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Gouvernement : Le jeu d’échecs de Blaise Compaoré

Publié le mercredi 30 mai 2007 à 08h40min

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Que va faire Blaise Compaoré ?

Quel sort Blaise Compaoré va-t-il réserver aux nouveaux pions politiques qui s’offrent à lui ? Telle est la question qui brûle les lèvres depuis la proclamation des résultats provisoires des législatives du 6 mai. « Quand une soupe n’est pas trop épicée, elle fait chier », dit-on. Mais, il ne faut peut-être pas la prendre trop chaude.

Surtout que el presidente du Conseil constitutionnel, Idrissa Traoré, se hâte lentement pour rendre définitif le verdict livré il y a maintenant presque deux semaines par l’archange Moussa Michel Tape-So-Bas. Les mauvaises langues susurrent que le Tapeur de sable de Tansarga devrait être débarqué de son fauteuil de Premier ministre qu’il a occupé plus de 7 ans durant. Mais comme l’enfant terrible de Ziniaré a plus d’un tour dans son chapeau, il vaut mieux attendre de voir.

Le Dromadaire n’est d’ailleurs pas le seul à attendre. Les 34 ministres du gouvernement attendent de savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Ceux qui ont réussi à assurer leurs arrières en se faisant élire comme députés n’ont pas trop de souci à se faire lorsqu’ils seront remerciés. Mais cela n’exclut pas qu’ils fassent des pieds et des mains pour se maintenir le plus longtemps possible au sein de l’Exécutif.

Même avec une majorité confortable de 73 députés contre seulement 57 à l’avant-dernière législature de 2002, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a encore beaucoup de monde à caser. Quand on est un méga parti, on a aussi de méga problèmes, et le chef suprême se fait toujours de mégas soucis pour mettre l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, pour qu’il ne devienne pas un os dans sa gorge.

Avec un large éventail de pions, on pouvait croire que ce sera une partie de plaisir pour le Blaiso. Mais rien ne doit être joué d’avance dans un jeu d’échecs. Il va lui falloir faire une combinaison intelligente et stratégique. Et pour ce faire, un mauvais positionnement de cavaliers, de tours, de fous, de roi, de reine ou de simples pions peut produire un effet boomerang pour « le progrès continu pour une société d’espérance ». Faites vos jeux, une nouvelle distribution des cartes est ouverte !

Le perchoir sera-t-il fondé sur du Roch ?

La tradition non écrite qui a prévalu depuis l’avènement de l’ère démocratique aura voulu que le perchoir du Parlement soit un fauteuil éjectable à chaque nouveau mandat. Ainsi, après les règnes étriqués de Bobognessan (92-97) et du célèbre danseur de Kankalaba (97-2002), la logique voudrait que le Rocco cède la place.

Dans le secret des dieux du méga parti au pouvoir, certains chuchotent que le prochain n° 2 de l’Etat porte le patronyme de Compaoré. Mais quand on sait qu’ils ne sont que deux élus à briller sous cette étoile, on se demande si le perchoir ne sera pas trop haut pour Simon et trop large pour Jean-Léonard ?

D’autres voient plutôt le vent tourner vers le Nord où Antoine Komi Sambo, l’ex-président de la défunte Cour suprême, vient d’être élu sous la bannière du CDP. Il n’est pas non plus exclu que d’autres prétendants, qui attendent leur tour, soient tapis dans l’ombre du très convoité président de l’Assemblée nationale. A moins que le docteur Honoré ne feinte tout le monde et plante une fois encore le perchoir dans le Roc(h).

L’équation des premiers ministrables

Contrairement au principe mathématique, l’équation du prochain Premier ministre est difficile à pronostiquer à cause d’une certaine pléthore de candidables connus ou reconnus, à tort ou à raison. « Blaise ne va quand même pas continuer à dribbler les gens en reconduisant indéfiniment Che Yonli », pensent certains sans trop d’assurance. On ne sait donc jamais.

Mais cela n’empêche pas d’avancer des noms pour qui les analystes politiques ont des raisons que l’enfant terrible de Ziniaré ne devrait pas ignorer. Il s’agit d’abord de Julie Bon-coup avec qui il pourra réparer la faible représentativité des femmes dans les sphères de décision. L’actuelle ambassadeure du Burkina au Canada a suffisamment fait la preuve dans la direction des hommes et des femmes. Il y a également Justin Damo Barro qui assure l’interminable intérim du gouverneur de la BCEAO.

Son avantage est qu’il constitue un bon pion pour l’équilibre régionaliste entre le Plateau central et l’Ouest, une autre tradition non écrite de la politique burkinabè. Dans le sillage des premiers ministrables, on cite également le nom de Seydou Bouda, le gentil gentleman qui assure le maroquin de l’Economie et du v’loppement. Son élection comme député dans la province du Bulkiemdé lui confère une onction politique qui semblait faire défaut dans son curriculum vitae.

Les rapatriables

Pour les besoins de la formation du futur gouvernement, le Blaiso pourrait être amené à jouer la carte du rapatriement de certains de ses pions. Dans ce registre, on cite entre autres Ablassé, qui porte déjà le pseudonyme prémonitoire de « Petitpion ». Cela fait en effet longtemps que cet ancien chef de la diplomatie burkinabè rêve de revenir au bercail, mais pas pour jouer les seconds rôles.

