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Sommet du G8 en Allemagne : l’Afrique doit-elle encore s’attendre à de fausses promesses ?

Publié le mardi 5 juin 2007 à 07h31min

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Angela Merkel

« Il est aberrant que les pays de G8 ne soient même pas en mesure de réitérer leurs engagements de 2005. Ils rompent leurs promesses et fuient leurs responsabilités » dénonce Sébastien Fourmy de Oxfam France.

Voilà deux ans, à Gleneagles en Ecosse, les huit pays les plus riches de la planète ont décidé d’annuler la dette publique multilatérale de 35 pays les plus pauvres et promis d’accroître d’ici 2010 de 50 milliards de dollars l’aide aux nations les plus démunies. Une décision qui fût applaudie á grands cris et le résultat escompté aujourd’hui reste encore mitigé.

Un rapport de l’OCDE, qui réunit les principales économies développées de la planète, constatait une baisse de 5,1 pour cent en 2006 de l’aide aux pays pauvres et pronostiquait un nouveau recul pour les années á venir.

Heiligendamm, petite localité de la mer Baltique où se réunira á partir du 06 au 08 juin le G8, a été transformé en camp retranché. C’est dans cette station balnéaire totalement coupée du monde, que les huit pays les plus riches du monde devront assumer leurs responsabilités sur les dossiers du climat et une fois de plus de l’Afrique, a affirmé Angela Merkel, la chancelière allemande tout en s’interrogeant sur la responsabilité que portent les pays industrialisés dans le monde.

Ce sommet sous la double présidence de l’Allemagne, Angela Merkel qui tente de se faire l’avocate de l’Afrique, une Afrique qui a "un incroyable potentiel de développement", mais aussi "beaucoup de problèmes" a-t-elle souligné. Dans cette perspective, pas moins de trois grandes réunions ont eu lieu avant ce sommet à Berlin : par ordre chronologique : un forum de la Banque Mondiale, ensuite un Africa Business Day et un forum sur le partenariat avec l’Afrique.

Avant même le sommet du mercredi Angela Merkel se manifeste déjà par un signal fort. L’Allemagne augmentera l’an prochain son volume d’aide au développement de 750 millions d’euros. Annonçait la chancelière Angela Merkel en fin de semaine dernière.

À l’heure où l’Allemagne place le développement de l’Afrique en tête des préoccupations du G8, cette hausse de 14% est un signal adressé aux autres pays industrialisés. "Aucun autre poste budgétaire ne connaît d’augmentation proportionnellement aussi importante", a souligné la chancelière.

Pour Angela Merkel, cependant, l’engagement financier n’est pas tout. La chancelière plaide aussi pour une réorientation de la politique d’aide au développement. "Gardons-nous d’avoir les yeux trop rivés sur les moyens financiers. L’argent n’est pas tout", met en garde la chancelière. "Vous pouvez très bien arroser l’Afrique de sommes importantes, et agir totalement en dépit du bon sens". La chancelière entend plaider auprès des autres nations industrialisées du G8 pour un partenariat avec l’Afrique qui se fasse "sur un pied d’égalité". "Avec des droits, mais aussi des devoirs", insiste-t-elle. "L’argent doit réellement toucher les populations et changer quelque chose. Ce n’est pas toujours le cas".

A l’instar de Tony Blair en 2005 à Geneagles, Angela Merkel, la nouvelle “avocate de l’Afrique“ démontre sa grande volonté de soutenir l’Afrique en appelant les Etats africains à une“bonne gouvernance financière“.

Pour tenter de sauver la face á Berlin, d’autres capitales du G8 devraient annoncer à Heiligdamm une augmentation de son aide annuelle aux pays pauvres, de 2 à 3 milliadrs d’euros.

Des promesses de réduction de dettes à la lutte accrue contre la pauvrété, l’Afrique en a connues. De l’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE) en 1996 en collaboration avec le FMI et la Banque Mondiale, au sommet de G8 de Gleneagles en 2005 en passant par la coalition Jubilée depuis 1999 reclamant l’annulation des dettes des pays les plus endettés, scandés par les chanteurs Bono ou Bob Geldof, les Africains commencent á bien douter de la crédibilité de ces“puissants du monde“.

Alex Moussa Sawadogo
Lefaso.net
Correspondant en Allemagne

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