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Législature : L’adieu au Parlement

Publié le lundi 4 juin 2007 à 08h09min

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Vendredi 1er juin, les députés de la IIIe législature de la IVe République se sont dit adieu, car ce jour marquait officiellement la fin de la session et celle de leur mandat, vieux de 5 ans (2002-2007).

Les adieux ne sont jamais faciles. Et à l’Assemblée nationale, vendredi dernier, les députés n’ont pas dérogé à cette règle. Là, ça discutait et riait, ici, certains visages étaient songeurs derrière une apparente sérénité. Et pour cause, après 5 ans de loyaux services, ces élus nationaux, en tout cas pour certains, doivent céder leurs fauteuils à d’autres impétrants. Ainsi en a décidé la loi des urnes le 6 mai dernier. C’est pourquoi il n’y avait pas besoin d’être grand observateur pour constater que ce 1er juin-là était un jour "bizarre" pour certains députés qui doivent désormais s’habituer à cette nouvelle vie hors de l’hémicycle.

A tout seigneur, tout honneur : c’est à Roch Marc Christian Kaboré, président de cette législature finissante, qu’est revenu de "parler" à ses collègues avec qui il a travaillé pendant 5 ans du haut de son perchoir. D’abord le président de l’Assemblée nationale a rendu un hommage appuyé au peuple burkinabè pour son vote du 6 mai, lequel a permis d’ancrer davantage notre démocratie. Même reconnaissance à l’endroit des formations qui ont participé à ce jeu démocratique, au gouvernement, au président du Faso. Puis il a rappelé le vote de certaines lois au cours de cette session qui sont, entre autres :
- le projet de loi de règlement au titre du budget de l’Etat, gestion 2005 ;
- 3 projets de loi portant ratification d’ordonnances relatives au projet d’appui aux filières agro-sylvo-pastorales, au deuxième projet enseignement post-primaire et au projet d’appui au secteur de la santé et à la lutte contre le Sida ;
- le projet de ratification de la Convention de la CEDEAO sur les armes légères et de petit calibre, leurs munitions et autres matériels connexes ;
le projet de ratification de la Convention portant statuts du Fonds africain de garantie et de coopération économique (FAGACE).

Ensuite, il en viendra au sujet omniprésent dans beaucoup d’esprits ce jour-là à l’hémicycle : la fin du mandat des députés. "La clôture de la présente session annonce la fin de la IIIe législature de la IVe République... plus que le moment des bilans. C’est le moment des adieux. Avec vous, mesdames et messieurs les députés, ces cinq dernières années ont été riches en enseignements pour moi et je me félicite de ce que nous avons pu faire ensemble pour renforcer et soigner la gouvernance parlementaire au Burkina", a laissé entendre celui qui a occupé le perchoir ces 5 dernières années. Aux partants il a souhaité bon vent à chacun, et aux "anciens" qui restent "une carrière parlementaire au service de la Nation".

Il a également égrené les grands chantiers de cette législature qui est à son crépuscule, notamment la création du Caucus genre, d’une radio parlementaire, d’un opuscule intitulé "l’Assemblée nationale burkinabè au cours de la démocratie", d’un film documentaire de 52 mn dressant le bilan de cette législature. D’autres chantiers sont en cours que va poursuivre la IVe législature, tels le Plan stratégique de développement du parlement (PSDP) 2004-2014, la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique (ACBF).

Ce week-end qui marquait la fin du mandat pour les députés de la 3e législature devrait être aussi celui de fin de parcours de l’équipe gouvernementale de Yonli III. En effet, le PM Ernest Paramanga Yonli, avant d’aller ce matin même à 10 heures valider son mandat de député au cours de la session inaugurale de la nouvelle Assemblée, devrait au préalable rendre sa démission au président du Faso. Si ça se trouve, c’est peut-être même déjà fait au moment où vous nous lisez.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

Après l’officialisation de la fin du mandat de cette IIIe législature, nous avons demandé à quelques députés sortants de se prononcer sur l’essentiel qu’ils retiendront de ces 5 ans de vie parlementaire.

Marc Oubkiri Yao (CDP) La présente législature qui s’achève est celle de la maturité, si l’on considère les trois législatures successives. Vous savez que dans nos croyances, le chiffre 3 est celui de l’homme. Mon souhait en quittant l’hémicycle est que mes jeunes frères puissent s’insérer dans un système démocratique vraiment apaisé. Du reste, c’était le sens de notre combat quand nous avons commencé la politique (NDLR : allusion à la création de la CNPP/PSD) ; nous avons dit à l’époque que l’avenir appartient à la démocratie multipartite, on ne nous avait pas cru à l’époque. C’est ce qui se réalise aujourd’hui. Je peux dire donc que je quitte l’Assemblée nationale comblé.

Boniface Térbsom Zaongo (UPR) Pour moi, cette troisième législature fut celle de l’apprentissage, car c’est la première fois que je suis élu député. Je pense également que sur le plan de la démocratie nous avons gagné en maturité avec cette législature, parce que le parti majoritaire et les partis de l’opposition, chacun en ce qui le concerne, ont joué leur partition. Je pense donc que c’est une législature réussie. Je ne pars pas l’amertume au cœur, car lorsqu’on va au combat, il y a deux hypothèses : soit on gagne, soit on sort perdant. Personnellement, je vais capitaliser l’expérience acquise dans cette vie parlementaire et me préparer pour l’avenir.

Alfred Kaboré (UNDPS) Je suis effectivement un député sorti. Chacun de nous a fait de son mieux. Je retiens aussi la volonté des uns et des autres de se perfectionner. J’estime également au regard de certaines choses que notre démocratie est balbutiante, qu’elle a reculé. De nombreux acteurs politiques n’ont pas joué franchement le jeu. Et à ce scrutin du 6 mai, l’argent est venu tout compromettre, car là où l’argent passe, la démocratie trépasse.

Fidèle Hien Je dois avouer que des trois législatures, c’est celle-ci qui a été la plus animée. Personnellement, j’ai apprécié la qualité du travail qui a été fait par les députés. On doit cela aussi à la configuration de l’Assemblée, cela va de soi. J’ai beaucoup aimé la façon dont les projets de lois ont été débattus. Je pense avoir apporté ce que j’avais de meilleur. Bien entendu, il y a eu de la routine, mais dans l’ensemble, c’était bien. Le principal problème pour les députés est la question de l’espace qui manque et cela joue sur les rendements de ces derniers.

Propos recueillis par Z.D.Z.

L’Observateur Paalga

P.-S.

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