel ou tel ministre. Nous devons rompre avec ce que les uns et les autres ont l’habitude de dénoncer."

Assita Paré (ministère des Finances)

"C’est une nomination qui est la bienvenue, parce que Tertius zongo est un grand bosseur. Il travaille bien et est correct. Nous l’estimons et je crois qu’il fera de son mieux en espérant qu’il y aura des changements mais j’attends des efforts sur les questions de l’emploi, de la santé et surtout de l’économie."

Pascaline Mangara (Service de l’ordonnancement du ministère des Finances)

"Il a été notre ministre des Finances, avant d’occuper le poste d’ambassadeur et nous sommes heureux qu’il soit de retour. Nous attendons qu’il revoie les conditions de vie des financiers, puisque ce n’est pas facile de gérer les finances publiques où il y a trop de responsabilités. Il faut qu’il apporte également un plus par rapport à ce que son prédécesseur a fait en revoyant à la hausse les taux de recrutement et en mettant l’accent sur la question de l’emploi."

Germain Tankoano (étudiant)

"Je suis d’accord qu’il y ait un changement de Premier ministre. Par contre, je ne suis pas d’accord avec la nomination de Tertius Zongo. Entre 2000 et 2001 il avait été accusé de certaines indélicatesses et aujourd’hui c’est cette même personne qui revient à la primature. Qu’est-ce que nous allons attendre de lui ? Je ne comprends plus. Si on peut revoir sa nomination, ce sera une bonne chose. Dans le cas contraire, il doit montrer qu’il sera à la hauteur de la tâche, sans vouloir abuser des fonds de l’Etat. Aujourd’hui, la jeunesse souffre du manque d’emploi et je l’interpelle sur une politique concrète au bénéfice de cette jeunesse."

Propos recueillis par D. Parfait SILGA

Le Pays


Burkina Faso
Unité-Progrès-Justice

Décret n°2007-349/PRES
Portant nomination du Premier Ministre

LE PRESIDENT DU FASO,
PRESIDENT DU CONSEIL DES MINISTRES

Vu la constitution,

DECRETE

ARTICLE 1 : Monsieur Tertius ZONGO est nommé Premier Ministre.

ARTICLE 2 : Le présent décret sera publié au Journal Officiel du Faso

Ouagadougou, le 04 juin 2007

Blaise COMPAORE

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Vos commentaires

  • Le 6 juin 2007 à 11:25, par lompoli En réponse à : > Tertius Zongo, Premier ministre : Des hommes politiques et des citoyens réagissent

    La surprise et l’étonnement font légion au Faso. Il bien de chercher à tendre vers l’excellence. Mais la grande problématique, c’est de ne pas innover dans le choix de nos collaborateurs. Tertus Zongo a fait ses preuves depuis 2000 dans la classe politique burkinabè. J’espère que les difficultés du Burkina ne seront pas examinées simplement sous l’aspect économique et que l’on nous épargnera des formules qui ne nous avancent à rien. Le Burkina a plus besoins à l’heure actuelle d’hommes pragmatiques, que de théoriciens. Je reste cependant convaincu que si le nouveau premier Ministre arrivait à jouir d’une liberté d’entreprise, peut-être que l’on trouvera des solutions à certains maux du Faso. Le politicien peut bien suivre un programme auquel il souscrit, l’essentiel s’est d’innover dans la prise de décision en s’inspirant partiellement ou totalement des mutations survenues au niveau sous régional et international. L’essentiel s’est d’arriver à inverser certaines tendances pour répondre aux aspirations des populations pour lesquelles ces programmes sont édictés.

    Olivier Lompo
    Doctorant en Géographie du Développement
    Università degli studi di Bergamo Italia.

  • Le 6 juin 2007 à 15:14, par Bambio En réponse à : > Tertius Zongo, Premier ministre : Des hommes politiques et des citoyens réagissent

    Très sincèrement, je suis on ne peut plus étonné de cette nomination.Je sais seulement que si c’était dans des pays à démocratioe avancé, la polémique serait de taille dans cette nomination.L’homme est connu , il a des atouts , il est bon etc. mais à son égard il ya déjà eut (et celà ne date pas de longtemps) , de très sérieuses accusations à propos de la gestion des finances publiques.Cette affaire est restée là, sans clairification aucune et comme par un coup de bagette magique l’homme s’envole pour les state pour se faire oublier un temps soit peu, et déboucher manu militari à la primature.
    Bon, mais comme c’est le chef d’Etat qui sait celui qu’il faut ,à la place qu’il faut et au moment où il le faut, attendons de voir.

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