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Liberté de presse au Burkina : Journalistes et forces de l’ordre se tendent la main

Publié le mercredi 5 mai 2004 à 09h29min

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Pour sacrifier à la tradition, les professionnels des médias ont commémoré le lundi 3 mai 2004 la Journée mondiale de la liberté de la presse (JMLP). Au Burkina Faso, l’évènement a été marqué par la tenue de plusieurs manifestations dont une conférence publique sur le thème national : « Journalisme et sources d’information ».

L’une des images fortes de la célébration de cette manifestation est sans conteste le panel de gens qui a réuni autour de la même table journalistes, magistrats et surtout responsables du ministère de la Sécurité.

Une fois n’est pas coutume, serait-on tenter de dire, car on sait que journalistes et forces de sécurité dans le cadre de leur mission ont toujours eu des rapports plus ou moins conflictuels. Les premiers reprochent aux seconds de restreindre souvent leurs mouvements, ce qui les empêche de faire sereinement leur travail. Quant aux agents de sécurité, ils trouvent les pisse-copies trop fouineurs, prêts à perturber leur dispositif sécuritaire, voire à déballer des dossiers pouvant troubler l’ordre public.

L’Assemblée générale avortée des commerçants Rood Woko un certain 12 février 2004 a valu à des journalistes d’être en effet brutalisés par les forces de l’ordre : caméras, dictaphones et appareils photographiques n’étaient pas non plus épargnés ; tel est un des clichés posant le problème de la liberté de la presse dans notre pays. Lors également de nombreuses interpellations de journalistes, il a toujours été demandé à ces derniers de dévoiler leurs sources d’information alors que la déontologie de cette profession garantit la protection des sources d’information.

C’est ce qui justifie le choix du présent thème portant sur le journalisme et les difficultés d’accès aux sources d’information. Pour disséquer le sujet, il a été fait appel au directeur de publication de L’Evènement, Germain Nama, qui a suppléé son confrère de l’Observateur paalga, Edouard Ouédraogo, empêché au dernier moment. Les deux autres orateurs étaient le juge Kassoum Kambou, conseiller à la Cour d’appel de Ouagadougou et le secrétaire général du ministère de la Sécurité, Thomas Y. Dakouré.

Le magistrat, premier à ouvrir le bal, fera remarquer d’entrée de jeu que le droit à l’information est garanti par la Constitution burkinabè du 11 juin 1991 en son article 8. Pareil au niveau de la Charte africaine et au niveau des Nations unies.

Le ministère de la Sécurité plaide pour une meilleure collaboration avec la presse

La source d’information est également protégée, dira le panéliste même si son application pose problème car protection ne signifie pas impunité. Pour lui, le respect de la vie privée, le droit à la réputation d’autrui, la sauvegarde de l’ordre public, les informations protégées pour les intérêts de la défense nationale sont entre autres des aspects auxquels le journaliste doit éviter de s’y aventurer. « Ici, a-t-il noté, le droit à l’information s’oppose au droit de la confidentialité ».

Cependant, le journaliste, devant le refus à lui opposé pour accéder à une information d’ordre public, peut formuler un recours en saisissant le juge administratif. Mais avec la lenteur administrative, ce dernier, le temps que les choses se décantent, peut avoir satisfaction avec toutefois les risques que l’information soit largement dépassée. L’intervention la plus attendue, que le modérateur de la rencontre, Justin Coulibaly n’a pas manqué de souligner, est la communication de Thomas Dakouré.

Le SG du ministère de la Sécurité a d’abord expliqué les missions complexes qui sont dévolues aux agents de sécurité pour signifier par la suite que journalistes et forces de l’ordre ont presque les mêmes objectifs à savoir rechercher entre autres l’information.

Seulement, la différence se trouve, a-t-il dit, au niveau de la finalité : le journaliste informe le public alors que l’information recueillie par les services de sécurité vise à assurer l’ordre public et la sécurité du territoire, des biens et des personnes. Selon lui, c’est donc deux professions qui se complètent, car il y a donc similitude dans les missions.

Du matériel pour le Centre national de presse

Néanmoins, il a reconnu qu’il peut arriver qu’il y ait un manque de professionnalisme des hommes de sécurité, qui du reste, sont punis aussi pour les manquements constatés. Thomas Dakouré a donc plaidé pour une meilleure collaboration entre hommes de médias et agents de sécurité. Il s’est de ce fait engagé à œuvrer pour que cette collaboration soit une réalité.

Le troisième et dernier intervenant, Germain Nama a fait ressortir les difficultés avec des exemples à l’appui pour la presse d’accéder facilement à l’information. Tout en espérant que le ministère de la Sécurité tiendra parole pour de meilleurs rapports entre journalistes et forces de l’ordre, le directeur de publication de l’Evènement a indiqué que tout compte fait, aucun journaliste sérieux et professionnel ne doit donner l’origine ou l’identité de ses sources d’information.

Notons que cette conférence a été précédée d’une remise de matériel audiovisuel d’une valeur de 4 392 450 FCFA, don du Centre culturel américain de Ouagadougou, au Centre national de presse/Norbert-Zongo

Cyr Payim Ouédraogo
L’Observateur

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