Il y en est de même pour Filippe Sawadogo, l’inamovible ambassadeur du Burkina à Paris. Apparemment, on ne saurait pas où le caser et cette fois-ci, le docteur Honoré pourrait trouver la bonne combinaison. Une opération Bayiri pourrait être également organisée pour Tertius Zongo depuis le pays de l’Oncle Sam. Mais, il ne faut peut-être pas devancer l’iguane dans l’eau.

Ceux qui sont en suspens

Parmi les ministrables, il n’est pas inutile de parler aussi de ceux qui sont assis entre deux chaises ou qui patientent en attendant d’être situés. Sont de ceux-là, Baba Hama, Délégué général du Fespaco, dont le départ imminent de son poste semble être un secret de Polichinelle pour plus d’un. Il en est de même pour Michel Ouédraogo, ancien Directeur général de Sidwaya, qui serait dans les starting-blocks pour un maroquin. Des mauvaises langues disent que c’est parce qu’il aurait lorgné trop tôt celui de son ex-patron - le ministre de l’Information - qu’il aurait été débarqué de façon brutale de son poste qui lui allait pourtant comme un gant.

Les tours

Dans le jeu de redistribution des pions, il faudra également compter avec les piliers ou les bonzes du CDP, les hommes du président ou les môgôs puissants du palais, si vous préférez. Ceux-là sont des partants officiels à tous les postes. Il n’est pas toujours facile de faire des pronostics sur le rôle qu’ils vont jouer prochainement.

Ce sont les tours du jeu d’échecs de Blaise Compaoré. Il s’agit du calife Diallo, l’autre vrai n° 2 de l’actuel gouvernement, de l’ange Djibrill Bassolé que certains voient déjà aux commandes de la grande muette, du très discret Yéro La bagarre qui pourrait éventuellement suppléer à Youssouf 1er qui a connu pas mal d’affaires étranges ces derniers mois.

Les cavaliers

Il y a aussi des cavaliers que le Blaiso ne manquera pas de servir pour le plaisir du jeu de satisfaction des ambitions et des plaisirs du pouvoir. Les cavaliers de son jeu d’échecs ne sont autres que les partis de la mouvance présidentielle à qui il faudrait octroyer quelques postes pour prouver qu’ils ne sont pas les oubliés du cadeau du « progrès continu ».

Enfin les autres pions

Parmi les autres pions, il y en qui pourraient bien jouer le rôle de fou du roi, tel le revenant Hyacinthe Kafando, qui tronque son treillis contre le costume et l’écharpe de député. Les ministres qui ont pris la précaution d’assurer leur bail à l’Assemblée nationale - tels Alain Yoda, Benoît Ouattara, Lassané Sawadogo, Tiémoko Konaté, Aline Koala, Gisèle Guigma, etc. - espèrent ne pas être considérés comme des pions négligeables dans la nouvelle distribution. Et c’est de bonne guerre.

QuophyBlogeur
http://le10sident.blogspirit.com/

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 30 mai 2007 à 23:28 En réponse à : > Gouvernement : Le jeu d’échecs de Blaise Compaoré

    Chers Compatriotes,

    Dans l’attente de la nomination d’un premier ministre chargé de former le nouveau gouvernement de notre pays, en dehors des polémiques diverses, je souhaite, de tout mon coeur, que le Chef de l’Etat désigne des hommes et femmes qu’il faut, à la place qu’il faut. Je souhaite, dans cet élan du "progrès continu pour une société d’espérance" sic ! que, seule la compétence de ces mêmes hommes et femmes soit le critère déterminant du choix de son Excellence, Monsieur Blaise COMPAORE. Nécessairement, le choix de ces hommes et femmes doit transcender les clivages des partis politiques et traduire une large ouverture, le tout, convergeant inéluctablement vers le développement de notre chère patrie, le Burkina Faso. L’exemple de M. SARKOZY en France, a induit, nécessairement, mon opinion. Un pays comme le Burkina Faso est encore plus enclin à compter sur toutes les compétences et matières grises éminentes du pays. Me Kéré, France.

    • Le 31 mai 2007 à 11:14, par Rémi En réponse à : > Gouvernement : Le jeu d’échecs de Blaise Compaoré

      Nous espérons cela depuis fort longtemps pour y croire encore, si ce n’est vous peut-être ! Tout dans cette démocratie doit être remis à plat. Nous sommes dans un parti unique de fait, un Etat monolitique de fait, avec des lois sur mesures taillées pour une certaine classe. Dites maître, accepterez-vous d’être de l’aventure gouvernementale en vue "du progrès continu" si on vous le proposait ? Vous semblez avoir beaucoup de choses à mettre en pratique quand on vous lit...

      • Le 31 mai 2007 à 21:11 En réponse à : > Gouvernement : Le jeu d’échecs de Blaise Compaoré

        Mon Très Cher Rémi,

        Je vous remercie pour votre aimable proposition et de l’espérance que vous avez placée en moi pour notre peuple en m’interrogeant sur un sujet aussi confidentiel. Que de responsabilités !!!!!
        Rien que d’y penser de votre part, m’honore et me renforce dans mes convictions personnelles. J’ai la pleine conviction que, peut-être, j’aurai, le cas échéant, un jour, une partition à jouer pour le rayonnement et la gloire de notre beau pays. Il y a tellement de choses à faire au Burkina, ce pays qui regorgent (dans l’ordre d’importance) de toutes les richesses humaines, culturelles, politiques et économiques. Il faut continuer à croire en la force de nos convictions respectives. Avec toute ma gratitude. Me Kéré, France.

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