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Nicolas Sarkozy : L’homme qui veut changer la France

Publié le jeudi 31 mai 2007 à 07h50min

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Nicolas Sarkozy

Les premières actions du nouveau gouvernement français formé le 16 mai dernier indiquent que des changements sérieux sont à attendre par les Français et les Françaises au cours des cinq prochaines années, durée du premier mandat du président Nicolas Sarkozy, élu le 6 mai.

Réunion du Conseil des ministres le soir même de sa formation ; la Garde des Sceaux, ministre de la Justice visite la prison pour jeunes délinquants, où elle déclare qu’elle sera " intraitable " avec les récidivistes. Un nouveau style de gestion du pouvoir est en expérimentation dans l’Hexagone.
Après avoir arrosé toute la nuit son élection dans un palace parisien, le lendemain, Sarkozy part en croisière, avec sa famille sur un yacht gracieusement mis à sa disposition par Vincent Bolloré.

Le groupe Bolloré et d’autres comme Bouygues, Total, la CFAO, etc. tiennent aujourd’hui l’ancienne Afrique colonisée par la France dans leurs serres. Ils font et défont les régimes selon leur docilité vis-à-vis de la politique française de l’Afrique. Il leur est demandé seulement de fermer les yeux sur les pratiques et décisions des ces multinationales. En contre partie, les chefs d’Etat africains ont la garantie qu’ils resteront et mourront au pouvoir. Les groupes français ont le monopole sur tout ce qui est importé et sur tout ce qui s’exporte dans les pays de l’ex-AOF et l’ex-AEF.

Briser les monopoles des groupes français dans cette partie de l’Afrique sera le signe d’un grand changement. En tous cas, pour les Africains. On affirme qu’il n’y aura plus une cellule africaine à l’Elysée. En effet, dans les attributions des ministères à l’heure actuelle, il n’est pas prévu un poste d’un Monsieur Afrique, contrairement à ce qui était en cours dans les cabinets de Mitterrand et de Chirac. Mais, rien n’indique que des officines ne seront pas constituées par des personnages douteux, ces personnages qui disent connaître tout de l’Afrique et des Africains pour traiter les affaires africaines.

Pour cela, ces officines ont besoin d’un dinosaure comme Omar Bongo Odimba qui ne dissimule pas son amitié de longue date avec Sarkozy, d’un Dénis Sassou Nguesso, ou encore d’hommes comme Blaise Compaoré du Burkina Faso et Idriss Déby Itno du Tchad.
Au cours de la campagne présidentielle, le candidat Sarkozy avait déclaré que la France n’avait pas besoin de l’Afrique. Le président Sarkozy doit le montrer maintenant et tout de suite.

La Zone franc est une ignoble et archaïque survivance de la colonisation. La Zone franc est l’illustration type du néocolonialisme français. Elle est la preuve que les membres de cette Zone franc ne sont pas souverains totalement car ils ont aliéné leur pouvoir de battre monnaie qui est un attribut cardinal d’un pays souverain entre les mains de leur ancien colonisateur. Le moment est venu de faire des Etats francophones africains, des Etats entièrement souverains.

Aussi, les Africains souhaitent, au moment il est de plus en plus question d’une seconde dévaluation du franc CFA, que le nouveau président qui a déjà pris des mesures pour réformer de fond en comble le ministère sis Place Bouveau, décide de décrocher le franc CFA de l’Euro auquel il est rattaché par l’intermédiaire de franc Français, et que la France rapatrie vers chacun des pays ses avoirs entreposés au Trésor français. Ce ne devrait pas être quelque chose de difficile à obtenir de ses partenaires européens. Ainsi, le France effacera pour toujours ces liens qui inclinent à la " repentance " dont Sarkozy ne veut pas entendre parler.

Le président français doit se convaincre d’un fait : la France ne pourra pas réellement être la France qui gagne, la France qu’il veut engager sur la voie de la croissance tant qu’elle traînera derrière elle ces millions de misérables africains, tout en leur refusant l’accès de son territoire. " Immigration choisie " ou " immigration maîtrisée ", Sarkozy sait que le phénomène de l’immigration va occuper une bonne partie de son quinquennat. Du reste, n’est-ce pas dans la lutte contre ce phénomène que les changements sont attendus ?

Le gigantesque ministère dont la dénomination se termine par " ...l’Immigration, Identité nationale et Co-développement " devrait initier un dialogue de vérité et de dignité avec les présidents africains, s’il ne veut pas être perçu comme le ministère des charters. Au lieu de s’apitoyer sur la mal gouvernance, sur les dictatures que subissent les populations africaines, sur les détournement des aides, Paris doit œuvrer désormais à laisser les Africains maîtres de leur propre sort, en parachevant les décolonisations en Afrique dite francophone.

De toutes les anciennes puissances coloniales, la France est la seule aujourd’hui qui maintient des bases militaires dans ses anciennes colonies. De plus en plus, bases apparaissent comme des corps expéditionnaires, dans les faits. Elles sont au nombre de cinq en Afrique. Ces ponts avancés du néocolonialisme français ont pour rôle essentiel de garantir la pérennité des régimes impopulaires, assassins et pilleurs de leurs peuples.

Comme on l’a vu à travers l’histoire récente de notre continent, les bases militaires françaises stationnées en Afrique ont servi à la répression des mouvements de revendication à plus de liberté et bien-être des peuples africains. Elles ont pour tâche de sécuriser les groupes français opérant en Afrique. La base militaire de Port Boët en Côte d’Ivoire et les soldats de l’opération Licorne ont particulièrement joué ce rôle pendant la crise ivoirienne. C’est pourquoi les Africains attendent la rupture tant chantée par le nouveau pouvoir français

Par Basile Baloum
L’Evenement

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