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Entrepreneuriat : Des étudiants commerçants sur le campus de Zogona

Publié le jeudi 7 juin 2007 à 08h08min

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De plus en plus, études et commerce font bon ménage sur le Campus de Zogona à Ouagadougou.

La maison des Etudiants, ce n’est pas la cité de Zogona ou de la Patte-d’oie, ni les amphithéâtres. C’est l’appellation d’une boutique tenue par un étudiant : Ben Idrissa Kéré ! Comme lui, Wérémé Mamadou est aussi un étudiant-entrepreneur. Il gère la boutique "Campus coiffure" située au sein du campus de Zogona.

Ces deux étudiants essaient de concilier, tant bien que mal, études et commerce pour des raisons diverses. Le premier a décidé de s’adonner depuis quelques années à la vente d’appareils électrogènes et autres objets utilitaires. Quant au second, c’est dans la coiffure qu’il s’est d’abord lancé avant de se retrouver dans le commerce. "J’ai opté d’évoluer dans ce domaine, en plus des études, pour une question d’autonomie financière. A un certain moment, je ne voulais plus dépendre des parents", explique Kéré. Tout a commencé en 1999 où ce dernier spéculait sur les petits objets. "A l’époque quand je voyais un article qui m’intéressait, je l’achetais et le revendais avec un petit bénéfice".

Ainsi, des petits objets, Kéré est passé au commerce d’objet de plus grande valeur. Du commerçant SDF (sans domicile fixe), il gère aujourd’hui, une boutique installée au départ sous des manguiers de la cité universitaire. Il détient une boutique dénommée "la raison des études". On y trouve des appareils cellulaires et leurs accessoires, des ventilateurs, des fournitures, des appareils ménagers, etc.

En ce qui concerne Mamadou Wérémé , c’est au côté Est de l’Université, entre le campus et le marché de Zogona, que son atelier "Campus coiffure" et sa boutique sont localisés. Tout comme Kéré, sa clientèle est essentiellement constituée d’étudiants.
"C’est en novembre 1999 que j’ai commencé ma débrouillardise. En tant que locataire de la cité universitaire de Zogona, je coiffais des amis dans ma chambre moyennant quelques sous".

Progressivement la clientèle s’est étendue et à la date actuelle, l’atelier de Wérémé ne désemplit pas.
"Tout le monde (étudiants, autre jeunes) vient se coiffer ici. J’ai choisi de m’installer hors du campus pour pouvoir exercer mon activité même en périodes mortes (les vacances)".

Les deux étudiants disent s’en sortir financièrement grâce à leur activité même s’ils reconnaissent que les étudiants ne sont pas souvent "faciles".
"Depuis que je me suis lancé dans les affaires, je n’ai eu recours à personne pour régler mes petits problèmes financiers", soutient Kéré.
"Avec la dizaine, souvent, la vingtaine de têtes que je coiffe par jour en raison de 200 F par tête, je peux assurer ma vie quotidienne et résoudre nos petites dépenses", avoue Wéremé.

A la question de savoir si leurs activités sont légalement faites, ils répondent tous par l’affirmative. Ils disent payer les taxes requises.

"Je paie 7 500 F/mois au titre de frais de location de mon local. En plus, je dois aussi verser 27 500 F par an comme contribution au secteur informel (CSI)", affirme Kéré.
Le commerce n’influe pas sur les études de ces étudiants. La preuve, ils sont tous titulaires d’au moins une licence. Issiaka Kéré a même réussi à un concours et est en formation.

"Le commerce est devenu une passion pour moi, et même quand je serai fonctionnaire j’aurai du mal à m’en défaire", a-t-il confié.

Alban KINI


Pourquoi les étudiants perdent-ils le sens
de l’entrepreneuriat ?

Au risque de perdre parfois leur année académique, ces étudiants se lancent dans des activités à même de générer des fonds. Certains participent aux campagnes de sensibilisation, aux enquêtes...Mais tous n’ont pas le chance d’y prendre part. Pour se sortir de la galère, d’autres "montent leur propre deal". Ils se transforment en boutiquier, coiffeur, vendeur d’appareils électroménagers...Des jeunes étudiants vendent des produits de beauté ou tiennent des kiosques. Pourquoi ces étudiants entreprennent-ils ?

Le Fonds national pour l’éducation et la recherche (FONER) que l’Etat accorde aux étudiants est un coup de pouce certes, mais pas forcément suffisant. La nourriture, la location de la maison, les photocopies... sont des besoins vitaux qui exigent plus d’argent. Et les étudiants avec cette forme d’entrepreneuriat informel démontrent qu’ils ont des aptitudes à monter les PME. Certains emploient d’autres jeunes pour les soutenir.

Mais cet élan d’entrepreneuriat disparaît chez beaucoup une fois les diplômes acquis, et les études terminées.
La grande majorité des étudiants qui finissent ont le regard tourné vers la Fonction publique. Beaucoup craignent le secteur privé.

Raison évoquée, il n’offre pas la sécurité, la garantie avec ses contrats à durée déterminée. De peur de se retrouver un jour dans le secteur privé malgré son salaire descend, ils optent pour la Fonction publique. "La fonction publique c’est plus sûr". "Au public on n’a pas l’angoisse du privé ou le projet peut prendre fin à tout moment", entend-on.

Dans la même lancée, peu nombreux sont ceux qui pensent à monter leur propre business. Par manque de fonds quelquefois.

Mais il faut souligner la peur de l’inconnue, la crainte d’échouer, de ne pas réussir son affaire. Ainsi les étudiants dynamiques au campus perdent leur sens de l’entrepreneuriat. Peut être qu’une étude permettra d’aider ces étudiants, qui entreprennent juste pour survivre, à devenir de vrais entrepreneurs. Cela aura pour avantage de "fabriquer" des patrons pourvoyeurs d’emplois. Surtout que les amphithéâtres se remplissent chaque année de milliers d’étudiants.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 7 juin 2007 à 17:03 En réponse à : > Entrepreneuriat : Des étudiants commerçants sur le campus de Zogona

    Grand bravo à ces deux étudiants qui ont su, judicieusement, concilier études et commerce.
    Il conviendrait que les pouvoirs publics traduisent cette réussite, somme toute relative et de petite taille, en favorisant la formation professionnelle par alternance. C’est l’une des clés de voûte de la réussite de notre système éducatif. Me Kéré, France.

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