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SOFITEX - Cotonculteurs : L’heure de vérité

Publié le vendredi 6 mai 2005 à 00h00min

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En ce début de campagne agricole, la Société des fibres et textiles (SOFITEX) a rencontré les cotonculteurs du 25 avril au 3 mai 2005. Partout où elle est passée, il a été question du bilan de la campagne écoulée, de prix d’achat du kilogramme de coton pour la présente campagne, de conditionnement, de coût des engrais, des perspectives.

Que ce soit à Oury, à Fara, à Léo ou à Sapouy, le message de la SOFITEX aux cotonculteurs a été le même. Malgré les difficultés rencontrées au cours de la campagne écoulée (installation difficile des pluies à la période des semis -mai-juin-, rupture des précipitations dans certaines localités du pays à partir du mois de septembre, etc.), ses dernières projections indiquent qu’il est certain que les résultats de la campagne, dans les seules zones de production de la SOFITEX pourront atteindre, voire dépasser l’objectif de 500 mille tonnes. Quant à la campagne de commercialisation primaire qui a officiellement démarré le 15 octobre 2004, elle tire vers sa fin.

A la date du 25 avril 2005, environ 490 mille tonnes de coton graine ont été évacuées et égrenées dans l’ensemble des régions cotonnières de la SOFITEX, soit environ 97% des prévisions de collecte, et plus de 90% de cette quantité ont été payés. A l’étape de Sapouy le 3 mai dernier, un agent de la Banque agricole et commerciale du Burkina (BACB) était venu pour procéder à des paiements.

Une perte de 20 milliards de F CFA

Un autre élément du bilan de la campagne écoulée est que la SOFITEX a perdu environ 20 milliards de F CFA, cela dû essentiellement : aux subventions accordées aux cotonculteurs européens et américains, à l’augmentation du coût du transport du coton burkinabè et ce, suite à la hausse du prix des hydrocarbures ; à la chute du dollar ; à l’offre de coton sur le marché mondial qui a dépassé la demande. Pour toute l’Afrique, les pertes sont estimées à 200 milliards de F CFA.

Pour la campagne 2005-2006, la SOFITEX dit qu’il n’y aura pas de ristournes au profit des producteurs. Ainsi, le coton de premier choix sera acheté à 175 F CFA le kg, celui de 2e choix le sera à 140 F CFA et le 3e choix sera acheté à 120 F CFA.

En 2004-2005, du fait des ristournes, ces prix étaient respectivement de 210 F CFA, 185 F CFA et 135 F CFA. Les prix d’achat de cette année sont des prix planchers, c’est-à-dire que la société a décidé de ne jamais acheter de coton en dessous de ces prix.

Sinon, le 1er choix aurait dû être acheté à 130 F CFA le kg. Alors que les prix des semences ne seront pas augmentés, ceux des engrais le seront. Le sac de NPK coûtera 11 750 F CFA au comptant et 12 950 F CFA à crédit. L’explication fournie par la SOFITEX est que cela est dû à la flambée du prix du baril de pétrole. Or, l’urée et le NPK par exemple, sont des dérivés du pétrole.

Pour contrebalancer cette augmentation, elle conseille aux producteurs d’utiliser davantage la fumure organique.
Les objectifs de production pour la campagne 2005-2006 sont de 600 mille tonnes. La SOFITEX se dit confiante car les besoins en intrants exprimés par les producteurs sont en hausse de 20% par rapport à la campagne écoulée. Pour sa part, elle rassue qu’elle mettra tout en oeuvre pour accompagner les producteurs dans la réalisation de ses objectifs. Elle les a encouragés car selon elle, les perspectives sur le marché international du coton sont encourageantes.

Pour cette campagne, Adama Héma, chef de la zone cotonnière Sissili - Ziro, affirme qu’une parade a été trouvée aux retards de paiement. Dorénavant, le coton sera payé à 90% de sa valeur avant même d’être enlevé. Le reste le sera après enlèvement. Seulement, le coton doit être entreposé dans des silos construits loin des sources de chaleur, des marchés, etc.

Les préoccupations des cotonculteurs ont porté sur le mauvais état des routes, les retards dans les paiements (que la SOFITEX a choisi de corriger par la technique du paiement avant enlèvement), la faible capacité de certains camions, le problème du conditionnement.

Des éclaircissements et des ébauches de solutions à ces préoccupations ont été donnés. A un producteur qui ne comprenait pas les critères de classification du coton, Seydou Dicko, chef de la délégation SOFITEX à Oury et Fara, a répondu que le coton dit de 1er choix est du coton trié, le 2e choix est du coton non trié, le 3e choix est le résidu du 2e choix.

Par Barthélemy LOUGNIE


A la fin de la rencontre de Sapouy, deux cotonculteurs se prononcent sur des griefs faits à la SOFITEX : gonflement de la quantité du coton, mauvaise qualité des semences.

- El hadj Abdoulaye Kouanda du département de Bognounou :
"Concernant la quantité de coton produite, cette année elle a augmenté par rapport à l’année dernière. Cela s’explique, en tout cas dans notre zone, par le fait que cette année, beaucoup de personnes se sont lancées dans la culture du coton. De même, ceux qui exploitaient de petites superficies les ont agrandies.

Quant à l’objectif de la SOFITEX de produire davantage cette année, nous y adhérons. Il y a plus d’avantages à augmenter sa production qu’à la diminuer. Par rapport à la qualité des semences, pour ce qui est des départements que je connais, elle est bonne. Les cultures ont pris du poids partout".

- El hadj Karim Ouédraogo, président de l’Union provinciale des producteurs de coton du Ziro :
"Cette année, la production a été importante. Au Ziro par exemple, il s’en est fallu de peu pour que nous réalisions le double de ce que nous avions produit la campagne précédente. Dans le département de Sapouy, nous avons récolté 4 000 tonnes contre 2 000 tonnes précédemment. Sur la question des mauvaises semences, personnellement, je ne suis pas au courant de cette affaire. Seuls ceux qui ont donné des mauvaises semences peuvent vous en parler. Quand les semences sont arrivées ici, j’ai fait partie de l’équipe de répartition, mais je n’en ai pas vues de mauvaises".

Propos recueillis et traduits par B.L.

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